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Jeanne ou St Maurice ?Les secrets de Jeanne - Questionnements & hypothèses

Jeanne, instrument d'une réforme ?

Proposé par ERJIEM

Nous allons développer dans ce chapitre plusieurs hypothèses jamais, ou très rarement, émises sur l’histoire de Jeanne, Pucelle d'Orléans, ni bien sûr naturellement par les traditionalistes de tous poils, ni même par nos amis que ces mêmes traditionalistes nomment « Mythographes » !

En préambule...

Avant toute chose, il convient de bien distinguer le fait de la naissance de la Pucelle, du rôle qu'on va lui attribuer par la suite...
Il est bien évident que Jeanne n'est pas née dans le but de faire sacrer le " vrai roi de France "... La naissance d'un enfant étant au Moyen-âge, période à laquelle on ne maîtrise guère la contraception, un phénomène quelque peu imprévisible.
On a donc là la venue d'une enfant, des oeuvres de la reine de France et de son amant, le roi étant à cette époque totalement "absent"...
Cette enfant, une "bâtarde" pourrait-on dire, a de ce fait une destinée toute tracée ! Dès qu'elle sera sevrée ou à peine plus dirons-nous, soit très jeune à l'époque, on la placera dans une congrégation religieuse, avec un cursus tout tracé : elle en deviendra à l'âge adulte la mère supérieure.
Mais à un certain moment aura-t-on alors besoin d'une héroïne, et ira-t-on la quérir pour lui faire jouer le rôle de la fille de Dieu !
De ce fait, on a trois périodes bien distinctes :
- La naissance et l'éducation de base : de 1407 à 1428, la prime jeunesse, puis l'excellente éducation, et enfin la formation militaire entre 1420 et 1428.
- La vie publique, de 1428 à 1431, de Vaucouleurs au bûcher.
- La " résurrection " , à partir de 1436... jusqu'à la mort en 1452.

Rappelons quelques données quant à l’époque concernée :

  • Le " Grand schisme d'Occident " qui divise la chrétienté n'est qu'officiellement terminé.
  • Le siècle précédent a vu la fin officielle du Temple.
  • Les mouvements réformateurs fleurissent, même s’ils sont au fur et à mesure « éradiqués » par l'Eglise...

Le catholicisme officiel est de plus en plus ébranlé par des contestations de tous ordres. Il est temps pour certains d’envisager une autre voie, une réforme donc, sans heurter de front les principes religieux en cours, mais au contraire en pratiquant la même politique d’assimilation qu’avait menée l’Eglise envers les croyances anciennes.

Et pour créer ce nouveau courant, on va tout simplement s’inspirer de ce qui fonctionne depuis 13 siècles ! on avait mis en scène au 2e siècle le « Fils de Dieu » pour bâtir la religion chrétienne, alors on va maintenant imaginer et surtout donner vie à la « Fille de Dieu »
Ceci permettant également, et c’est à notre avis un point crucial, de redonner à la Femme une place dans la religion, autant que dans la société. Non point forcément le rôle prépondérant, mais simplement l'importance qu'elle avait au départ, égale qu'elle était à l'Homme. Souvenons-nous de la misogynie déclarée des fondateurs de l’Eglise qui ne voyaient dans la femme que la responsable de tous les malheurs du monde. Saint Augustin, un des « pères de l’Eglise » lui attribuant le doux qualificatif de « cloaque » …
Il est à préciser que ce vocable n’a jamais été remis en cause depuis 15 siècles…

les pères de l'église

Les pères de l'Eglise.

Mais alors qu’avec Jésus, l’Eglise avait mis en forme sa doctrine a posteriori, les évangiles datant de près de deux siècles après la mort du " Messie ", on va dans le cas présent coller aux événements, et même carrément les susciter.

les évangélistes

Les 4 évangélistes

De cette façon, on sera bien sûr de ne pouvoir être contesté !


La création de la fille de dieu...

On va alors devoir choisir une candidate potentielle pour tenir le rôle. Pas au berceau bien sûr, quoique… Mais obligatoirement une jeune fille de très bonne famille, mais dont la naissance, autant que la conception a posé problème. Et a dû donc ce fait demeurer discrète, voire secrète.
L'enfant d'Isabeau de Bavière étant déclaré mort au bout de 2 jours, Jeanne n'a pas, théoriquement, d'existence légale. Par ailleurs, n'oublions point le physique de Jeanne, dont la taille était bien supérieure à la moyenne. On va choisir une "actrice", et le physique de celle-ci va beaucoup compter. On veut créer un chef militaire, et on ne va pas alors porter son choix sur une candidate de petite taille, mais au contraire une femme capable de tenir sur un cheval de bataille, avec une forte stature pour porter lance et épée...
De plus, il faut se souvenir du suaire de Turin, sur lequel on a recréé un Christ de grande taille (1.78m), quand bien même les hommes de Palestine étaient bien plus petits.

Car si les bâtards possèdent un réel statut social ( voir le Bâtard d’Orléans, Jean de Dunois ), il n’en va pas de même pour les enfants nés illégitimement. Rappelons qu'Isabeau de Bavière est l'épouse officielle de Charles VI, et que les enfants qu'elle conçoit hors les oeuvres de son époux ne sont point des bâtards, mais des enfants illégitimes... Dunois était un "bâtard, puisque son géniteur avait pu lui trouver une mère de substitution, Mariette d'Enghien, pour éviter un scandale à la cour. Pour Jeanne, il n'aura pas le temps de lui trouver une génitrice de substitution et devra faire courir le bruit de la mort de l'enfant."

Dunois

Jean de Dunois, dit " le bâtard d'Orléans "

De plus n'oublions pas les problèmes de consanguinité, apanage de la noblesse, pour laquelle les mariages étaient quelque peu " arrangés ". La bâtardise apportait alors du sang neuf !

La proximité d'une " crèche ", entourée de bergers et d'animaux manifestant leur joie, un soir de grande fête chrétienne où les lumières divines trouent la pénombre, étant un plus incontestable...

Alors on va employer quelques affidés à décrire l'événement, bien sûr plusieurs années après son officielle survenance !

Rappelons ici que dans l'histoire de Jésus, on donne au père adoptif un métier manuel anodin, alors qu'en réalité un " charpentier " de l'époque est tout bonnement un architecte, et on oublie de préciser que Marie est d'origine royale, descendante de la lignée de David.
On retrouve le même subterfuge dans l'histoire de Jeanne à qui on attribue un géniteur " paysan ", alors qu'il est un " fermier ", fonctionnaire royal percevant taxes et impôts, et une mère, Isabelle " Romée ", que l'on décrit comme une paysanne effacée, alors qu'elle est la fille d'un comte de Salm, issue donc d'une des plus riches familles de Lorraine...

chambre natale de Jeanne

A Domremy, la pièce où, selon la légende, Jeanne a vu le jour à l'Epiphanie 1412

Ainsi la " venue " de Jeanne à Domremy est-elle longuement décrite dans une lettre que Perceval de Boulainvilliers aurait envoyée en 1429 à Jean Ange Marie Visconti, Duc de Milan ! (lire la lettre de Perceval de Boulainvilliers)
Ce dernier étant par ailleurs mort quinze ans avant, faut-il le préciser...
Et préciser également que le destinataire officiel de ce courrier n'est autre que le propre beau-frère de Louis d'Orléans... Ce dernier étant en effet l'époux de Valentine Visconti depuis 1389 ! petits arrangements en famille pourrait-on dire...
Une lettre en latin retrouvée fort à propos aux alentours de 1720 et sitôt authentifiée par les traditionalistes qui s'en servent toujours pour fixer la date de naissance de la Pucelle au 6 Janvier 1412...

Cela dit, il faut quand même savoir que si la missive fixe judicieusement la date au jour de l'Epiphanie ( le jour où l'on fête les Rois, en fait la fin de la période des 12 jours de Noël, selon le calendrier julien qui avait cours à l'époque ), elle ne précise aucunement l'année de la survenance des faits...
Par ailleurs, on se doit de noter que la missive ne fait en aucun cas mention de moutons, ou de bergers, pourtant éléments incontestables de l'univers chrétien !
De plus, l'auteur situe ce " petit village nommé Domremy, au bailliage de Bassigny, " en deçà "et sur les confins du royaume de France, sur la rivière de Meuse, près de la Lorraine ". En deça signifiant à l'intérieur, celà clot le débat quant à la " nationalité " de Jeanne, qui n'est donc ni barroise, ni lorraine !

Pourquoi Domremy ?

Effectivement, pourquoi Domremy ?
Il est évident pour nous qu'une mère ne confie pas son enfant, surtout si c'est une princesse royale, au premier quidam venu.
Le futur Charles VII sera confié à Yolande d'Anjou, et celui qui deviendra Dunois à la famille de Sarrebrück-Commercy... Alors, qu'est ce qui aurait pu motiver le choix de la famille dite d'Arc dans un village perdu de la campagne champenoise ?
Un début d'explication peut-être...
On trouve en effet sur de nombreux sites de généalogie des arbres de la famille de Salm, dont la branche des Bourlémont dominait à l'époque concernée Domremy et ses environs... On distinguait ces branches des Salm par le nom de leurs possessions. Dans le secteur de Domremy se situaient les Bourlémont ( dont le château reste visible depuis Neufchâteau ) . On trouvait donc également des " de Vouthon ", du nom d'un village proche de Domremy. Il est à noter que ces " de Vouthon " possédaient un château...

chateau de Vouthon

Les restes du Château de Vouthon, avant leur récente destruction...

De Vouthon, comme la " Rommée de Vouthon " bien sûr !

En fouillant quelque peu sur les sites de généalogie trouve-t-on celles des "de Vouthon" qui laissent apparaitre de curieux liens :
Une certaine Thaddée Visconti a été unie à Etienne III de Bavière, et de cette union est née Isabeau de Bavière...
Une ( autre?) Thaddée Visconti a quant à elle épousé Jean Nicolas de Vouthon, et a donné naissance à Isabelle dite "Rommée de Vouthon !

Serait-ce la même personne ?
Ou bien des personnes très proches ? Lire en ligne une curieuse page de généalogie.

On a donc là un lien assez évident... On met en nourrice la jeune princesse dans la famille, quoi de plus normal ?
Un autre lien : si Isabeau de Bavière est une Visconti par sa mère, Louis d'Orléans est quant à lui un époux Visconti ! Et c'est à Valentine Visconti qu'avaient été confiés d'abord le Bâtard d'Orléans puis quelques années plus tard sa soeur " Jeanne "....

En passant, tordons le cou à la légende qui attribue le qualificatif de Romée ( ou Rommée ) à la fameuse Isabelle de Vouthon, surnom qu'on lui a donné après qu'elle aurait fait un pélerinage à Rome... Son père, Jean-Nicolas de Vouthon, seigneur de Vouthon, possède déjà ce surnom de Romé !

Les enfants illégitimes...

Il faut bien comprendre que les enfants illégitimes sont à l’époque fort nombreux… quasiment aucune contraception n'existant alors !
On va devoir trouver celle qui va jouer le rôle de " Fille de Dieu ".
On a donc le choix de sélectionner, soit dans une famille nourricière à laquelle elle a été confiée, soit dans un couvent (ou autre institution religieuse) dans lequel elle a été mise en quelque sorte en " quarantaine ", une gamine dont la naissance a dû rester confidentielle ( ou plutôt d'ailleurs une jeune femme, car à 12-13 ans, celle-ci est nubile ) possédant des qualités physiques et intellectuelles certaines, autant qu’une ascendance nobiliaire établie depuis plusieurs générations.

Rappelons encore que notre héroine n'a pas d'existence officielle, car déclarée morte quelques heures après sa naissance ! On pourra donc broder sur ses origines, en particulier en la faisant arriver "dans la lumière du jour" ( comme l'écrit Perceval de Boulainvilliers ) dès les premières heures de l'Epiphanie...

Comme le fait remarquer à très juste titre André Cherpillod, "Epiphanie" n'a jamais signifié naissance, mais au contraire apparition, manifestation.

De plus, et c'est là un point non négligeable, on a affaire à une personne de forte stature... De même que le Christ est représenté comme un grand gaillard, blanc et blond, on va choisir une héroine présentant les mêmes caractéristiques physiques.
Selon S.Gorbenko qui a pu mesurer ses restes à Cléry Saint André, la taille de Jeanne se situait aux alentours de 1.75m, soit bien au delà des tailles moyennes de l'époque. N'oublions pas qu'il fallait être de grande taille pour monter un cheval de guerre, animal puissant dont la taille à l'encolure atteignait 1.70 à 1.80m. ( d'où l'expression "monter sur ses grands chevaux" ).

Que ces enfants soient illégitimes n'empêchait pas leurs géniteurs de les aimer profondément... A une époque où les mariages nobles étaient " arrangés " dès le plus jeune âge des enfants, il est bien évident qu'il y avait bien plus d'amour dans une relation extra-conjugale qu'au sein d'une union légitime...

En aparté...
Jeanne et Dunois sont issus du même géniteur, le Duc d'Orléans, mais peut-être également de la même mère, Isabeau de Bavière... Après l'assassinat de Louis d'Orléans, il seront confiés, la première à une famille noble à Domremy, et le second à la famille de Commercy-Sarrebrück, à Commercy... Domremy n'est qu'à quelques dizaines de kilomètres de Commercy ( Moins de 40km en fait )! comment ne pas envisager que c'est le même convoi qui a exfiltré de Paris les deux enfants, pour les mener dans cette lointaine province...On doit se souvenir que Jean sans Peur, qui avait ordonné l'assassinat de Louis d'Orléans, n'hésitait pas à proclamer qu'il en supprimerait toute la descendance !

Alors bien sûr on ne pourra contrôler tous les événements, mais avec une jeune fille parfaitement éduquée ( de façon quasi universitaire pourrait-on dire ), on va pouvoir s’adapter à toutes les situations ! et quand les conditions deviendront plus spécifiques, on en continuera la formation dans le domaine concerné : ainsi Jeanne, après avoir reçu une formation intellectuelle de haut niveau, incluant entre autres l‘apprentissage des langues, la rhétorique, l’histoire, la diplomatie, l’écriture, les mathématiques… devra s’entraîner ensuite à la pratique des armes, à la stratégie, à la maîtrise de l’artillerie… Une sorte de tronc commun de départ, avec par la suite diverses unités de valeurs dans diverses spécialités...

les arts libéraux

Les sept arts libéraux dans l'Hortus deliciarum d'Herrade de Landsberg

Il est évident que l’on ne pouvait en 1407 prévoir le Traité de Troyes. Mais à partir de son élaboration et de sa conclusion ( 1419-1420 ), on verra Jeanne aller rejoindre sa famille d’adoption, les Dailly ( surnommés d'Arc, soit " du Pont " ) . Ceux-ci vont alors se voir attribuer le Château de l’Isle, une forteresse propriété des Bourlémont ( donc des Salm ) édifiée sur une colline dominant Domremy de Greux. Une excellente façon de la mettre d’une part à l’abri, et d’autre part et surtout de lui apprendre discrètement le métier des armes. Cela dit, nous ne pensons pas que son éducation militaire se soit déroulée en "France", tant le retard militaire du "pays" était patent...

Notons toutefois que Poulangy et Novelompont sont des sujets du Duc de Lorraine, et que la Lorraine d'alors appartient à l'Empire Romain Germanique!

Alors pourquoi pas une formation à l'étanger, en Allemagne par exemple...
A l'appui de cette thèse, l'analyse des portraits de Jeanne nous permet de constater qu'elle porte à son côté, non point une épée médiévale classique, mais un "messer", arme plus légère, asymétrique, utilisée surtout dans le Saint Empire... Pour nous, son apprentissage du métier des armes, de haut niveau, s'est bien effectué en Allemagne...
Notons également au passage que Siegmund Ringbeck, le fameux maître d'armes de la Cour de Bavière, est le professeur d'escrime du Duc Albrecht III de Wittelsbach ( 1401-1460, fils d'Ernest, Duc de Bavière et de... Elisabeth Visconti ! )

Les acteurs du mouvement.

Mais qui donc participe à ce mouvement réformiste ? à cette époque, nombreux sont les mécontents de l’Eglise officielle avec ses dérives et ses excès :

  • Les tenants de l’Eglise d’Avignon, dont Louis d’Orléans était rappelons-le un des piliers,
  • Les schismatiques en général : signalons ici que le puissant Chapitre des Chanoinesses de Remiremont avait dès 1404 fait allégeance au pape d’Avignon,
  • Le Tiers-ordre franciscain,
  • Des mouvements occultes, tels les Bons .’. Cousins .’. Charbonniers,
  • Des corporations, tels les « Marchands de Saint Michel »,
  • Sans oublier bien sûr la continuité du mouvement templier, dont le Grand Maitre avait maudit le pape jusqu’à la treizième génération de sa race… Ce sont les soldats écossais portant la croix du Temple qui assisteront Jeanne dans ses batailles.
  • Les adeptes du celtisme, encore vivace dans les campagnes : " l’arbre des fées " , (ou plutôt Abre des Fays) en est la preuve.

Rappelons qu'à Domremy la Pucelle on célèbre encore la fête de l'Arbre de Mai, survivance d'une commémoration fort ancienne, et qu'on trouve au coeur du " Bois Chenu " les vestiges d'une construction celte, que bien sûr Jeanne ne pouvait ignorer !
Et qu'au début du XIVe déjà, l'ordre franciscain est le plus puissant des ordres dits " mendiants " et que son audience est internationale... Et qu'il se prolonge parmi les laics par un Tiers-Ordre ! Lequel Tiers-Ordre, nonobstant la lutte qu'il mène contre l'absolutisme romain, véhicule des enseignements celtiques et templiers...

On voit dans ce tour d’horizon non exhaustif que la liste est longue de ceux qui pouvaient s’unir, consciemment ou non d’ailleurs, pour former une coterie internationale contre le pape de Rome.

Mais n'oublions point non plus dans ce panorama un autre facteur de rebellion ! l'émergence de la " bourgeoisie " en lieu et place de la noblesse... Le Moyen-âge est marqué par le système féodal, dans lequel, hors la noblesse ( et l'Eglise ), il n'existe point de salut. Seule la " naissance " est considérée, au détriment des valeurs intrinsèques de l'individu. Un noble même débile a toutes ses chances dans l'existence, au contraire d'un roturier intelligent qui devra se contenter de tâches subalternes.

La noblesse chargée de défendre le peuple a failli à sa tâche, et l'on voit l'armée du Roi de France, le fleuron de la noblesse, se faire tailler en pièces par les humbles archers anglais.

On assiste alors à l'émergence d'une nouvelle classe, plus désireuse de commercer que de se battre, plus ouverte à des échanges internationaux malgré les interdits de l'Eglise ( Commerce avec les Turcs ou les Juifs ), intéressée par les arts, et qui possède les moyens financiers de ses ambitions.

Sigismond

Sigismond Ier, de Luxembourg, empereur romain germanique

Enfin, un des principaux artisans de la " conspiration " sera Sigismond de Luxembourg, empereur du St Empire, qui voit d'un très mauvais oeil la position hégémonique qu'aurait le roi d'Angleterre s'il devenait également roi de France... Alors susciter une héroine d'essence divine qui va maintenir la division dans le reste de l'Europe constitue un excellent plan pour le monarque... A l'appui de cette thèse, on peut légitimement s'interroger sur l'origine du financement de la campagne militaire de Jeanne...
On verra par ailleurs René d'Anjou, gendre du Duc de Lorraine, assister Jeanne dans son épopée... Or officiellement la Lorraine, quand bien même elle dépend de l'empire Romain Germanique, est alliée de la Bourgogne !
De plus, une partie de la noblesse anglaise elle-même exprime de nombreuses réticences contre le traité de Troyes qui vise à réunir les 2 royaumes, estimant fort justement qu'à terme, c'est la France qui allait digérer l'Angleterre, et non l'inverse...

A propos de l'implication de Sigismond 1er, notons qu'il est issu des familles de Luxembourg-Wittelsbach, et qu'il a épousé en 1385 Marie d'Anjou, fille de Louis 1er de Hongrie, descendant des capétiens d'Anjou.

Hélène Millet et Nicole Pons ont découvert le lien entre Yolande d'Anjou et l'empereur romain Sigismond, un certain Guillaume Saignet, bien sûr inconnu de l'histoire officielle de Jeanne. Lire l'article.

Nous avons en effet par ailleurs découvert que Sigismond Ier connaissait Jeanne bien avant son départ pour sa mission " divine "... La firme Sotheby a ainsi vendu aux enchères en 2009 ( pour 1.600.000 Livres ) un manuscrit ayant appartenu à cet empereur, enjolivé de nombreuses enluminures, dont 3 relatives à Jeanne ont retenu notre attention. La première montrant l'empereur envoyant un courrier à la Pucelle d'Orléans, la deuxième la réponse de Jeanne, et la troisième la bataille d'Orléans... L'alsacien Diebold Lauber est l'auteur de ces dessins.

Sigismond envoie un messager à JeanneSigismond reçoit la lettre de jeanne

Pour preuve, les enluminures mettant en scène en 1428 l'empereur Sigismond et Jeanne, Pucelle d'Orléans, échangeant des courriers.


Il est à noter que sur la gravure N°2, Jeanne porte un vêtement aux ornements similaires à ceux de l'empereur. Et l'on peut aisément constater la grande taille de Jeanne par rapport à celle de Sigismond !

Jacques Coeur sera aussi vraisemblablement un des tenants de cette "renaissance" !

Et vraisemblablement un des piliers de cette affaire... Car on peut et on doit s'interroger sur l'origine de sa fabuleuse richesse.

Jacques Coeur

Mais n'oublions pas non plus le rôle des femmes dans la conspiration !

L'Eglise traditionnelle, machiste, est particulièrement opposée aux femmes, créatures de Satan, responsables de la perte de l'Eden... Celles-ci demeurent " le cloaque " comme les nomme saint Augustin, tout juste bonnes à porter des enfants ! mais on voit alors en Europe des femmes prendre les premières places... L'exemple frappant est justement celui de Yolande d'Anjou, la reine des 4 royaumes, instigatrice et coordinatrice du mouvement que nous décrivons.
Sans oublier Colette de Corbie bien sûr ! Ni la mystérieuse Dame de Giac, dont les historiens ignorent jusqu'au nom réel... ( voir: La Dame de Giac sur le site du "Trône d'argile" )
Lire en outre l'article de JC le Brigand à propos de la chevalière de Jeanne.

A propos de Colette de Corbie, une digression s'impose. Cette dernière était la réformatrice des Clarisses, et à ce titre, elle visitait régulièrement les couvents de cet ordre ( le 2ème ordre franciscain ), ce qui devait la conduire bien évidement à fréquenter celui de Neufchâteau, sis aux 64-68 de l'actuelle rue Verdunoise. Or à quelques dizaines de mètres de cet établissement fondé en 1295 se trouve l'auberge de la Rousse, hôtellerie dans laquelle Jeanne aurait passé 2 semaines en 1428...
Le but de ce séjour ( controversé ) n'était-il pas de rencontrer la fameuse mère Nicolette ?
Curieusement, le très traditionaliste site Wikipedia dans son article sur les Clarisses ne fait pas mention de ce couvent ! Tandis qu'on peut trouver à son sujet de nombreuses informations sur " Patrimoine de France "...

clarisses

L'entrée du couvent des clarisses à quelques pas de la maison de la Rousse !

Colette de Corbie

Colette de Corbie, la mère Nicolette !

Le choix délibéré d'une jeune femme apparait alors comme moins anodin, pour redonner dans la société aux femmes la place qu'elles n'auraient jamais dû perdre... Jeanne devra savoir tenir le rôle de l'homme, du combattant, et l'on cherchera à gommer la distinction par le vêtement !

Rappelons que tous les mouvements de libération de la femme ont mis l'accent sur la tenue vestimentaire imposée par le législateur, et que ce n'est que très récemment que la loi interdisant le port du pantalon par une femme a été abrogée en France. ( 31 janvier 2013 ).

Une coterie internationale !

Coterie internationale, écrivons-nous, car il est bien évident que la contestation venait de toute l’Europe ! donc également des rangs de ceux que l’Histoire officielle nomme les " Anglais " … On va donc ratisser large et unir tous les contestataires en un réseau confidentiel, secret même, bien cloisonné, dont on pourra admirer l’efficacité dans maints épisodes de l’épopée johannique.
Car même du côté " anglais " répétons-le, la défiance régnait à l'encontre d'un traité qui allait, au vu de la population " française " bien plus importante que " l'anglaise ", aboutir à une totale assimilation de l'Angleterre. La noblesse anglaise avait donc tout intérêt à détruire ce traité qui allait à court terme la réduire à l'impuissance...

D'ailleurs, on voit la facilité déconcertante avec laquelle l’escorte accompagnant Jeanne va rejoindre Chinon en un temps très court ( même si nous doutons fortement des 11 jours de la relation officelle de ce voyage )…
Et même si également la " Légende Dorée " que l’on écrit concomitamment nous évoque un parcours semé d’embûches, en territoire ennemi, de nuit, avec des traversées de fleuves à la nage en plein mois de février !

Il faut donner à cette expédition une connotation miraculeuse, avec des relents bibliques...

Personne ne pouvant raisonnablement croire qu'un homme alourdi par ses armes et ses vêtements de combat puisse passer onze fleuves à la nage au plus froid de l'hiver, c'est sous-entendre qu'il y a dû avoir un miracle !
Peut-être les ondes se sont-elles entrouvertes comme pour Moïse, ou bien Jeanne a-t-elle pu marcher sur les eaux comme Jésus l'aurait fait à Tibériade...
Cela dit, il faut se souvenir qu'à l'époque, on se trouve au coeur de ce qu'on appelera plus tard " le petit âge glaciaire "... Alors les fleuves totalement pris en glace ne devaient pas représenter un obstacle insurmontable pour la petite troupe...

Quelle histoire va-t-on écrire ?

Et bien, on va tout simplement s’inspirer de ce qui a fonctionné depuis des siècles, l’histoire de Jésus, mise en scène dans les Evangiles !

les évangélistes

Les représentations symboliques des Evangélistes

Dans un autre chapitre, nous évoquions déjà le troublant parallèle entre la vie du Christ et celle de Jeanne, dont on a fait coïncider les principaux événements. Jusqu’au " sacrifice final ", prévu de longue date !
On va alors la faire naître dans une obscure maisonnette, une crèche... Et dans la nuit de son arrivée feront entendre les coqs des chants que l'on ne connaissait pas... Et les villageois seront les témoins de prodiges... Notons toutefois que cette naissance miraculeuse ne sera mise en forme, officiellement, par Perceval de Boulainvilliers, qu'en 1429...

naissance de jeanne1naissance de Jeanne2

La naissance de Jeanne, vue par l'imagerie populaire...

De plus, dès le commencement de son aventure, Jeanne est capable de prédire l'avenir : " son épopée prendra bientôt fin, elle n’en aura pas pour longtemps, elle sera trahie, et sa vie finira rapidement "...
Elle ne raconte que ce qu’on lui a prévu comme destinée, comme rôle en fait, mais bien sûr la légende fait d’elle une visionnaire…

Car comment savoir tout cela, sinon parce que c’est écrit d’avance ? on a tout prévu, et on adapte les actions au gré des circonstances.

Notons que le fameux Michelet écrit dans son Histoire de France à ce propos (T. II P. 211) :
" On a bonne grâce à prédire, quand on fait l'événement ! "

On a même écrit un poème, Virgo Puellares :

poème Virgo puellares

On a utilisé et mis au goût du jour d'anciennes prophéties, de Merlin ou Bède le Vénérable, pour informer les masses de l'arrivée d'un sauveur...

" Le surgissement de Jeanne d'Arc au sein de la Guerre de cent ans a tellement frappé les médiévaux qu'il a nourri toutes sortes de rumeurs, de bruits colportés. De son vivant, l'opinion populaire resta longtemps indécise entre la conviction d'une mission divine et la crainte des agissements d'une sorcière ou d'un sujet démoniaque. Que raconte cette rumeur ? de quelles informations les gens disposaient-ils pour se forger un jugement sur elle et par quels vecteurs ces éléments leur arrivaient-ils ? "
Lire en ligne à ce sujet l'excellente étude d'Olivier Hanne publié sur Hal Archive ouverte.

On la fait se nourrir de pain et de vin… Mise en scène, ou en Cène ?
Et si on la fait parler par paraboles... Vraisemblablement l'a-t-on entrainée dès le début de sa formation ( religieuse ) à s'exprimer de cette façon.

On va même " raconter " ( et enjoliver ) le miracle de Lagny, mais bien évidement n'est ce qu'une affabulation, qui la voit " ressusciter " un enfant mort-né...

miracle à Lagny

Jeanne priant pour la résurrection de l'enfant de Lagny

Donnons la parole à l’historien Pierre Pilard :

« Il est inévitable que se produise un phénomène connu de la médecine moderne, donc totalement expliqué, mais qui reste très spectaculaire à observer. Passés 3 jours après la mort, que suit de très près ce que l’on nomme la rigidité cadavérique, les muscles se détendent et les corps retrouvent une certaine flexibilité. Les ligaments et les organes deviennent souples… Le corps, assoupli, donne l’impression réelle qu’un bâillement, souvent accompagné de gestes imprécis du corps, se déroule » . ( Chroniques de l’Histoire, mars 1989, page 27 )
L’enfant de Lagny ne fut jamais ressuscité ! de suite après ce phénomène, il fut baptisé et enterré dans l’église de Lagny.

Mais Jeanne doit arriver au sacrifice final, le " calice bu jusqu’à la lie " des évangiles… Mais bien sûr sans trop de risques pour l’actrice ! on va donc poursuivre le scénario jusqu’au bûcher, avec des acteurs et des figurants, comme au cinéma. Car après le sacre aurait-on pu tout arrêter, l’objectif " principal " officiel semblant alors atteint : le sacre du « seul vrai Roi de France » !

Non, car ce sacre n’est pour le mouvement initiateur qu’une anecdote, une péripétie, voire un simulacre. Et non une fin en soi. Charles VII est un fantoche qu’on a mis en place et qu’on pourra manœuvrer aisément par la suite ! on lui a d'ores et déjà adjoint une jolie maitresse aux ordres, de façon à le manipuler par personne interposée... Quant au sacre et au titre de dauphin, il faut se souvenir que Charles est déjà roi, depuis qu'il s'est fait couronner à Bourges à la mort de son père le 30 octobre 1422... Rappelons d'ailleurs qu'Agnès Sorel était une demoiselle d'honneur la cour de René d'Anjou... ( Lire en ligne le rapport de Charlier )

L'Histoire situe en 1420-1422 la naissance de la belle Agnès, mais sans fondement aucun, comme d'habitude... Vraisemblablement pour occulter cette maîtresse génante pour la légende du " seul vrai roi de france " désigné par Dieu lui-même. En fait, Agnès est plus sûrement née en 1409-1410. ( Source : histoire de l’Abbaye Royale de Saint Pierre de Jumièges ). De ce fait, elle a aux alentours de 20 ans lors du sacre, et non 7 ans comme on veut nous le faire accroire. Ce qui nous permet d'envisager qu'elle était la maîtresse de Charles VII de très bonne heure... vraisemblement même avant Reims... D'ailleurs, à l'appui de cette thèse, une découverte intéressante de Pierre de Sermoise qui retrouva en 1973 à la bibliothèque Mazarine un curieux document, ( Manuscrit n°1999, pièce 1, transcrit par un des secrétaires de Mazarin ) dont voici un passage : " Tout le fait de la Pucelle d'Orléans n'estoit qu'une finesse politique, inventée par les Courtisans de Charles VII, pour retirer ce prince de ses amours avec Agnès Sorel "

Les époux Arnolfini :

Nos lecteurs pourront utilement s'interesser au tableau peint par Van Eyck en 1434 ( ? ), intitulé " les époux Arnolfini " . Il est censé représenter le mariage de deux bourgeois de Bruges, Giovanni Arnolfini et Giovanna Cenami, mais cette interprétation est aujourd'hui remise en cause, ces derniers ne s'étant unis qu'en 1447... En fait, il pourrait s'agir de Charles VII et Agnès Sorel, dont la liaison devait rester secrète à cette époque. ( Lire en ligne )

époux Arnolfini

CharlesVII

On peut noter la troublante ressemblance entre le visage de Charles et celui du prétendu Arnolfini...

On trouve par ailleurs dans le livre " la dame de Beauté " de Robert Duquesne les passages suivants :

histoire dame de beauté

sorel

Le sacrifice final :

En effet, la « Fille de Dieu » doit " racheter " elle aussi les péchés de l’Humanité, donc donner sa vie, du moins le faire accroire au vulgum pecus. Alors on va organiser sa capture, son procès, et sa mort !

Ou plutôt peaufiner les scenarii des divers épisodes :

La capture :

Jeanne rejoint Compiègne, ville assiégée. Et de là, elle va organiser une sortie dont on ne voit pas bien ce qu’elle peut apporter d’un point de vue stratégique, avec une faible troupe, en portant une huque dorée qui la fait reconnaître de loin, qui la signale même à ses " ennemis ". Et les portes de la cité se referment, et les cloches se mettent à battre à la volée…

Jeanne et son escorte sont très vite cernées, puis Jeanne capturée ainsi que sa maison , par un féal du comte de Luxembourg, le bâtard de Wandonne.

la capture

La capture de Jeanne devant Compiègne.

Mais sait-on que le bâtard d’Orléans, Jean de Dunois, se trouvait aussi à Compiègne ? l’imagine-t-on en train de refermer les portes de la ville dans le dos de sa « mie » ( sa demi-sœur ou sa vraie sœur, vraisemblablement ! ) sans y avoir de bonnes, pour ne point dire d’excellentes raisons ?
De plus, Jean, dit Poton, de Xaintrailles se trouve lui aussi à Compiègne...

La question se pose également de savoir comment Jeanne et sa ( faible ) troupe ont réussi à forcer le siège de Compiègne pour y entrer ?
Et pourquoi, alors qu'elle désobéissait officiellement au Roi, était-elle accompagnée de Jean de Dunois, qui à l'époque était un des personnages les plus en vue du royaume.

Peut-être un élément de réponse...

Bien sûr la prise de Jeanne est décrite après un âpre combat qui oppose sa petite troupe à l'armée de Jean de Luxembourg... Cette scène épique a fait l'objet de nombreuses peintures au cours des siècles derniers.

capture compiègne

La prise de Jeanne, vue par Lepneveu, entre 1886 et 1890.

Mais nous avons tenté de retrouver la représentation contemporaine de cette bataille, et pour cela nous sommes intéressés aux fameuses vigiles de Charles VII, oeuvre de Martial d'Auvergne, laquelle comporte une série d'enluminures, certes naïves, mais fort révélatrices...
L'une d'entre elles en particulier, avec cette légende :

" Comment la Pucelle fut prise devant Compiègne et vendue aux Anglais "

les vigiles: capture de Jeanne

Explicite !
On a plus l'impression d'une courtoise invitation que d'un féroce combat au corps à corps...

Martial de Paris, connu sous le nom de Martial d'Auvergne, né vers 1420 à Paris et mort le 13 mai 1508, est un poète français. Il fut également notaire au Châtelet, et pendant cinquante ans, procureur au Parlement.
Son principal ouvrage a pour titre " Vigiles de Charles VII à neuf psaumes et neuf leçons " (Paris, 1483, in-4° ). Sous ce titre emprunté à la liturgie, c’est une chronique rimée, en divers rythmes, de la guerre contre les Anglais. Cet ouvrage est abondamment illustré d'enluminures, qui sont attribuées à l'atelier du Maître de Jacques de Besançon.

On constate donc que ce fonctionnaire-poète est contemporain de Jeanne... et parfaitement au courant de l'histoire de par sa position au Parlement de Paris. Et si son ouvrage a bien été édité postérieurement, vers 1483, il parait évident qu'il a été rédigé bien auparavant, en fait sur plusieurs décennies... ( Lire en ligne Les Vigiles ) .

Internet nous en dit plus :

Ce poème à la louange du roi Charles VII comprend neuf récits qui tiennent lieu de psaumes et neuf complaintes ou « leçons ».
L’ouvrage fut offert au roi Charles VIII.
Les Vigiles calquent la disposition des Heures des défunts.
Les Psaumes racontent la vie du feu roi Charles VII.
Quant aux Leçons, ce sont des sortes d’intermèdes lyriques où l’auteur manifeste son regret du temps passé et son dégout devant l’époque présente.
« Cet ouvrage a fait une grande réputation à l’auteur. France, paix, Pitié, Justice, Eglise, tout est personnifié. La beauté de ses sentiments se montre à chaque page, principalement lorsqu’il parle du roi ». (Bibliographie universelle).
Martial d’Auvergne narre les épisodes de la guerre de cent ans tels que : « La mort du duc d’Orléans, La bataille d’Azincourt, Comment Rouen fut prise par les Anglais, (….) , Comment la Pucelle vint devant le roi, Comment les Anglais amenèrent la pucelle et la firent mourir, Comment le roi Henry fut couronné à Paris de deux couronnes…
« Cette chronique est précieuse pour les historiens et les antiquaires puisqu’elle est contemporaine des faits. Au quatrième psaume apparaît Jeanne d’Arc. Ce psaume, ou ce chant, mieux écrit que plusieurs autres, semble avoir été l’objet de prédilection de Martial. » (Ch. Bataillard).
En ce qui concerne Jeanne d’Arc, on trouve dans les Vigiles une mention de réhabilitation, la seule qui ait été consignée dans un écrit français du XVe siècle.

Le fait même que Jeanne soit capturée vivante et non exécutée sur place prouve l'importance de son rang... Si l'on avait réellement souhaité la mort de la Pucelle, il aurait été très facile de la tuer dans le combat devant Compiègne...
Quoi de plus naturel qu'une mort au combat ?
Il suffit de se remémorer la bataille d'Azincourt, qui avait vu la fine fleur de la chevalerie française se faire massacrer... Les " Anglais " avaient épargné ce jour là uniquement les " grands seigneurs " ! même le duc de Brabant avait été égorgé... Une Jeanne paysanne n'aurait été ni épargnée, ni traitée aussi civilement !

Alors Dunois n’était-il point là pour superviser la phase « arrestation » ?

Un des points cruciaux de l’opération « Bergère »…
Car il fallait bien évidement que tout cela fasse vrai, et surtout que tout se déroule sans mal. Un carreau d’arbalète bien ( ou plutôt mal ! ) placé et le beau scénario tombe à l’eau… C’est certainement pour cela qu’il faut une rencontre essentiellement mené par des gens sûrs, dans lequel on n’utilise pas les armes de trait. ( C’est d’ailleurs dit-on un archer qui la fait chuter de cheval, mais en la tirant par son manteau, donc à mains nues ! )

Et puis, Jeanne n'avait-elle pas prédit elle-même sa capture, due à une trahison : «  Mes enfants et chers amis, je vous signifie que l’on m’a vendue et trahie et que bientôt je serai livrée à la mort. Ainsi je vous supplie que vous priiez Dieu pour moi, car je n’aurai jamais plus de puissance de faire service au Roi, ni au royaume de France  ».

Et tout marche très bien, sans casse aucune ! ni d’un côté ni de l’autre d’ailleurs. Ce qui est tout bonnement étonnant dans un combat de ce type. Une lutte pour la vie, à grands coups d’épée et de lance de combat de part et d’autre nous dit-on, dans lequel néanmoins aucun des membres de l’escorte n’est blessé.

D’autant que dans la légende dorée qui nous conte les faits et gestes de Jeanne, on nous rabâche que ne voulant point tuer d’ennemis, la Pucelle ne frappait que du plat de son épée… Ce qui n'était bien sûr pas le cas de ses ennemis !
Mais si l'on se réfère à la miniature des "Vigiles de Charles VII", on comprend mieux le caractère anodin de la " capture ".

Alors penchons-nous un peu sur le profil de celui qui va capturer Jeanne, Jean II de Luxembourg-Ligny.

Jean II

Jean II de Luxembourg-Ligny

Rien que le nom du personnage devrait éveiller l’attention de nos lecteurs : Luxembourg–Ligny !

On a vu dans un autre article évoquant la généalogie d’Isabelle « Romée de Vouthon » que cette dernière avait été dans sa jeunesse première dame de Jeanne de Luxembourg-Ligny, tante de ce fameux Jean II, dans son château de Ligny en Barrois, petite ville de l’actuel département de la Meuse, située non loin de... Domremy la Pucelle…
Cette fameuse Jeanne de Ligny qui prendra un soin tout particulier de la Pucelle après sa capture ! et pour rester dans le ton, signalons aussi qu’elle était la marraine de celui qui était devenu Charles VII…
Petits arrangements en famille pourrait-on dire !

Jeanne prisonnière

Jeanne est prise sans dommage

Nous ne pouvons que rappeler là encore les liens qui semblent unir Jeanne à la famille de Luxembourg... Les miniatures du parchemin de Sigismond Ier ne laissent aucun doute quant aux relations épistolaires établies dès 1428 entre Jeanne et l'Empereur Romain Germanique, issu lui aussi de la famille de Luxembourg !

 Jeanne et Sigismond

Jeanne reçoit un courrier de l'Empereur...

Résumons !

Jeanne est " capturée " sans casse, lors d’une sortie inutile mais bruyante, par le neveu et héritier d’une amie de sa « mère » nourricière, et marraine de son Roi, sans que son cher Dunois ne lève le petit doigt pour la défendre…
Mais à l’arrivée, on obtient un parfait parallèle avec la vie de Jésus, tant on retrouve ici tous les ingrédients évangéliques.

  • La trahison, dont on accuse ensuite Guillaume de Flavy. ( les trente deniers de Judas )
  • La résignation de Jeanne qui évoque sa fin prochaine. ( les larmes de sang du jardin des oliviers, le calice à éloigner... )
  • La non violence de l'héroïne. (« qui se sert de l’épée périra par l’épée ! »)
  • Jusqu’à la vente du « messie », livré au grand prêtre Cauchon. ( au prix de vente néanmoins d'une altesse royale, pas d'une paysanne )

Mais après cet événement va se situer une période d’atermoiement, que l’on peut bien évidement expliquer. Les nouvelles ne vont pas vite à cette époque, ce qui implique de ne pas enchainer trop rapidement les événements importants ! il faut le temps de faire savoir à l'ensemble du réseau que l'opération " arrestation " a été couronnée de succès.

Et maintenant que Jeanne est prise sans dommage, il faut assurer l’épisode suivant, celui du " jugement " mené par un ou plusieurs complices, et la négociation avec le parti « anglais ». On va donc temporiser en promenant l’héroïne de château en château, en lui faisant également soigneusement éviter le risque de tomber dans des mains réellement ennemies. Car il est bien évident que tout le monde n’est pas dans la combine…

Et lorsque tout est bien réglé, au bout de quelques mois de tractations et conciliabules, on en arrive à Rouen et le fameux procès peut alors s’ouvrir. Devant un tribunal ecclésiastique dont bien sûr quelques-uns des membres influents sont dans la confidence.

Le procès :

On va donner une importance considérable à l’affaire. Qui va s’éterniser, alors que d’ordinaire, ce type d’accusation se règle en quelques jours.

Il faut au contraire « médiatiser » le procès. Souvenons-nous qu’à l’époque concernée, il fallait longtemps à l’information pour circuler, et une affaire conclue en quelques jours n’aurait pas marqué les esprits. Alors on va la faire traîner, de la même façon que l’on a temporisé après la capture, le temps que l’Europe entière soit informée que la Pucelle d’Orléans, la « Fille de Dieu » est captive et en passe d’être jugée.

Et bien évidement, ce procès va constituer la tribune idéale pour énoncer les vues de la Conjuration... Le nombre de personnes prenant part à l'affaire ( lire en ligne : les assesseurs au procès ) est particulièrement important, sans commune mesure avec ce qui se pratique usuellement en la matière
Notre héroïne va pouvoir expliciter " sa doctrine ", ou plutôt celle du " roi du Ciel ", et donc rétablir les choses en ce qui concerne la suprématie du pape !

Bien sûr, les " voix " vont devoir intervenir, pour répondre sur certains points bien précis. Et à ces moments là, on verra Jeanne temporiser, demander des délais, remettre ses réponses à huit ou quinze jours, le temps du trajet aller et retour d'un messager qui devait joindre Angers, Orléans, Avignon peut-être ?

Jeanne devant cauchon

Jeanne devant ses juges (lettrine d'un manuscrit du XVe siècle, BNF)

Le procès de Jeanne va donc se dérouler à Rouen, qui va faire intervenir plus de 120 personnes !

Et de nos jours, on nous explique que l’on sait tout de ce procès, grâce aux minutes précieusement conservées.

Mais on oublie bien sûr de préciser que ces soi-disant « minutes » en français, sont les traductions de textes latins, eux-mêmes traductions de textes en vieux français, une infime partie des minutes d’origine… Car rappelons-le, à la fin du procès de Rouen, ( qui ne comporte curieusement pas de jugement de condamnation ) l’évêque Cauchon récupère tous les procès-verbaux rédigés par les notaires servant de greffiers, et s’en va avec !

Lire en ligne la fort intéressante étude de Catherine Bougy, maître de conférences en histoire de la langue française et dialectologie de la Normandie...

Définition d'une minute :
La " minute " est le nom donné à l'original d'un document émanant d'une juridiction ou d'un officier public. Le mot vient de ce qu'à l'époque où les actes et, en particulier les jugements, étaient écrits à la plume. Le rédacteur devait utiliser une écriture fine pour éviter les problèmes d'archivage. En principe, seule la minute est signée par le juge et le greffier ou, s'agissant d'un acte notarié, par le notaire, par les parties et éventuellement par les témoins.

Il faudra menacer l'évêque pour qu’au terme de cinq années les fameuses " minutes " enfin réapparaissent, mises en forme et traduites en latin, quand bien même les notes avaient été prises en français… Ce ne sont donc plus des " minutes ", au sens juridique du terme... mais de simples textes sans aucune valeur juridique !

Le texte en est d'ailleurs tellement dénaturé que le notaire Manchon refusera de le contresigner !

Selon Jean Bancal, in " Jeanne d'Arc, Princesse Royale " :
Les procès-verbaux étaient, bien entendu, écrits en français ; ils ne furent traduits en latin par Thomas de Courcelles qu'après un assez long délai (sans doute 4 ou 5 ans après la fin du procès) et nous n'avons aucune garantie sur la fidélité de cette traduction, pas plus d'ailleurs que sur celle de la minute en français... On ne sait pas ce qu'est devenue la minute originale, rédigée en français. Elle semble avoir été perdue. Certains auteurs affirment toutefois qu'elle se trouverait à Londres dans la bibliothèque privée de la Reine d'Angleterre.

Alors nous comprenons aisément le sieur Manchon.
Notons également une constatation curieuse ... Un procès, réunissant plus de cent vingt intervenants, qui s'étale sur cinq mois, en auditionnant moult témoins, débouche sur quelques feuillets de notes… feuillets pour le moins sybillins...

Nous donnons ci-après à nos lecteurs un exemple de ce que les traditionalistes nomment les "minutes" du procès, texte repris sur le site de l'Abbaye de St Benoit:

CINQUIÈME, SIXIÈME ET SEPTIÈME JOURNÉES

14, 15, 16 FÉVRIER 1431.

Enquête préparatoire. 

Les mercredi, jeudi, vendredi et samedi suivants, par le ministère de maître Jean de la Fontaine, commissaire, assisté de deux notaires, il a été procédé à ladite enquête.

On peut s'apercevoir aisément qu'il ne s'agit que de titres, vides de contenu... On a fait telle et telle chose, tel acte de procédure, telle enquête, mais on n'en donne jamais la teneur exacte !

Lorsqu’on voit se dérouler un procès d’assises de nos jours, on peut constater le nombre des pièces de procédure et le volume qu’elles occupent ! Et en général ce type d’audience ne s’étale que sur quelques jours et ne réunit qu’environ une trentaine d’intervenants, juges, jurés, procureur, greffiers et avocats.

Et pour juger Jeanne en cinq mois (du 9 janvier au 30 mai 1431), avec une foultitude d’ecclésiastiques, on ne noircirait qu’une soixantaine de feuillets ? voir le Procès de Jeanne

On se doit de préciser dans cet article que la doctrine officielle a volontairement choisi de " gonfler " le document des " minutes " originales du procès de Rouen, en y intégrant les dépositions des témoins du procès dit de réhabilitation ! Tel le témoignage d'Hauviette, qui contredit néanmoins la version officielle quant à l'âge de Jeanne...
Lire sur le site de l'abbaye de saint Benoît l'intégralité du procès.

Et pour enfoncer davantage le clou, nous ne pouvons resister à l'envie de donner à nos lecteurs la teneur du premier paragraphe du procès officiel de Jeanne :

Au nom du Seigneur, ainsi soit-il !
Ici commence le procès en matière de foi contre défunte femme Jeanne, appelée vulgairement la Pucelle.

On s'aperçoit donc que le procès officiel, tant vanté par les historiens comme une pièce maîtresse de la connaissance johannique s'ouvre sur la condamnation d'une morte ! c'est bien là la preuve qu'il est rédigé après la sentence...

Il est patent qu’on a tout remis en forme, reécrit, condensé. On peut légitimement se poser la question du pourquoi d’un tel comportement.

Sauf bien sûr si l’on poursuit notre raisonnement initial :
Les évangiles sont aussi des textes apocryphes, ( écrits entre 150 et 200 ans après les faits " évoqués " ). On a donc fait de même, en donnant le beau rôle à l’accusée, la future martyre. Et comme dans l'histoire de Jésus, on a là aussi " écrémé "... On n'a retenu que 4 évangiles pour constituer le nouveau testament, dans la soixantaine recensée. Au Moyen-Age, on va ne retenir que ce qui est judicieux !

Et l'on a allégrement gommé toute la partie ayant trait à la sexualité de la " Fille de Dieu ", comme on l'avait fait 13 siècles auparavant pour le " Fils de Dieu ", supposé vierge lui aussi...
Exit Marie Madeleine autrefois... Bonjour le Saint Pucelage en 1429 !

Mais les vraies minutes ont réellement existé. Certainement n’ont-elles pas disparu pour tout le monde !

Néanmoins demeure-t-il toutefois une coïncidence troublante que personne n’a relevée : la réapparition des « minutes officielles » correspond avec celle de Jeanne en Lorraine… La " Resurrection " somme toute...

Il fallait terminer l'opération " Nouvel Evangile " par une touche finale, les minutes du Procès, avant que de rendre l'héroïne à la vie civile.

L'abjuration.

Quelques jours avant le bûcher, le 24 Mai 1431, a lieu la fameuse scène de l'abjuration au cimetière de St Ouen. C'est un des épisodes les plus obscurs de l'histoire officielle de Jeanne... A-t-elle abjuré réellement, a-t-elle signé un long document, ou bien quelques lignes, les questions demeurent !
Mais nous relevons quant à nous deux détails particulièrement curieux, qui bien sûr ont échappé à nos bons historiens.

Les cheveux de Jeanne :

Lors de cette " cérémonie ", il était coutume de tondre l'accusé, en signe de pénitence... Jeanne se retrouve donc avec le crâne rasé !
Il nous faut d'ailleurs à ce propos faire quelque remarque... Dans le " Procès ", on nous raconte que Jeanne permit qu'on lui coupe et rase les cheveux !

 "Jeanne, à son retour de la cérémonie du cimetière Saint-Ouen, avait été entraînée jusqu’à la Tour vers les champs, où elle avait accepté de revêtir l’habit de femme et, les cheveux qu’elle portait auparavant, « coupés en rond, elle voulut bien et permit qu’on les taillât et les rasât. » Il n’y a pas de doute sur le texte latin, abradi et deponi, voluit et permisit."

Jeanne est prisonnière, et dépendante entièrement de la procédure... Or, il faudrait aux juges obtenir son autorisation pour lui couper les cheveux ? Incroyable ! Il est bien évident qu'on ne s'adresse pas alors à une " bergère ", dont on aurait pas besoin de l'assentiment pour la tondre...
Or quelques jours plus tard, le matin même du bûcher, on va nous la décrire s'arrachant les cheveux à pleines poignées à l'annonce de sa proche exécution...

Seulement sept jours se sont écoulés depuis l'abjuration ! pour un individu normal, la pousse des cheveux est de l'ordre d'un tiers de millimètre par jour. Ce qui dans le cas présent permettrait à la Pucelle d'arborer une chevelure d'une longueur d'environ 2 millimètres...
Dont il nous parait impossible qu'elle puisse se l'arracher par poignées !

Quatre possibilités s'offrent alors :
Ou bien un véritable miracle est survenu dans la prison de Jeanne, qui lui a redonné la chevelure normale d'une femme, une pousse subite de 20 cm en 8 jours...
Ou bien simplement ses cheveux n'ont jamais été tondus, ce qui implique qu'elle n'était pas en personne à la cérémonie d'abjuration...
Ou bien encore la date du bûcher est beaucoup plus éloignée de la date de l'abjuration, un laps de temps d'environ 300 jours permettant une repousse capillaire cohérente avec un arrachage par poignées...
Ou bien encore, Jeanne n'est déjà plus là, et on ne fait que décrire une scène totalement imaginaire...

La signature :

De multiples écrits décrivent la fameuse scène de l'abjuration, pendant laquelle, selon Manchon, Jeanne sourit... Elle signe la cédule qu'on lui présente alors d'une simple croix ! pense-t-on réellement nous faire accroire que l'évêque Cauchon ignorait tout de la signature habituelle de Jeanne pour tolérer cette fantaisie ?
Mais est-ce bien Jeanne qui est présente ce jour-là ?

signature de Jehanne

L'exemple Jésus.

Comme nous l’avons précédemment écrit, il faut continuer le parallèle avec Jésus, pour l’édification des foules. Il est donc nécessaire de donner à l’exécution un retentissement important. Pour cela, il n’y a que le bûcher, la crucifixion ayant déjà été utilisée et ne figurant plus à l’arsenal de la "Sainte" Inquisition, qui constitue un supplice digne de la « Fille de Dieu ».
Et qui présente aussi l'avantage non négligeable... de faire disparaitre complétement le corps du condamné.

couronne d'épine

On retrouve néanmoins la couronne d'épines ! sculpture de Real del Sarte.

les épines

Image reprise par une revue catholique...

Il faut en effet un châtiment suprême particulièrement odieux, terrifiant. Mais la mise à mort ne se déroule absolument pas selon le mode opératoire décrit par les historiens traditionalistes… ni même selon le mode habituel autant que légal !

En effet, il était coutume de dénuder le condamné, et de le torturer avant l’exécution, ce qui naturellement n’aura pas lieu dans le cas présent. Car si l'on ne peut reconnaitre une femme recouverte d'une longue robe avec une capuche lui masquant le visage, il aurait été facile aux témoins, dont surtout les soldats présents, de constater que le corps dénudé qu'on allait martyriser ne portait pas les cicatrices récoltées au combat et bien connues que portait Jeanne...

On se dépêche donc de lier la " condamnée " au poteau du supplice, l'estache.

Hus au bûcher

Le bûcher de Jan Hus. On peut constater que le tas de bois entoure la victime.

Le bûcher lui-même n’a absolument pas la forme qu’on lui donne dans toute l’iconographie de Jeanne !

Un bûcher médiéval consiste en fait en un poteau de bois, l'estache ( d'où le terme anglais : the stake ), recouvert de plâtre pour l’ignifuger, fiché en terre, et auquel on attachait le condamné par une chaîne ou des cordes. Le bois était entassé autour de ce pieu, soit en rond, soit en carré, jusqu’à la hauteur des épaules du supplicié dont le corps disparaissait ainsi à la vue du public.

bucher rond

On distingue à gauche un bûcher carré, et à droite un bûcher élevé en rond!

Dans le cas qui nous concerne, seule la mitre et le visage embronché de Jeanne auraient donc pu être visibles. Mais le bourreau lui-même évoque l'inhabituelle hauteur du tas de bois... ( voir plus bas )

On ménageait toutefois dans la pile de bois un passage latéral pour permettre au bourreau d'accéder à l'estache, le temps d'y lier la victime. Ce passage était comblé de paille et de fagots avant la mise à feu.

Jeanne embronchée

Jeanne embronchée, vue par Adrien Harmant

On précise d'ailleurs dans le " compte-rendu " de l'exécution que le bûcher était anormalement haut ! ce qui ne signifie nullement que la condamnée se trouvait perchée au dessus du sol, mais simplement que l'empilement de bois mesurait plus que d'habitude en hauteur... Ce qui fait que la tête de la victime devait même ne pas apparaitre.

Selon la version officielle, c'est le bourreau lui-même qui évoque l'inhabituelle hauteur du bûcher, ce qui l'aurait empêché d'étrangler la condamnée... Mais n'est-ce point le bourreau lui-même qui précisément monte ce même bûcher... Et comment aurait-il fait dans ce cas pour y lier la condamnée ?
Cherchez l'erreur !

De la paille et des fagots disposés en bas du tas de bois permettaient une mise à feu facile. Et pour manipuler plus aisément les rondins constituant le véritable mur de bois entourant la victime, le bourreau et ses aides utilisaient un instrument à long manche muni à son extrémité d’une pointe et d’un crochet. Pointe qui permettait dans la plupart des cas de tuer le supplicié d'un coup au coeur avant que de mettre le feu à l’édifice.
On distingue sur les miniatures présentées supra les outils maniés par le bourreau et son aide.

L’embrasement rapide des fagots et de la paille consommait énormément d’oxygène et asphyxiait aussitôt la victime si elle n’avait point été exécutée d'un coup de pique, ou étranglée en même temps qu'on l'attachait.

Lorsque la totalité du bois était en feu, le bourreau faisait s’écrouler le tas vers son centre, de façon à consumer totalement le cadavre. Surtout d’ailleurs pour éviter que ne soient prélevées de quelconques reliques !

Le condamné attaché par la taille s'étant bien évidement affaissé, le brasier recouvrait alors entièrement la victime...

Il est bien évident que dans ces conditions, il était possible de faire disparaitre n’importe qui ! on prétend que le bourreau entr'ouvrit le bûcher pour laisser apparaitre le corps d’une femme, mais au bout de quelques minutes dans un brasier, ce corps devait être méconnaissable…

Dans la mesure où l'on avait repoussé le public derrière des rangées de soldats, il semblerait bien difficile pour un spectateur de distinguer quoi que ce soit au milieu d'un brasier... Par contre si l'on voulait faire en sorte que les spectateurs constatent qu'il s'agissait bien d'une femme que l'on brûlait ce jour là, il nous semble patent qu'il était bien plus aisé et probant de le montrer avant la crémation, qu'après. Un corps qui a passé quelques minutes dans une fournaise est totalement méconnaissable ! et de plus, attaché par la taille, le corps s'est bien sûr affaissé dès le décès, ce qui fait que même de près, on ne doit pas apercevoir grand chose.

Qui a-t-on brulé ce jour là, ( à supposer bien évidement qu'on ait réellement brûlé quelqu'un ce jour là ) nul ne le saura jamais, à moins bien sûr de remettre la main sur les archives personnelles de l’évêque Cauchon…

La mort civile

Rappelons qu'il existait au Moyen-âge une autre sanction, appelée " Mort Civile ".

Un exemple : en 1379, Charles V condamne Jean de Montfort, duc de Bretagne, à la confiscation de son corps et de ses biens... Mais cette décision seule ne suffit pas à la vindicte populaire qui désirait que soit prononcée une sanction exemplaire. Il lui fallait une exécution publique prenant la forme d'une exécution par effigie.
En conséquence l'Etat avait fait exécuter un arrêt de mort au moyen d'une fiction, et celui contre lequel cette exécution avait eu lieu était réputé mort.

N'a-t-on pas appliqué cette procédure à Jeanne, en se contentant de brûler son effigie? c'est fort possible !

Gabriel Naudé a soutenu que " la Pucelle n'avait jamais été brûlée qu'en effigie " dans ses livres " de l'estat et succès des affaires de France - Paris 1570 - 1 - II - règne de Charles VI, ad. ann. 1427- 1430 et Histoire générale des rois de France - Paris 1576 -1- XXI, règne de Charles VII. "

la mort civile

Une pendaison par effigie!

Cette hypothèse d'une condamnation à cette sentence de mort civile colle parfaitement au déroulement de l'histoire....

On ne peut dévêtir et torturer la victime, et pour cause... elle n'est pas là !
On ne peut donc pas l'étrangler non plus...
Le bûcher est très haut pour masquer l'absence de la condamnée,
Ou bien il parait "engloutir" la victime, qui est absente...
On brûle une pancarte qui porte les motifs de la condamnation ...
La victime perd son identité, puisque officiellement morte !
Jeanne n'est plus Jeanne, alors pourquoi ne deviendrait-elle pas Claude ?
Un condamné à la "mort civile" a un délai de 5 ans pour réapparaître et se justifier,
Le bûcher a lieu le 30 Mai 1431...
Et Claude réapparait le 20 mai 1436 ! soit un peu moins de 5 ans après...
Elle déclare alors qu'elle n'aura " point de puissance avant la St Jean Baptiste " !
Un mois, le temps des formalités de révision du jugement de Rouen...
Qui vont lui redonner sa véritable identité, Jeanne, Pucelle de France,
En échange d'une pénitence, son mariage avec Robert des Armoises...

De plus, on trouve à propos de la mort civile l'information suivante : l'attribution renouvelée d'une personnalité juridique à celui qui est revenu est très justement appelée par les civilistes une résurrection. À l'issue de ce jugement, l'absent revenu jouit à nouveau de sa pleine et entière personnalité juridique.

On doit également rappeler la fameuse pancarte placée sur le bûcher :

la pancarte du bucher

Ce panneau qu'on affiche sur le bûcher et que l'on brûle correspond parfaitement à la procédure de l'exécution par effigie.
On trouve à la page 228. du " Traité de la mort civile " de A.T. Desquiron l'explication suivante :

" Ainsi l'effigie est dans l'exécution d'un criminel condamné à mort par contumace, laquelle se fait dans la place publique par la suspension d'un tableau où est écrit le jugement de condamnation "

De plus, on voit la Pucelle après sa réapparition à Metz en 1436, être rejointe par ses deux " frères ", puis repartir avec eux dès la Pentecôte passée pour Marville et y passer trois semaines, du 27 mai à la mi-juin.
Or Jeanne, qui se faisait appeler Claude du fait certainement de sa condamnation à la mort civile, avait prévenu qu'elle n' aurait pas de puissance avant la St Jean.
Qu'allait-elle faire dans la petite ville de Marville ?

Notre hypothèse : Marville avait à l'époque un statut bien particulier, puisqu'on évoquait à propos de cette localité les " Terres Communes".
Wikipedia nous en dit plus :

Le 15 octobre 1415, Antoine de Brabant, souverain du Luxembourg et Edouard III, comte de Bar, meurent tous les deux à Azincourt ; Marville perd ses deux seigneurs. À Edouard III succède son frère Jean. Dès 1419, il transmet ses états à son petit-neveu René I d'Anjou marié à Isabelle, héritière de Lorraine. Le décès simultané de ces deux personnalités ne modifie en rien le destin particulier de Marville. Les héritiers d'Ermesinde continueront de se transmettre la cité, provoquant une indivision pour quatre siècles entre le comté de Bar et celui de Luxembourg. Cette période est appelée « Les Terres Communes ». Elle se caractérise par une profitable neutralité pour les habitants de Marville au cours de la tumultueuse époque des guerres féodales. La ville s'enrichira de cette favorable position et connaîtra son apogée à la Renaissance aux XVIe et XVIIe siècles.

En l'affaire, il ne faut pas oublier non plus l'appui de la famille de Luxembourg, co-propriétaire de Marville. Alors Jeanne-Claude n'allait-elle pas à Marville s'y faire absoudre, par un légat du pape par exemple, juste avant la fin du délai des 5 ans prévu dans la mort civile ? D'où l'accompagnement par ses deux "frères", témoins d'identité en quelque sorte... On doit se souvenir qu'Isabelle "Rommée" initia la requête du procès de réhabilitation là encore accompagnée de ces mêmes deux frères...

A l'arrivée, on a notre Jeanne qui retrouve sa puissance, puisque sa réelle identité. Elle n'est plus Claude, elle est bien Jeanne, Pucelle de France !

Lire en ligne: " Traité de la mort civile " de François Richer, avocat au Parlement, chez Ganeau, Paris, 1755
Lire en ligne: " Traité de la mort civile en France ", d' A. T. Desquiron de Saint-Agnan, avocat à la cour royale de Paris, Guien et Cie, Paris, 1822

Et l'opération se poursuit !

Dès le bois du bûcher consumé, l’entreprise de création du « nouvel évangile » peut se poursuivre : Jeanne a demandé et obtenu une croix qu’elle a serré sur son sein ; on a vu une colombe s’envoler du brasier ; elle est morte en criant le nom de Jésus ; les soldats pleuraient ; le bourreau gémissait sur son sort, convaincu qu’il était d’avoir brûlé une sainte…

On ira même jusqu’à parler de son cœur demeuré intact, qu’on aurait récupéré dans les cendres !
Un miracle de plus !

" Le bourreau chargé de se débarrasser de la dépouille aurait trouvé le coeur de Jeanne intact et plein de sang, alors même que le corps était réduit en cendre. Ce même bourreau a aussi affirmé que nonobstant l'huile, le soufre et le charbon qu'il avait appliqués sur les entrailles et le coeur de Jeanne, il n'avait pu en venir à bout ".

corps calcinéCorps calciné

Des corps calcinés

Analysons simplement le bûcher...
D'ordinaire, celui-ci monte jusqu'à la poitrine du condamné, ce qui dans le cas présent, Jeanne étant très grande, et le bourreau ayant élevé la pile de bois plus haut que de coutume, peut représenter plus d'1.60m de hauteur...
Son espace intérieur, qui doit recevoir l'estache, le condamné et le bourreau qui doit l'y lier, doit avoir de l'ordre de 1,20m de côté, voire davantage... Ce qui, si l'on prend une valeur moyenne de 2 pieds pour la longueur des bûches, nous donne un volume de bois de plus de 9 stères.
On peut comparer ce volume de bois à celui utilisé pour un feu de la St Jean de nos campagnes ! Dont on peut de souvenir que le brasier dure très souvent 7 à 8 heures, qu'il est très difficile de s'en approcher, et que les cendres demeurent incandescentes pendant plusieurs jours !
Difficile donc dans ce conditions d'aller y fouiller pour y trouver de quelconques restes, surtout le jour même...

Il est totalement impossible :

- Qu'un tel volume de bois puisse se consumer en quelques heures ! ( n'oublions point que le bûcher a lieu en Normandie, pays qui n'est point connu pour son climat sec... )
- Que les cendres de ce même bûcher soient suffisament refroidies pour y chercher des ossements le même jour...
- Qu'on puisse y distinguer un morceau de charbon de bois d'un morceau de corps calciné...

Rappelons ici l'anecdote des "vrais restes de Jeanne", récupérés sous le bûcher, authentifiés par l'évêché de Tours, mais bien heureusement analysés en 2006 par le Professeur Charlier, qui a scientifiquement établi qu'il s'agissait des restes d'une momie égyptienne et d'un chat... ( lire en ligne )

les reliques de Jeanne

Les reliques de Jeannes, authentifiées par le Vatican...

Nous avons par contre quelques interrogations quant au coeur non consumé de l'héroine, miraculeusement récupéré sous le bûcher... Pour nous cette anecdote comporte vraisemblablement une part de vérité... Non quant à la récupération après l'extinction du brasier bien sûr, mais plus prosaïquement sur l'organe conservé...
Rappelons que pour nous, Jeanne assassinée bien après ( aux alentours de 1451) a dû avoir le corps morcelé en trois parties... (Dilaceratio corporis)

reliquaire de coeurpot à viscères

Un reliquaire médiéval pour un coeur et une urne contenant des viscères !

Les viscères enterrés dans le village où a eu lieu son assassinat, le corps en l'église de Pulligny, et le coeur vraisemblablement conservé comme relique... ou bien maintenant déposé sous le choeur d'une célèbre cathédrale, qui sait...?
Un célèbre exemple de Dilaceratio Corporis, celle du connétable DuGuesclin. ( Lire en ligne )

autel de reims

Dans un célèbre édifice...

Dernières nouvelles !

Trouvé le 28/11/2019 dans un reportage de France3 PAYS DE LA LOIRE-SARTHE-LE MANS.

on trouve un reliquaire

Les archéologues découvrent un reliquaire sous le pavement de la cathédrale du Mans : La preuve de l'enfouissement du coeur seul lors des obsèques d'un important personnage...
Lire l'article en ligne

Au chapitre des hypothèses, on doit aussi rappeler qu'il existe encore une statuette médièvale de Jeanne à cheval, dont une partie se démonte pour laisser apparaitre un creux, vraisemblablement destiné à recevoir une relique...

reliquaire statue

Statue équestre de Jeanne conservée dans les réserves du Musée de Chinon.

Quelques explications sur cette statue par Pierre Lanery d'Arc :

Le Musée Cluny s'est enrichi en 1876 d'une statue en bois, de Jeanne d'Arc, dont la provenance et l'antiquité sont authentiques.
C'est une statue équestre du XVe siècle de 105 cm de hauteur sur 85 cm de longueur.
Elle proviendrait, d'après M. du Sommerard, directeur du Musée de Cluny, de l'église de Montargis où elle était conservée de temps immémorial. Dans toutes les processions solennelles elle était portée sur un brancard dont on distingue encore les attaches. A-t-on jamais eu l'habitude de porter aux processions des statues de personnes auxquelles on n'attribue pas quelque chose de religieux ?
Celle-ci avait donc incontestablement ce caractère qui lui avait été conservé depuis le XVe siècle jusqu'à la Révolution et même au-delà, car elle fut encore portée aux processions sous la restauration, et toujours invariablement connue sous le nom de Jeanne d'Arc.
"La jambe gauche de la statue est coupée obliquement au-dessous du genou et se déploie, au moyen d'une charnière, sous le ventre du cheval, pour donner ouverture à une cavité qui y est pratiquée. Cette cavité contenait vraisemblablement des reliques, à moins qu'elle ne renfermât un objet provenant de la Pucelle elle-même, et à ce titre entouré de la vénération publique. Cet objet, quel qu'il fût, a disparu sans que la tradition en ait conservé la mémoire.
L'authenticité de cette statue est hors de doute, elle constitue, avec celle de la collection Odiot qui date du XVe siècle, la plus ancienne reproduction modelée des traits de la Pucelle que l'on possède aujourd'hui*.

On peut en passant s'interroger sur la discrétion de certains musées, qui conservent en leurs réserves maints souvenirs johanniques... ! un chapeau au Musée Lorrain de Nancy, ou la fameuse porte d'un lit clos orné des profils des consorts des Armoises à celui de la Cour d'Or à Metz...

Donc l'opération Nouvel Evangile se poursuit...

Et toutes les informations précédentes seront transmises, certainement même avant le supplice, à travers les réseaux, franciscains et autres. Et comme nos historiens ne sont guère curieux, tout ce montage sera joyeusement repris et deviendra la matière même de leurs convictions…
Néanmoins, dès le bûcher éteint, le doute s'installe...
Mais l'Histoire officielle de nos jours n'en n'a cure.

Ce qui veut dire que la « conspiration » à l’origine de l’affaire Jeanne d’Arc a réussi, mais avec quelques siècles de retard, à faire accroire à une histoire d’une pauvre bergère inspirée par Dieu, qui s’en va guerroyer et donner sa vie pour le salut de sa mère patrie. ( voir l'article : Jeanne et les historiens )

Mais revenons à l’époque qui suit immédiatement le bûcher.

On a donc Jeanne bien vivante mais qui ne doit pas réapparaitre avant quelque temps, le temps nécessaire à mettre au point les conditions de sa « résurrection ».
Alors que devient-elle ?

Une première hypothèse la fait rester cachée à Rouen pendant quelques mois.

Une deuxième la voit conduite au château de Montrottier, forteresse dans laquelle elle reste emprisonnée jusqu’à sa réapparition en Lorraine.

chambre pucelle

L'intérieur de la " chambre de la Pucelle " du donjon de Montrotier.
Merci à Jack Minier pour ce cliché...

Une troisième la fait guerroyer pour le Pape en Italie…

Et une quatrième la voit séjourner en l'Abbaye de Clairefontaines ( près d'Arlon ), après son rachat par Jean de Luxembourg.

Mais vraisemblablement existe-t-il d'autres possibilités, comme un séjour à l'étranger ( hors de l'emprise de Charles VII en fait ), dans un terrtoire dépendant de l'Empire Romain Germanique, peut-être auprès de Sigismond 1er, ou bien en Angleterre, auprès de Charles d'Orléans...

Roger Senzig dans son ouvrage " Jehanne la Pucelle et ses secrets " narre la découverte qu'il a faite d'un document conservé aux Archives Générales du Royaume de Belgique, évoquant le réglement du salaire d'un maçon qui aménagea une chambre au Château d'Arlon pour Jeanne. Ce texte laisse supposer qu'en 1436, il s'agissait d'un second séjour de la Pucelle, et que celle-ci aurait déjà logé à Arlon entre 1431 et 1434.

On doit également se souvenir d'un incontestable document : la donation en 1443 par le Duc d'Orléans à Pierre Dulis, officiellement un des frères de la Pucelle, dans laquelle, on trouve le texte suivant :
Ref. : Arch. Loiret n° A.274. - Bull. S.A.H.O., tome 3, 1860.

Receue avons l’umble supplicacion de nostre bien amé 
Pierre du Lis, chevalier, contenant que, pour acquiter 
sa loyauté envers monseigneur le Roy et nous, il s’en 
feust départi (était parti) de son païs et venu (au) 
service de mondit seigneur le Roy et de nous, en la 
compaignie de Jehanne-la-Pucelle, sa soeur, avecqs 
laquelle jusques à son absentement et depuis ce jour 
jusques à présent
, il a exposé son corps et ses biens 
oudit service, et au faict des guerres de mondit seigneur 
le Roy, tant à la résistance des ennemis de ce royaume 
qui tindrent le siège devant nostre ville d’Orliens, come 
en plusieurs voïages faiz en entprins (entrepris) par 
mondit seigneur le Roy et ses chiefs de guerre et 
autrement en plusieurs et divers lieux, et par fortune 
desdictes guerres a esté prisonnier desdits ennemis et 
à ceste cause vendu les héritaiges de sa femme et perdu 
tous ses biens tellement que a paine a de quoy vivre 
ne (ni) avoir la vie de sa femme et de ses enfants."

Ce qui signifie qu'à l'époque de la donation, soit en 1443, Jeanne la Pucelle est bien vivante...

Nous n’avons pas encore suffisamment étudié toutes ces hypothèses pour livrer ce jour notre opinion, mais envisageons que la solution doit représenter un savant mélange de toutes les précédentes hypothèses, l'Italie, Arlon, auprès de Sigismond, ou bien l'Angleterre auprès de Charles d'Orléans...

En conclusion, on voit qu’au Moyen-âge on a mis au point une histoire édifiante pour pour rénover ( réformer ? ) ou réorienter la religion catholique vers ses bases initiales. Qui ne niaient ni le mariage de Jésus et Marie-Madeleine… ni l’émergence de leur descendance…

Il n’est pas dans notre propos de suivre le déroulement de cette entreprise au-delà de la période qui concerne ce site. Indiquons simplement que René d’Anjou, par son mode de vie, annoncera la Renaissance, et que Charles VII en 1438 promulguera la « Pragmatique Sanction de Bourges » qui réduira drastiquement les pouvoirs du Pape. Lire en ligne l'ouvrage de Noël Valois: "Histoire de la pragmatique sanction de Bourges"