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Jeanne ou St Maurice ?Les secrets de Jeanne - Questionnements & hypothèses

Les représentations de Jeanne au Moyen-âge : l'état de nos recherches... 

Proposé par ERJIEM

Les représentations de Jeanne réalisées de son vivant, en fresques, esquisses ou peintures, semblent pour le moins limitées, voire quasiment inexistantes... Ce qui nous étonne ! à une époque où le moindre nobliau s'est fait tirer le portrait, on aurait un personnage de stature internationale qui aurait été oublié de tout le monde artistique ?
Nous avons donc souhaité recenser dans ce chapître les images de la Pucelle d'Orléans, du moins celles peintes alors qu'elle était encore en vie, soit jusqu'en 1452.
Nous verrons donc en premier celle que l'on peut qualifier " d'officielle " tant elle est utilisée par les tenants de la légende...
Puis celles admises par une frange seulement de la branche traditionaliste...
Et enfin toutes les autres, soigneusement dissimulées par nos bons " Historiens "...

La représentation officielle ...

L'esquisse de Fauquembergue :

croquis de fauquemberge

Le dessin de Fauquembergue

Selon Wikipedia : seule représentation connue de Jeanne d'Arc faite de son vivant, en 1429. Il s'agit d'un portrait imaginaire, son auteur, Clément de Fauquembergue, n'ayant jamais rencontré la Pucelle d'Orléans.

Pour une fois que Wikipedia énonce clairement une vérité... Cette seule explication permet à nos lecteurs de juger de la véracité de cette représentation ! " L'auteur n'a jamais rencontré la Pucelle... " Mais d'un autre côté, une nouvelle preuve du caractère péremptoire des avis de ce site : " la seule représentation... "

Puis les représentations relativement admises...

La lettrine d'un manuscrit enluminé du XVe siècle

Jeanne en costume de paysanne, sur un parchemin conservé à la BNF Paris ( département des manuscrits, ms latin 14665, folio 349 recto, XVe siècle )

Lettrine d'un parchemin du XVe.

On peut constater sur ce portrait, en premier lieu, la couleur et la taille des cheveux de Jeanne. En second lieu, on découvre qu'on a représenté l'héroïne entre un château (Celui de l'Isle ?) et un bois (la forêt de Greux ?)... L'artiste a également tracé des monticules noirs, vraisemblablement pour figurer l'activité des charbonniers dans ce secteur. Une remarque en outre : Il nous parait évident que la partie haute de la hallebarde a été rajoutée plus tardivement au dessin. N'était-ce pas simplement un bâton que tenait Jeanne à l'origine, soit le marlin, soit l'enchantillon des bons .'. cousins .'. charbonniers !

Les vigiles de Charles VII :

Les " Vigiles de Charles VII " est un manuscrit médiéval avec poème sur la guerre de Cent Ans, écrit par Martial d'Auvergne, né en 1420. ( Paris, BnF, département des Manuscrits ). Lire en ligne.

On peut y découvrir une série d'illustrations dont certaines nous montrent Jeanne à divers moments de son épopée.
Dont celles-ci :

- Jeanne est présentée au dauphin
- L'assaut sur Paris,
- Les prostituées sont chassées de l'armée,
- La remise des clés de Troyes,
- La capture de Compiègne,
- Jeanne est conduite vers ses juges,
- Le bûcher,
- Le sacre de Reims.

Les vigiles de Charles VII

Un détail présent sur certaines de ces vues interpelle : Jeanne porte ostensiblement un bâton à la main... Nous pensons qu'il s'agit du marlin, le bâton des dignitaires des Bons.'.Cousins.'.Charbonniers, société quelque peu confidentielle, mais néanmoins particulièrement puissante, qui semble avoir joué un rôle important dans la saga...

Jeanne au sacre

Au sacre de Reims, derrière les pairs de France, on reconnait Jeanne munie de son "Marlin"...et coiffée d'un bonnet rouge.

Deux autres représentations de Jeanne issues de la même collection... Remarquer la couleur des cheveux et la taille des mains !

Jeanne en robeJeanne rencontre le roi

Voilà pour les représentations de Jeanne admises par les historiens, ( avec quelques réserves parfois... ) Nous allons maintenant vous présenter d'autres images, reconnues par une partie des traditionalistes, mais niées par les autres...

Pour mémoire, dans un autre style :

Une autre représentation de Jeanne, un bas relief sur pierre conservé au Musée de Chinon.

le bas relief de Chinon

Jeanne de profil, au Musée de la Tour de L'Horloge.

Les fresques de Bermont :

Lors de travaux de rénovation exécutés dans la Chapelle de Bermont (la réouverture d'une fenêtre) une fresque murale figurant un évêque est mise au jour... Et la peinture qui s'écaille par endroits laisse apparaître de petits dessins représentant chacun une jeune femme... L'association Notre Dame de Bermont, d'obédience traditionaliste SSPV, qui gère le site, a publié le 22 mai 1998 un petit opuscule, en collaboration avec l'évêché des Vosges, traitant de la découverte de ces représentations de Jeanne sous le titre : " le visage de Jeanne vraisemblablement découvert à Bermont "

Nous possédons un exemplaire de cette publication, qui semble introuvable de nos jours...

Jehanne La Pucelle

Une jeune femme en prière !

Il est à noter que cette demoiselle possède des cheveux clairs ( blonds ou roux ? ) et des yeux bleus, elle porte des vêtements d'homme, et se trouve agenouillée sur le dallage d'un château. (dixit l'opuscule de l'Association)

Joan Of Arc 2

La femme sur la litre...

C'est cette peinture qui pose maintenant problème aux traditionalistes... Sur l'ouvrage publié par l'association N.D Bermont, on peut trouver l'analyse par l'évêché de cette fresque, qui estime qu'il s'agit là d'une femme représentée sur "la litre", donc d'origine noble... (Quelques informations à propos de la litre)
Car au Moyen-âge existait pour les nobles un " droit de litre ", qui permettait de faire figurer dans l'église ou la chapelle de leurs obsèques ce bandeau de deuil ainsi nommé. Soit on figurait le blason du défunt, soit ses initiales, soit encore sa représentation, souligné d'une bande noire...

Ce qui signifie bien évidemment que Jeanne a eu droit à une messe d'enterrement qui s'est déroulée en cette chapelle.

Nos lecteurs pourraient s'en étonner, qui savent que la Pucelle a été enterrée en l'église de Pulligny !

L'explication est fort simple : à cette époque, on rapportait le corps du défunt à l'endroit qu'il avait désigné pour ses obsèques, soit son lieu de baptême, soit son lieu de naissance, soit simplement selon ses dernières volontés, par exemple dans une chapelle qu'il avait construite, embellie, ou dotée.
Il n'y avait bien sûr aucun problème pour les personnes décédées dans leur lit, mais le problème était bien plus sensible en cas de mort violente, souvent par arme.
On avait alors coutume de vider le cadavre de ses viscères, qu'on enterrait localement... Ce qui est vraisemblablement le cas de notre héroïne ; assassinée selon notre hypothèse ( voir l'article : Pulligny ) aux environs de Greux ( sur le territoire duquel village est sise la chapelle de Bermont ), il avait fallu " préparer " le corps avant de le rapatrier vers sa dernière demeure.
On avait donc dû procéder à son éviscération et à l'enfouissement en " terre chrétienne " de ces restes. Après bien sûr une cérémonie funèbre, pour laquelle on avait tracé ce bandeau de deuil sous cette petite figure de Jeanne...

Cette partition du corps ( dilaceratio corporis, « division du corps » en cœur, entrailles et corps ) avec des sépultures multiples est un privilège de la dynastie capétienne et des proches qu'elle veut honorer. Elle permet ainsi la multiplication des cérémonies ( funérailles du corps, la plus importante, puis funérailles du cœur et funérailles des entrailles ) et des lieux ( avec un tombeau de corps, un tombeau de cœur et un tombeau d'entrailles ) où honorer le défunt.
( Lire une communication de Pierre Duparc à propos de la dilaceratio corporis)
Rappelons également, pour compléter ce commentaire, que certains auteurs traditionalistes font mention du coeur de Jeanne qu'on aurait miraculeusement retrouvé... Ce qui conforte notre opinion quant à cette " dilaceratio corporis ", avec des viscères à Greux, un corps à Pulligny puis Cléry Saint André, et un coeur peut-être maintenant dans une collection privée, ou sous le dallage d'une célèbre cathédrale ?

un reliquaire de coeur

Un reliquaire pour coeur, typique du Moyen-âge.

Alors où a-t-on pu enfouir ces restes de Jeanne ? la question se pose... Nous pouvons envisager au moins deux hypothèses :

- Le cimetière de l'ancien village de Greux.
- Le site même de l'ermitage de Bermont.

Concernant la première hypothèse :
Le touriste qui visite le secteur de Domremy la Pucelle peut faire halte au lieudit " les statues en forêt ", situé à droite de la petite route qui mène depuis le village ( actuel ) de Greux jusqu' à la chapelle de Bermont. On y trouve de nos jours, à l'endroit où se situait au Moyen-âge le cimetière de ce village, trois statues érigées sur une sorte d'autel de pierre... Le village médiéval se trouvant alors dans le petit bois situé juste au-dessus de ce lieu. On peut envisager que ce petit coin anonyme abrite toujours une partie de la dépouille de la Pucelle...
Quant à la seconde hypothèse :
Celle-ci nous fait envisager que Jeanne a pu être ( en partie, voir supra ) ensevelie dans le périmètre de la Chapelle de Bermont... On y trouve d'ailleurs un petit enclos avec un monument funéraire... On a donc parfaitement pu enfouir dans ce secteur une partie des restes de la Pucelle...

Il est à noter que les historiens traditionalistes réfutent totalement notre version, allant même jusqu'à nier maintenant que ce soit Jeanne qui soit représentée à Bermont... C'est ce que nous appelons le syndrome de Saint Maurice...
Mme Beaune, à la page 208 de son ouvrage " Vérités et Légendes " écrit :

" Une excitation du même genre naquit, entre 1991 et 1998, quand furent découvertes, à l'occasion de travaux de restauration dans la chapelle de Bermont, au dessus de Domremy où Jeanne allait prier, deux silhouettes féminines à genoux aux pieds de St Thiébaut, incontestablement peintes au XVe siècle.
Et si l'une d'entre elles, une jeune fille en robe sombre, blonde aux yeux bleus, était Jeanne d'Arc ?
Ce n'était qu'une humble donatrice, comme on s'en aperçut assez vite ".

Portrait de Colette beaune

Colette Beaune

Nous avons interrogé le responsable du site de Bermont quant à cet avis de Mme Beaune... " Elle n'est jamais venue voir sur place " nous fut-il répondu...
On doit également remarquer la description quelque peu fantaisiste que l'historienne fait du personnage concerné... quand nous y voyons une jeune femme portant un vêtement d'homme de couleur claire, et nul St Thièbaut dans la scène... Quant à l'humble donatrice qu'évoque l'historienne, elle demeure toujours inconnue, et n'existe à vrai dire que dans l'imaginaire de Mme Beaune.
Et si Mme Beaune distingue deux " silhouettes à genoux ", Olivier Bouzy y voit lui trois petits personnages...

Jehanne La Pucelle

La blonde de la fresque porte un vêtement court de couleur claire, sur des chausses rouges et des houseaux beiges

En résumé

On s'aperçoit que l'histoire traditionaliste ne nous présente en fait qu'un seul " portrait " de Jeanne, celui de Fauquembergue, dont on sait qu'il est tracé par quelqu'un qui ne l'a jamais vue... Nous avons cité pour mémoire les Vigiles de Charles VII, rarement mises en avant.
Par contre, les fresques de Bermont, dont on peut aisément imaginer qu'elles ont été produites par des témoins visuels, sont rejetées, car non conformes à la " Légende Dorée " : Jeanne y est une paysanne noiraude au teint hâlé par les travaux des champs, et non une fille blonde au teint clair et aux grands yeux bleus !

Alors avons-nous décidé de nous lancer dans la quête du vrai visage de Jeanne, à la suite d'une discussion avec notre amie Annecke Veelen, écrivain hollandais, autrice d'un ouvrage sur la Pucelle.
Cette dernière part d'un postulat que nous partageons.
Il est évident que l'on a délibérement supprimé ou caché ( et parfois même détruit ) les tableaux sur lesquels Jeanne apparaissait seule. Il faut savoir qu'au Moyen-âge, le plus petit nobliau se faisait représenter, et qu'on possède une foultitude de peintures des grands comme des petits personnages de l'époque... Il est donc étonnant qu'une personne aussi connue que Jeanne n'aurait laissé aucun souvenir pictural.
Nous avons donc recherché les tableaux sur lesquels Jeanne n'apparaitrait point seule, ou en personnage principal !

Et la moisson fut fructueuse ! ci-après, les représentations "mythographiques" de la Pucelle...

Le retable des rois mages

Un correspondant allemand nous a fait parvenir les photographies du volet de droite d'un retable apparu puis disparu en Allemagne, après avoir été découpé et vendu aux enchères...

Nous avons d'ailleurs consacré un article complet à ce sujet... Lire l'article : Le retable

le volet droit du retable des rois mages

DreiKönig Altar

Jeanne en détail sur le retable

On y découvre une Jeanne totalement inhabituelle, revêtue d'un costume " civil " ( masculin bien sûr ) et non d'une armure, portant sur l'épaule l'épée de Fierbois, et au côté un " messer "...
Elle présente une très forte poitrine, et soulage du pouce glissé dans sa ceinture un ventre rebondi par une visible grossesse...

Le lecteur qui souhaite aller plus avant dans la connaissance de cette tenue pourra utilement visiter le lien suivant pour y télécharger l'ouvrage d'Adrien Harmant sur " Jeanne d'Arc, ses costumes, son armure "

Ses cheveux semblent clairs et mi-longs... et non coupés à l'écuelle comme ceux des militaires de l'époque... On doit aussi noter qu'ils sont apparents, contrairement à l'usage d'alors, qui voulait que les femmes soient coiffées et non " en cheveux " !

Le retable de l'Agneau Mystique (Het Lams God)

Ce retable se trouve en Belgique, en la basilique St Bavon de Gand. Commencé par les frères Van Eyck en 1426, il a été terminé en 1432... Il est donc parfaitement contemporain de Jeanne !

Het lams God

Le retable de l'Agneau Mystique en la basilique de Gand

Cette oeuvre est composée de plusieurs volets, dont celui intitulé " les chevaliers du Christ " a retenu notre attention.

le volet des chevaliers du christ

Le volet dit des "Chevaliers du Christ"

Et au premier plan de ce volet se trouve un personnage en armure, dont on envisage qu'il peut être Jeanne...

Jeanne en premier plan sur ce volet

On découvre une femme, ( la forme du plastron de l'armure ne laissant guère de doute sur la présence évidente d'une poitrine ) , aux cheveux blonds-roux mi-longs bouclés, semblables aux cheveux de la porteuse d'épée du paragraphe précédent...On peut voir la couleur de sa " huque " et de sa robe, vert perdu.
On se doit de noter la présence derrière Jeanne d'un homme à la barbe grisonnante auquel nous trouvons un air de ressemblance avec l'Empereur d'alors de l'Empire Romain Germanique, Sigismond de Luxembourg, que l'on va retrouver dans le prochain paragraphe...

Le lecteur intéressé pourra utilement visiter le site suivant, qui étudie le Het Lam Gods en détail. ainsi que pour les néerlandophones, se procurer les ouvrages respectifs de Peter Vorn, "Jan van Eyck en Jeanne d'Arc, et de Patrick Bernauw, "Mysteries van Het Lam Gods", qui fournissent d'interessantes études sur tout ou partie du ratable de Gand.

Le parchemin de Sigismond 1er

Dans le courant de l'année 2013, un correspondant anglais nous fournit une information que nous jugeons importante pour la compréhension du personnage de Jeanne...

La célèbre salle des ventes aux enchères Sotheby de Londres a adjugé en 2009 (pour 1.161 250 Livres) le livre de Sigismond 1er, empereur Romain Germanique. C'est presque certainement Albrecht Ebner ( ou son frère Matthias? ) qui en fut l'auteur pour les textes, et Diebold Lauber, artiste alsacien ayant son atelier à Haguenau, qui en réalisa les enluminures. L'empereur Sigismond est contemporain de Jeanne, ayant vécu de 1368 à 1437.Le livre a été terminé en 1438.

Visiter le site de Sotheby relatif à cette vente.

Ce parchemin est orné, entre autres, de trois enluminures relatives à la Pucelle,dont nous avons pu récupérer copies des deux premières...

l'empereur envoie un courrier à Jeanne d'Arc

Jeanne reçoit le messager de l'Empereur Sigismond 1er

Selon le catalogue de la vente, cette miniature est ainsi légendée : le roi Sigismond envoyant un messager pour donner un courrier muni d'un sceau à la vierge qui a réalisé de nombreux miracles ( Jeanne d'Arc, en habit rouge et coiffe blanche ; noter que cette peinture et les deux suivantes sont presque certainement les plus anciennes représentations de Jeanne )

détail du visage de Jeanne

Détail du visage de Jeanne.

Jeanne répond à Sigismond

Jeanne répond au message de l'Empereur

Jeanne ( nommée ici la "Demoiselle d'Orléans" dans le cartouche ) renvoyant un messager pour rapporter une lettre au roi Sigismond ( la lettre selon le titre est datée du 22 Mars 1429 ).

Il est à noter que la lettre de Jeanne est datée du 22 mars 1429, soit environ 2 semaines après son arrivée à Chinon... Ce qui implique donc que la lettre que lui envoie l'empereur a été envoyée au moins quelques semaines auparavant... A ces dates, Jeanne n'est alors "officiellement" que la bergère illettrée de la légende, puisque toujours à Vaucouleurs. Par ailleurs, la "délivrance" d'Orléans ne se fera que le 8 mai 1429... et néanmoins, on la nomme la demoiselle d'Orléans !

Lire les détails du catalogue ( en anglais )

Ces deux enluminures ne sont pas des représentations fidèles de Jeanne quant aux traits du visage, bien évidemment... Mais elles présentent un intérêt certain, en établissant que Jeanne n'est point l'analphabète que nous présente la version officielle... On a au contraire voulu illustrer dans ces miniatures le fait que Jeanne était en relation épistolaire avec un des plus grands personnages de son époque ! il est à noter que les deux personnages principaux ont sensiblement la même taille, ce qui implique une certaine égalité de rang.

La publicité de la maison Sotheby pour la vente des manuscrits de l'empereur Sigismond

Ce seul document détruit à lui seul la légende de la bergère de Domremy ! En effet, le livre de l'empereur Sigismond est un document incontestable du Moyen-âge. Ses illustrations sont donc des preuves irréfragables quant à Jeanne... Or, elles nous confirment que celle-ci est assez connue du personnage le plus important de son temps pour qu'il entretienne une correspondance avec elle ! On est donc ici en totale contradiction avec la légende qui nous décrit une humble bergère habitant un village perdu de la Champagne d'alors.

Et surtout on s'aperçoit que la Pucelle n'est point attifée en paysanne... Elle arbore même au revers de son manteau les mêmes ornements que ceux de l'Empereur... Sur chaque enluminure apparaissent les trois fleurs de lys emblèmes de la Royauté...

En savoir plus sur Diebold Lauber.

L'illustration du Jouvencel :

Le " Jouvencel " de Jean V de Bueil (1406-1477) est un livre assez curieux, récit semi-autobiographique contenant un récit à clefs du siège d’Orléans...On trouve dans cet ouvrage quelques illustrations, dont celle que nous présentons ci-dessous.

Jeanne un genou en terre présente une lettre à son roi

Jeanne agenouillée donnant une lettre au Roi.

" Elle vit à Arras une peinture en la main d'un Escot, et y avoit la semblance d'elle toute armée, et présentoit unes lectres à son Roy, et estoict agenouillée d'un genoul... oncques ne vit ou fist faire aultre ymaige ou paincture à la semblance d'elle " .

Même s'il est particulièrement difficile de faire le tri entre la partie crédible et l'invention pure dans le procès de Rouen, il nous parait clair que seules les parties sans grande importance sont à préserver... Et dans celles-ci évoque-t-on un portrait, fait à l'image de Jeanne agenouillée présentant une lettre à son Roi... Cette peinture, " faite par un escot ", serait perdue de nos jours nous assure-t-on ! cette image, utilisée par un compagnon d'arme de Jeanne pour illustrer un document autobiographique, est vraisemblablement une copie de ce célèbre tableau...

Jean V de Bueil, dit le " Fléau des Anglais ", est un des compagnons de Jeanne. Il est en particulier présent aux côtés de la Pucelle à la prise de Sablé, aux batailles de Jargeau, Meung-sur-Loire, Beaugency, Patay, et à Reims ( où ils accompagnent le dauphin Charles pour son sacre ), puis à Paris.

Lire en ligne " le Jouvencel de Jean de Bueil ".

Meister des Albrechtsaltars

Une représentation très peu connue de Jeanne, sur un volet droit d'un retable des Litanies de St Laurent ( Lauretanischen Litanei ), peinture sur bois réalisée aux alentours de 1437.

Litanies de St Laurent

Le volet mobile de droite du retable.

Jeanne des Litanies de St Laurent entourée de ses frères du paradis

On distingue, accrochée au mur, son épée très spécifique, un "messer" Et au dessus de sa "salade", le même type de petit bouclier, la targe, que celui rencontré sur le retable de Saint Bavon de Gand...

Le Maître de l'autel d'Albrecht ( Meister des Albrechtsaltars ) compte parmi les peintres sur tableau les plus significatifs de la génération d'artistes postérieure à 1400 et il est considéré comme l'un des représentants principaux du style réaliste dans la peinture viennoise.
Il fut nommé ainsi d'après son oeuvre principale, l'autel d'Albrecht, autrefois maître-hôtel de l'église carmélite " am Hof " à Vienne, sur lequel le Roi Albrecht II est représenté.

L'oeuvre que nous présentons se trouve au StiftMuseum de Klosterneuburg, près de Vienne en Autriche.
Jeanne est revêtue d'une armure et porte une huque " vert perdu " couleur officielle de la Maison d'Orléans. Au mur sont accrochées les diverses pièces de son armure, ainsi qu'une épée de type " Messer ", déjà observée sur le retable exposé supra. On notera également que l'auteur a fait figurer aux pieds de Jeanne une touffe de muguet !
On distingue autour de sa tête une auréole, et elle est entourée de 4 personnages ailés en armes, des anges en quelque sorte...

Ces 4 anges revêtus d' armures interpellent ! il faut se souvenir en effet que Jeanne évoquait souvent " ses frères du paradis "... Le peintre n'aurait-il pas choisi de représenter entourant la Pucelle ses frères, les 4 enfants mâles d'Isabeau de Bavière, précocement décédés ?
En effet, Charles de France est mort en 1386, Charles, Duc de Guyenne en 1401, Louis en 1415, et Jean en 1417... Deux sont morts encore enfants, qui figureraient en premier plan sur le tableau. Les deux autres, à 18 et 19 ans étaient déjà des adultes,et seraient au second plan.

P. Caze nous en dit plus sur les paroles de Jeanne à propos de ses frères du paradis:

" De qui parle-t-elle ainsi ? Qui étaient ceux qu'elle désignait sous le nom de ses frères du Paradis ? Ce ne pouvait être les anges, car la religion n'assimile pas à ce point leur nature avec la nôtre. Ce n'étaient pas les saintes qui lui apparaissaient ; le mot de frères ne pouvant en aucune sorte leur être appliqué !"
" Charles VII n'était que le cinquième fils de la Reine Isabelle. Les quatre autres, morts à des âges différents, étaient comme lui, par leur mère, frères de la Pucelle. Dans les visions qu'elle avait eues, dans les révélations qu'elle avait obtenues, ces quatre Princes ne lui avaient-ils pas été souvent représentés comme des esprits célestes dont les regards fraternels surveillaient du haut des cieux et dirigeaient sa destinée ?" ( II, p223 )

Charles de France ( 25/09/1386 - 28/12/1386 )
Charles de France - Duc de Guyenne ( 06/02/1392 - 13/01/1401 )
Louis de France ( 22/01/1397 - 18/12/1415 )
Jean de France ( 31/08/1398 - 04/04/1417 )

portrait de Louis de Guyenneportrait de Jean de Touraine

Louis de Guyenne et Jean de Touraine

Le sceau d'Isabeau...

On peut consater que sur l'avers de son sceau, Isabeau de Bavière est elle aussi représentée entourée de 4 anges...

Sceau d'isabeau

Isabeau de Bavière entourée de 4 anges... Est-ce l'allusion à ses 4 garçons déjà décédés ?


La chronique abrégée des Rois de France

Une enluminure d'un manuscrit tiré de la chronique abrégée des Rois de France.(BNF NAF 4811 folio 55 verso) Jeanne se trouve dans la partie droite de l'image, en armure et porteuse d'un étendard fleurdelysé.

peinture dans le Jouvencel

Jeanne en armure assiste au couronnement.

L'Escorial de Madrid

On découvre au Musée de l'Escorial de Madrid une image assez curieuse de Jeanne, là encore à genou et présentant une lettre à son Roi...

Nous avons en fait découvert deux versions de cette peinture, qui restent néanmoins assez similaires. Nous vous en présentons donc une, plus complète que l'autre...

peinture dans le Jouvencel

Jeanne en armure et le genou en terre présente une lettre au Roi.

On peut également remarquer que la Pucelle porte un vêtement vert foncé, couleur de la Maison d'Orléans, et qu'elle tient à la main une coiffe, sans doute un bonnet, rouge...

Le triptyque de Froment

Sur le volet droit de la " Vierge au buisson ardent ", triptyque peint par Nicolas Froment en 1475 pour la basilique d'Aix, suite à une commande du Bon Roi René, l'historienne américaine Patricia Nell Warren se pose la question de savoir qui est cette rousse qui prête ses traits à Ste Catherine ? cette spécialiste analyse le tableau et identifie les personnages qui posent ici dans les rôles des personnages connus.

Ainsi Marie-madeleine emprunte-t-elle ses traits à Isabelle de Lorraine, la première épouse de René.

Retable Froment

La vierge au buisson ardent, peint par Nicolas Froment en 1475

Jeanne en robe verte modèle pour le retable de Froment

Un détail du tableau: Sainte catherine ?

Pour Patricia Nell Warren, c'est la Pucelle d'Orléans qui prête ses traits au personnage de Sainte Catherine... On peut remarquer la couleur des cheveux de cette femme, ainsi que la couleur de sa robe : le vert perdu de la Maison d'Orléans...

Par ailleurs, on doit noter que le personnage en armure du volet de gauche du rétable porte un étendard figurant une escarboucle à 8 rais... Selon Olivier de Vrée ( ou Vredius ), ce motif était autrefois utilisé par la maison des Armoises, puis par celle de Lorraine.

sceau du duc de Lorraine

Mathieu 1er, Duc de Lorraine.

Par ailleurs, un lecteur nous fait parvenir l'image du sceau templier, qui nous montre deux cavaliers sur une même monture, dont les écus arborent la fameuse escarboucle...

sceau affichant l'escarboucle

Le sceau des Templiers

Un retable à Dresde ?

Toujours sainte Catherine sur ce retable de Dresde ? peint en 1437 par un des frères Van Eyck, on peut y voir, sur le volet droit, une jeune femme rousse armée d'une épée, et visiblement enceinte... Comme cette dernière ne porte pas l'auréole, on peut imaginer qu'il ne s'agit pas d'une " sainte ", mais bien d'une laïque...

qui est cette rousse à l'épée enceinte?

Le triptyque de dresde

On peut remarquer le médaillon autour de son cou, et toujours, la couleur de ses cheveux...

A la cour de René...

Au hasard de nos recherches, nous avons découvert une curieuse image, figurant un événement à la Cour du Roi René ( encore jeune comme on peut le constater ! ), mettant en scène, entre autres personnages, une jeune femme munie du traditionnel bâton, le " Marlin ", apanage des Bons.'.Cousins.'.Charbonniers. Nous la publions bien sûr sans certitude quant à son identité... Mais avec de fortes présomptions toutefois !

l'aveu au roi René

Qui est cette femme aux côtés du Roi René ?

Toujours un personnage aux cheveux clairs, vêtu de vert foncé... Le vert perdu de la Maison d'Orléans... Et qui pose sa main sur l'épaule d'un autre intervenant de la saga, que nous identifions comme Dunois, le Bâtard d'Orléans...

Dunois

Le bâtard d'Orléans, Jean de Dunois.

Le portrait de Jaulny :

Nous ne pouvions pas terminer cet article sans évoquer le célèbre portrait de la Dame des Armoises, visible dans la salle à manger du château de Jaulny...

Jeanne des Armoises en portrait à Jaulny

Jeanne en médaillon au château de Jaulny

A propos du portrait ci-dessus, Mme Beaune le décrit (page 207 de son ouvrage "Jeanne d'Arc, Vérités et légendes") comme le profil d'une femme "brune et casquée"...
Quant à nous, nous sommes dans l'impossibilité de définir la couleur des cheveux, dans la mesure où cette femme est couverte d'une coiffe ( et non d'un casque ) qui masque entièrement sa chevelure ! mais c'est vrai que Mme Beaune est historienne...

Ce portrait a dû être réalisé aux alentours de 1445 à l'occasion du mariage de la fille de Jeanne ( et de René d'Anjou ) à Ferri de Vaudémont... Bien sûr, il est contesté par les traditionalistes, mais un fait curieux a été confirmé il y a quelques années par des anthropologues de la police criminelle allemande ( BKA ). Ceux-ci ont comparé de façon scientifique ce profil à celui d'une tête sculptée en pierre polychromée retrouvée dans les ruines d'une église d'Orléans, et reconnue alors comme le visage de Jeanne.
Leur conclusion fut sans appel : la même personne avait posé dans les deux cas, à plusieurs années d'intervalle bien sûr !

la tête casquée d'Orléans

Quelques informations sur cette tête :

Cette sculpture d'une tête de "saint" qui a été découverte en 1820 dans les ruines d'une église St Maurice-St Eloi d'Orléans serait sculptée d'après le visage de Jeanne...
Souvent identifiée comme la tête d'une statue de St Maurice dont le modèle aurait été Jeanne, mais elle serait plus certainement la tête d'une statue de Saint George. Cet objet est en pierre polychromée de très haute qualité, certainement faite à la fin du XVe ou au début du XVIe ( le style du casque étant quant à lui du premier tiers du XVe ).
Cette idée que cette tête avait été sculptée d'après les traits de Jeanne était très populaire dans le romantisme du XIXe, défendue avec enthousiasme par Walter Scott, et également par Bernard Shaw !
L'artiste Louis-Ernest Barrias ( 1841–1905 ) a produit une tête de Jeanne d'Arc sensiblement similaire... ( Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris, inv. no. PPS1289 ).
St-Éloi, église à l'ouest de la cathédrale d'Orléans ( 47.9013 N 1.9083 E ), était précédemment dédiée à Saint Maurice ( mais fut re-dédiée à St Éloi en 1388 ), pour laquelle raison cette tête fut attribuée à ce saint. L'argument de Walter Scott était que ce dernier était d'habitude représenté comme un maure barbu, et que cette tête était indubitablement celle d'une jeune femme blanche de 20 ans .
En démolissant une partie du mur intérieur sud de l'ancienne église de Saint-Eloi d'Orléans, pour y placer une machine à l'usage de la raffinerie de M. Pilté-Grenet qui l'occupe, on trouva les fragments d'une statue en pierre dure, représentant un guerrier ayant un casque et une cuirasse, d'une sculpture trés-gothique quoique bien faite ; M. Pilté, fit sur-le-champ don de cette statue au Musée où elle fut déposée dans le cabinet des antiquités ( 28-76-77. ) avec cette légende " Tête casquée découverte en 1820 dans les démolitions des restes de l'ancienne église Saint-Eloi-Saint-Maurice, considérée parfois, mais à tort, comme représentant Jeanne d'Arc ; c'est en réalité une tête de St Georges ".
In : " Val de Loire : Maine, Orléanais, Touraine, Anjou ", Hachette (1963), p. 70.

Ce qui en résumé nous donne :
On trouve en 1820 les restes d'une statue dans les ruines d'une église St Eloi à Orléans...
Qu'on identifie rapidement comme un saint Maurice, puisque cette sculpture de la fin du XVe a été trouvée dans un lieu dédié à ce saint jusqu'en 1388... Mais dont le visage aurait été sculpté d'après celui de Jeanne... ( On peut d'ailleurs se demander pourquoi ).
On date la statue de la fin du XVe début XVIe puisque le casque est d'un modèle porté vers 1425...
Et comme l'argument du saint noir et barbu ne tient plus en présence du visage d'une jeune femme blanche, on sort de la soutane fort à propos un saint George, dont on aurait sculpté le visage d'après celui de Jeanne... Là encore, pourquoi ?
Ce saint militant généralement du côté " anglais " faut-il le rappeler ! C'est le saint protecteur national de l'Angleterre depuis 1348...
On se doit de préciser que de nombreux auteurs (catholiques) ont utilisé l'image de cette sculpture pour illustrer les couvertures de leurs ouvrages johanniques... Et qu'en plus, les Ateliers du Musée du Louvre ont proposé à la vente une reproduction de cette même sculpture sous le nom de tête de Jeanne d'Arc...

Et naturellement toutes ces approximations ne gênent point aux entournures nos bons historiens...

Les recherches d'Ursula Backofen :

Les recherches menées par le Pr. Dr Ursula Wittwer Backofen ont d'ailleurs fait l'objet d'un documentaire dans la série Terra-X de la ZDF.

Ursula Wittwer compare les 2 représentations

Une curieuse coincidence des deux visages!

Pour en arriver à la conclusion que c'est la même femme qui a posé, à plusieurs années d'intervalle bien sûr ! De cette étude, les chercheurs concernés ont tiré un portrait robot.

une approche de portrait-robot

Une rousse aux yeux bleus...

La sculpture de la Cour d'Or de Metz...

Par contre, nous apportons ici une information essentielle confirmant la véracité de la fresque de Jaulny... En effet, le Musée de la Cour d'Or à Metz possède en ses réserves une sculpture sur bois d'époque médiévale, récupérée lors de la démolition de la maison où habitaient Robert et Jeanne des Armoises lors de leurs séjours en la ville lorraine, en face de l'église Sainte Ségolène !

la porte de lit clos de la Tête d'Or à Metz

Il est bien sûr dommage qu'une telle oeuvre ne soit pas offerte à la vue du public...
Mais cette aberration devrait bientôt cesser, selon le nouveau Conservateur des lieux...

Il est à noter que cette promesse de Philippe Brunella, le directeur du musée, n'est toujours pas suivie d'effet, 10 ans plus tard ! dommage...

La Jeanne au bûcher du Musée de Rouen

Il nous a d'ailleurs été très intéressant de constater que même certains milieux hyper-traditionalistes sont convaincus de cette couleur des cheveux de Jeanne. Pour preuve, c'est sous cet aspect qu'on avait représenté la Jeanne au bûcher du Musée de Rouen.
Cette exposition a maintenant disparu, et ses collections dispersées aux enchères. La question demeure de connaitre les sources de documentation de l'artiste qui avait conçu ce visage ?
Si un lecteur peut nous renseigner à ce sujet, il sera le bienvenu !

La Jeanne rousse du Musée de Rouen

Pendant toute la durée d'existence de ce Musée, haut lieu de la pensée traditionaliste, personne ne s'est, à notre connaissance, interrogé sur cette flagrante remise en cause de la "Vérité Historique", qui nous affirme que Jeanne avait les cheveux noirs !
Cela dit, on peut toujours constater que la "Jeanne au bûcher" du Musée de cire du Mont Saint Michel a également des cheveux d'un roux flamboyant...

La "fausse Jeanne d'Arc" du Musée de Versailles...

Ainsi qu'elle est dénommée par Charles Samaran dans une longue communication... Lire en ligne
En réalité on a là une huile sur bois du XVe, de 38cm par 34cm, conservée à Versailles (N° d'inventaire: MV5051) sous la dénomination: "La Vierge allaitant l'Enfant Jésus entre saint Michel et sainte Jeanne d'Arc"

Au musée de Versailles

Charles Samaran, de l'école des chartes, nous ressort donc en 1920 ce bon vieux saint Maurice, figure inoxydable de la geste traditionaliste johannique... ( Lire la critique complète de Ch. Samaran )
Alors qu'en 1884, Grasset d'Orcet écrivait à propos de ce même tableau :

Le plus précieux d’entre eux est un ex-voto qui a dû décorer une église de Langres, et qui représente la patronne des cornars de saint Marcel entre saint Michel à sa droite et Jeanne à sa gauche. L’écu de celle-ci reproduit les armoiries qui lui furent octroyées par Charles VII ; le costume qu’elle porte doit être celui avec lequel elle se présenta devant le roi, et qui était par lui-même un exposé de sa mission. Elle était armée de toutes pièces, mais par-dessus ses armes elle portait une cotte rouge garnie de grains d’argent (lunégrain), qui désignaient la ville de Langres, et son heaume était couvert d’un capuchon frangé de bleu, qui appartenait à la confrérie des Francs Jacques Pseaulmes, carbonniers royaux langriens. La couleur rouge de la cotte était celle des Dames de Remiremont. La pièce capitale de ce premier document est la bannière que porte Jeanne et qui diffère sensiblement de celle dont nous possédons la description. C’est sur cette bannière qu’est transcrite la mission particulière qu’elle avait reçue des cornars champenois.

Charles VII et sa cour.

De la même façon que l'on oublie les "Vigiles de Martial d'Auvergne", on fait également l'impasse sur les "Chroniques de Jean Chartier".
Ce dernier, né à Bayeux (vers 1385/1390), mort le 19 février 1464, moine de l'abbaye de st Denis, est l'historiographe de Charles VII.
Lire l'ouvrage en ligne.

Dans le document présenté ci-dessous, Charles VII entouré de sa cour, on aperçoit Jeanne la Pucelle.

le conseil royal

Au premier plan à droite, Jeanne la Pucelle.

Jeanne à Loches.

Un autre miniature sur laquelle figure Jeanne, annonçant à Charles VII devant l'entrée du château de Loches la libération d'Orléans...

Jeanne à Loches

Jeanne saluant le roi et lui annonçant la victoire d'Orléans

Là encore on peut constater qu'on représente la Pucelle avec des cheveux mi-longs, roux et frisés...

Un orfèvre dans son échoppe...

Notre ami Bernard Gallagher nous fait parvenir une fort intéressante étude sur un tableau de Petrus Christus, peintre flamand qui avait succédé à Jan van Eyck.

tableau de Petrus Christus

"Un orfèvre dans son échoppe", coll. Lehman, MetMuseum New York.

Le Musée décrit ainsi cette oeuvre :
" Chef-d'œuvre de l'art de la Renaissance nordique, ce tableau a été signé et daté de 1449 par Petrus Christus, principal peintre de Bruges (Flandres) après la mort de Jan van Eyck. Le panneau témoigne du vif intérêt des artistes des Pays-Bas pour l'illusionnisme pictural et une attention méticuleuse aux détails, en particulier des objets lumineux en verre, en métal et en bijoux, ainsi que des marchandises commerciales laïques et ecclésiastiques, exemples de la virtuosité de l'orfèvre " .
Bernard Gallagher évoque l'hypothèse que les deux personnages debout sont Jeanne et René... ( Lire en ligne l'article )

Un détail du tableau interpelle :

Dans le coin droit du tableau, l'artiste a placé un miroir, qui reflète deux passants devant la vitrine. On peut y reconnaitre de nouveau René et Jeanne...

le reflet dans le miroir ébréchéJeanne et l'oiseau de René

On peut alors remarquer que le miroir est fêlé, et que Jeanne porte sur son bras un oiseau...
Le bris du miroir ne symbolisant rien moins que la déchirure de l'hymen, et le volatile, " l'oiseau " hors de sa cage, le sexe de René d'Anjou...

L'orfèvre étant selon notre analyse Jacques Coeur, le financier de la campagne de Jeanne !

Toujours Jeanne...

Une autre peinture médièvale, Jeanne au procès (?)

Jeanne à Rouen

Jeanne à son procès ?

En conclusion...

Le lecteur peut aisément s'apercevoir que les représentations de Jeanne faites au XVe sont fort nombreuses, mais " oubliées " de la version officielle... Pour diverses raisons bien sûr !
La plupart d'entre elles ne correspondant pas à l'image de Jeanne que la " Légende Dorée " veut nous faire accroire...

On nous présente une paysanne...
Mais ses portraits révèlent une grande dame aux magnifiques atours,
Une analphabète...
Mais en relation épistolaire avec l'Empereur Romain Germanique...
Une fervente catholique...
Mais qui assume son haut grade dans un mouvement ésotérique, voire hérétique... les Charbonniers !

Nous affirmons donc que les représentations de Jeanne sont volontairement passées sous silence, car contraires au dogme...
Nous avons dans ce chapitre exposé les fresques de Bermont, maintenant quelque peu "enterrées"... Mais le lecteur doit savoir, qu'après la mise au jour des deux premières images de Jeanne, le site a été aussitôt classé par la Drac, mettant fin aux possibilités d'investigations locales... Que néanmoins des recherches ont été réalisées, à l'aide de techniques photographiques perfectionnées.
Et que bien sûr d'autres vues ont été découvertes...
Mais que la douzaine de ces petites scènes complémentaires exposant la vie de la Pucelle reste cachée !
Même aux yeux de certains traditionalistes, qui s'interrogent à présent sur une telle censure...

Alors que doit-on cacher à la Chapelle de Bermont ? la façon réelle dont Jeanne est arrivée à Domremy, sa vie réelle dans ce secteur, la façon dont elle a succombé, ou l'endroit de la mise en terre de ses entrailles ?

Ou bien encore tout cela à la fois...