Les voix et l'Ange
Dans l'épopée johannique sont mis en avant deux phénomènes surnaturels que se gardent bien d'expliquer les tenants de la thèse officielle, ou alors tout simplement par l'intervention divine, ce qui revient carrément au même !
L'existence de Dieu n'étant pas un fait scientifique acquis, il est bien évident que les miracles qu'il aurait accomplis paraissent hautement sujets à caution.
Et même si l'on pouvait prouver l'existence de Dieu, encore faudrait-il en l'occurrence que celui-ci soit le " seul vrai Dieu " de l'Eglise catholique, et davantage encore, le Dieu qui se situe du bon côté de cette guerre opposant les Armagnacs aux Bourguignons, et qui par voie de conséquence, oppose les franciscains aux dominicains, et même, un pape à un autre !
Beaucoup de conditions à réunir donc...
Rappelons ici les deux phénomènes paranormaux qui nous intéressent :
- Les Voix qui commandent à la jeune " Jeannette " d'effectuer la mission que l'on connait.
Les voix de Jeanne
- L' Ange qui apporte au futur Charles VII un mystérieux signe qui le fera reconnaître pour le vrai roi de France...
Les Voix.
Nous ne retiendrons ici que les apparitions de Domremy, mais toutefois, remarquons d'entrée de jeu que parler seulement des voix serait quelque peu réducteur :
Jeanne évoque non seulement les paroles qu'elle entend des trois personnages qui lui apparaissent, mais discute également de leur image, et même de leur matérialité, puisqu'elle affirme pouvoir les toucher, les embrasser, et sentir leur parfum...
Mais il est à noter que l'histoire officielle retient seulement le phénomène des simples voix, qui peut trouver une explication logique ( médicale ou psychiatrique ? ), alors qu'il paraît très difficile d'expliquer des apparitions faisant appel à pas moins de quatre des cinq sens de l'être humain...
Les juges d'ailleurs, dont on peut rappeler qu'étant eux mêmes des religieux de haut rang, se montreront particulièrement dubitatifs. De plus, ils doivent posséder une connaissance certaine des phénomènes surnaturels... et normalement croire professionnelement à l'existence des saints et saintes et autres anges et archanges....
Par contre, il semblerait que parmi les grands initiés de certains ordres religieux, ce vocable de " Voix " représente une réalité bien plus prosaïque.
Les " Voix " seraient tous simplement les porte-paroles du mouvement, les messagers, un peu comme maintenant la plupart des organismes ou sociétés privées possèdent un service de communication, seul habilité à s'exprimer.
Les saintes
D'autre part, les deux saintes reconnues et précisément nommées par Jeanne comme étant Marguerite ( d'Antioche ) et Catherine ( d'Alexandrie ) seront rayées du martyrologe des saints catholiques sous le règne du pape Jean XXIII, leur existence même ayant été remise en question.
Jean XXIII
Et dans la mesure où le Saint Père ne peut se tromper, en vertu du dogme de l'infaillibilité papale, on ne comprend pas très bien pourquoi les catholiques tiennent encore pour crédibles ces apparitions de saintes inexistantes.
En effet, dès lors qu' un pape ( moderne ) nie avec raison, après une étude approfondie menée par ses services, la véracité de ces deux personnages, on ne voit pas bien comment elles auraient pu se manifester au XVe siècle, au point d'apparaître en chair et en os à une pastourelle champenoise.
Cela dit, même le pape de l'époque médiévale avait émis de sérieux doutes sur le crédit à accorder aux apparitions, et même à la réalité du caractère divin de la mission de Jeanne.
En résumé, nous avons là une jeune femme qui affirme avec véhémence, quoiqu'un peu tardivement, ( car elle n'a en effet jamais fait part de ces apparitions ni au curé de sa paroisse, ni à quiconque de son entourage ), que depuis sa treizième année, elle a, à plusieurs reprises, rencontré deux belles dames, bien habillées, avec de beaux cheveux et exhalant un agréable parfum, qui l'ont informée des malheurs du " pays ", et surtout de la mission qu'on lui réservait !
Deux saintes donc !
Or, dans la plupart des mouvements occultes, la tradition est de modifier son patronyme lors de son intronisation. Ainsi dans le Tiers Ordre franciscain, appelait-on " saint " certains initiés ; comme encore à l'heure actuelle on nomme le Pape : " Saint Père ", ou " sa Sainteté " !
Le Tau des Franciscains
Et la même tradition voulait également que l'on se choisisse une nouvelle identité ; ce qui perdure actuellement : lorsque l'on croise une religieuse qui se nomme " Sœur Marie du Sacré Cœur de Jésus ", on peut être sûr qu'il ne s'agit pas de son patronyme de baptême, mais bien d'un pseudonyme !
Pour info, on trouvera ci-dessous les réelles identités des seize bienheureuses Carmélites de Compiègne, Thérèse de Saint-Augustin et ses compagnes, martyres le 17 juillet 1794 :
1 - Mère Thérèse de St. Augustin : Madeleine-Claudine Lidoine, 1752, Paris, St Sulpice
2 - Sœur Saint Louis : Marie-Anne-Françoise Brideau, 1751, Belfort
3 - Sœur de Jésus Crucifié : Marie-Amie Piedcourt,1715, Paris, St. Innocents
4 - Sœur Charlotte de la Résurrection : Anne-Marie-Madeleine-Françoise Thouret, 1715, Mouy (Oise)
5 - Sœur Euphrasie de l’Immaculée Conception : Marie-Claude-Cyprienne Brard, 1736, Bourth (Eure)
6 - Mère Henriette de Jésus : Marie-Françoise de Croissy, 1745, Paris, St. Roch
7 - Soeur Thérèse du Cœur de Marie : Marie-Anne Hanisset, 1742, Reims
8 - Sœur Thérèse de St. Ignace : Marie-Gabrielle Trézel, 1743, Compiègne, St. Jacques
9 - Sœur Julie-Louise de Jésus : Rose Crétien de Neuville, 1741, Évreux (Eure)
10 - Sœur Marie-Henriette de la Providence : Anne Pelras, 1760 Cajarc (Lot)
11 - Sœur Constance de Jésus : Marie-Geneviêve Meunier, 1765, St. Denis
12 - Sœur Marie du Saint-Ésprit : Angélique Roussel, 1742, Fresne-Mazancourt (Somme)
13 - Sœur Ste Marthe : Marie Dufour, 1741, Bannes (Sarthe)
14 - Sœur St. François-Xavier : Elisabeth-Juliue Verolot, 1764, Lignières (Aube)
15 - Sœur Catherine : Marie-Anne Soiron, 1742, Compiègne, St. Jacques
16 - Sœur Thérèse : Marie-Thérêse Soiron, 1748, Compiègne, St. Jacques
On constate aisément que leurs pseudonymes n'ont rien à voir avec l'identité réelle de ces femmes ! et qu'on y trouve même une soeur " Sainte " Marthe ...
Nombreux alors sont ceux qui envisagent comme véritables identités de ces deux " saintes " qui instruisent Jeanne, celles des dames de Bourlémont, en fait Jeanne de Bauffremont et Agnès de Joinville...
Et, fait notable, ces apparitions commencent à partir d'une date clé de l'histoire, la signature du fameux traité de Troyes, en 1420... Jeanne a alors réellement treize ans, puisque née en 1407 !
Le fameux traité de Troyes...
Et accessoirement, c'est à cette date-là que Jacques d'Arc devient le
locataire du Château de l'Isle, qui précisément appartient à la famille
de Bourlémont...
Comme le monde est petit !
Souhaite-t-on alors mettre à l'abri la future " championne ",
ou bien lui permettre de s'initier à l'art militaire discrètement, ou peut être même de lui rendre visite dans le plus grand secret ?
Vraisemblablement, tout cela à la fois...
Car quels personnages vont alors fréquenter cet endroit " isolé " (qualificatif qui donnera son nom à la forteresse habitée auparavant par les sires de Bourlémont sur les collines surplombant Domremy, le Château de l'Isle...( lire l'article sur le site)
Bertrand de Poulangy, Jean de Metz, René d'Anjou, les Dames de
Bourlémont, voire même Yolande d'Anjou, et la " Mère Nicolette ",
Colette de Corbie...
Rappelons-nous les conditions et termes du traité de Troyes :
La guerre de Cent ans s'éternise, qui ruine les partis en présence. On a
donc l'idée de résoudre le problème de la succession au trône de France
par un accord qui se fera au mieux des deux clans !
Le roi de France Charles VI donne donc sa fille en mariage au fils du
Roi d'Angleterre, et l'héritier qui en naîtra sera le souverain des deux
royaumes...
Et cet accord de paix recueille l'assentiment de tous, pape y compris.
A propos du traité de Troyes, rappelons en outre qu'il a été établi selon les prophéties énoncées par sainte Brigitte qui tirait quant à elle directement ses révélations de la bouche même de Jésus !
Pour mettre fin à la guerre de Cent Ans, Jésus ordonne la réconciliation par le mariage, qui donnera la paix souhaitée...Les deux souverains sont alors avertis des malheurs qui les toucheraient s'ils ne suivaient pas l'injonction christique...On doit donc admettre que le Fils de Dieu s'est trompé, ou que saint Michel l'a emporté dans cette querelle de succession!
Tout cela faisant un peu désordre !
« Pour que les deux royaumes obtiennent la justice, je veux qu’ils fassent la paix par un mariage et que le royaume appartienne ensuite au légitime héritier qui montera sur le trône . Le Christ ordonne aux rois de France et d’Angleterre de s’allier, de répandre la foi chrétienne, de mettre un terme à leurs exactions intolérables et de faire le bonheur de leurs sujets ».
Sainte Brigitte.
L'assentiment de tous ou presque, parce que l'on a oublié dans l'histoire la fameuse Reine d'Anjou, Yolande, qui a déjà beaucoup investi dans une autre hypothèse successorale...
Elle a en effet misé sur l'accession au trône de Charles VII, qu'elle a élevé en sa cour d'Anjou, et à qui elle a même donné sa fille en mariage !
De méchantes langues prétendent même qu'elle a donné quelques coups de pouce au destin, et que la mort (subite ?) des deux frères ainés de son gendre ne serait pas une véritable coïncidence.
Le traité de Troyes ruine donc ses espérances, vraisemblablement plus élevées que l'accession d'un fantoche au pouvoir. Un véritable projet de société en fait, mais qui passe par l'arrivée sur le trône de France de ce personnage malléable, qu'elle aura tôt fait de diriger ensuite grâce à la maîtresse qu'elle lui aura choisi.
Mais que faire contre un traité signé par les deux camps en présence, et validé par Rome ?
Simplement le faire dénoncer par un intervenant supérieur au Pape, Dieu lui-même, qui va agir par le truchement d'une interprète que l'on va " sortir du chapeau ", ou plutôt de la famille, Jeanne, la Pucelle d'Orléans.
Elle a, en plus de sa noble filiation, l'intérêt de coller parfaitement à la prédiction de Merlin, qui tenait en ces termes :
Une catin perdra la France,
Une vierge la sauvera,
L'une de l'autre sortira !
L'enchanteur Merlin.
Bien sûr, l'histoire officielle ne retiendra que les deux premiers termes de la prophétie, mais il est probable que les gens de l'époque de Jeanne, qui ont bâti toute l'affaire, la considéraient dans sa globalité !
A partir de 1420, on aura donc tout le temps de parfaire la préparation initiale, qu'elle a reçue au sein d'une congrégation religieuse, en lui donnant, maintenant qu'elle a terminé sa croissance, ( rappelons que les filles se mariaient et procréaient à partir de 11 ans ) un entrainement plus physique, et orienté vers l'art militaire.
Les historiens, à notre connaissance, ne se sont jamais posé la question de l'entrainement militaire des " frères " de Jeanne... Etait-ce là encore un miracle ? ont-ils eux aussi appris à chevaucher de fougueux destriers en menant de placides chevaux de labour boire à l'abreuvoir communal...? ou bien Dieu s'est-il là encore investi dans leur formation militaire ?
On va parfaire ses capacités d'écuyère en lui enseignant l'équitation de combat. Les traditionalistes nous expliquant généreusement que Jeanne montait très bien à cheval pour avoir dans sa jeunesse pratiqué les chevaux de son père Jacques Dailly, en les menant boire à l'abreuvoir, il convient de rappeler que,
d'une part, il n'y a guère de points communs entre un cheval de labour, placide percheron, et un destrier de combat, véritable " char d'assaut ",
et d'autre part que c'est uniquement avec les éperons que l'on guide cet animal, les mains du cavalier étant occupées par les armes et l'écu...
Car à cette époque, une partie de la mission est alors définie clairement : faire capoter le traité de Troyes, en faisant sacrer le poulain de Yolande d'Anjou.
Jeanne sera donc initiée, pendant sept ans, à l'art militaire et à la stratégie, bien à l'abri des hauts murs du Château de l'Isle, l'ancienne forteresse de la famille de Bourlémont, érigée sur le territoire de Greux et dominant Domremy.
Nous envisageons même qu'elle a pu voyager à travers l'Europe pour parfaire sa formation... En effet, Jeanne maîtrise " l'artillerie " ( c'est-à-dire plus simplement l'usage des armes à feu, qui commencent à apparaître sur les champs de bataille - se remémorer son " sniper " personnel, Jean le Lorrain - ), discipline que l'on envisage mal la voir acquérir à Domremy, et porte à son côté un " Messer ", ancêtre du sabre qui n'est pas utilisé dans ce secteur, mais plutôt en Allemagne...
Dans la main du combattant victorieux, le messer, ancêtre du sabre...
Et l'on commencera à bâtir autour d'elle la légende , celle de la pastourelle gardienne de brebis, qui renvoie l'image christique du bon pasteur, Jésus.
L'archange Michel
Etait-il prévu que le beau René, le Michel de la mise en scène, séduise la petite Jeanne ? oui et non pourrait-on dire...
Oui, car il était du destin de ces deux êtres de s'unir ( de façon alchimique s'entend ! ),
et non car l'heure n'en était point encore venue...
Mais la nature a fait son œuvre, et les deux tourtereaux, loin de la surveillance de la famille d'Arc, lors de la " fuite " à Neufchâteau, ont dû franchir un pas décisif :
Une union purement charnelle, qui quelques mois plus tard fera de Jeanne la maman de la petite Yolande, née vraisemblablement dans une petite ville située entre Reims et Soissons.
C'est au premier étage de cette vieille maison de Braine que Jeanne accouchera !
Car ne nous leurrons pas ! l'archange St Michel de la fable de Jeanne est comme les deux saintes un personnage de chair et d'os ; lui aussi se laisse toucher et embrasser, il est vêtu tantôt d'une armure étincelante, tantôt habillé en " prudhomme "...
St Michel, patron des chevaliers du Temple, et René, plus tard grand maître reconnu des Templiers d'Espagne, en Aragon, ne sont qu'une seule et même personne !
Le roi René écrivant une de ses oeuvres...
Il était impossible à Jeanne d'avouer que son mentor, son initiateur, était tout simplement le fils de Yolande d'Anjou, qui en tant que gendre du Duc de Lorraine, aurait dû se trouver du côté " anglais ".
Cela exposé, souvenons-nous que les troupes " anglaises " combattaient sous le patronage de l'archange Gabriel... Ce qui devait faire au ciel une belle pagaille, entre les deux archanges ennemis !
René, réclamé par Jeanne à son beau-père le Duc de Lorraine lors de sa
visite à Nancy, alors qu'elle n'était même pas censée le connaître, est
un personnage assez exceptionnel de la saga johannique et de son temps.
Lire l'article sur la visite à Nancy
Nous reparlerons de ce personnage hors du commun dans un chapitre à venir...
Néanmoins, les choses vont se précipiter quelque peu lorsque les " Anglais " auront la malencontreuse idée de s'en aller assiéger Orléans ! on peut d'ailleurs se demander pourquoi, dans la mesure où Charles d'Orléans était leur prisonnier, et qu'il suffisait de lui demander la reddition de la ville, chose que l'on aurait obtenue sans coup férir !
En passant, tordons le cou à cette légende qui veut que Jeanne soit appelée la Pucelle d'Orléans, parce qu'elle aurait délivrée la dite cité ! dans une correspondance du Pape et Jacques Gelu bien antérieure à ce fait d'armes, on trouve déjà mention de la " Puella Aurelianensis ", terme que l'on peut, quand il s'écrit comme ici avec une majuscule, considérer comme un titre de noblesse.
" Puella Aurelianensis ", Pucelle d'Orléans, pourrait se traduire par la Demoiselle d'Orléans, la petite puce en quelque sorte, la petite dernière de l'illustre famille !
Son père, Louis d'Orléans, a en effet été assassiné quelques semaines après la naissance de cette petite " bâtarde ", ou plutôt enfant illégitime, née de ses amours adultérines avec Isabeau de Bavière, Reine de France.
D'où le blason que les héraldistes de Charles VII lui confèreront, qui rappelle assez crûment ses origines...
L'épée aux cinq signes sur sa lame " férue " en pal dans la couronne royale
penchée vers l'arrière n'évoque rien de plus qu'un sexe masculin, celui de Louis
d'Orléans, pénétrant la vulve d'Isabeau de Bavière, la Reine... culbutée !
Lire l'article à propos du blason.
Même l'échelle a été respectée, et les deux quillons de l'épée peuvent apparaître ici comme les " génitoires " du beau Duc... ( Les extrémités arrondies des quillons de la garde sont nommés " couillettes " par les spécialistes de l'armement médiéval... )
Nous remercions ici une de nos fidèles lectrices qui nous a fait remarquer la ressemblance frappante entre Jeanne et son père, Louis d'Orléans, bien visible sur les deux vues ci-dessus.
Tout au long de son épopée, Jeanne sera assistée par ces " Voix ", qu'elle interrogera à la demande. Même depuis sa prison !
Rappelons-nous que le Tiers Ordre Franciscain, qui utilise ces " Voix ", est un mouvement international, et qui a des affidés partout sur le territoire " français ", même dans les provinces détenues par le roi d'Angleterre.
Rien n'empêche donc la prisonnière de demander conseil, lors de son procès, à son obédience, le Tiers Ordre, dont on sait qu'elle en a été faite " Grande Dame discrète " à 18 ans dans la région de Domremy.
A chaque fois qu'elle ne sait quoi répondre à ses interrogateurs, elle demande un délai pour interroger ses " voix ", précisant que la réponse ne sera pas immédiate ...
Ce qui nous conforte dans notre analyse ! car si ce sont réellement des " saintes " qui interviennent, elles peuvent bien évidemment communiquer immédiatement avec l'intéressée, par transmission de pensée, par télépathie.
Or dans le cas qui nous intéresse, c'est tout le contraire ! il faut que la demande soit transmise, soit par Jeanne elle-même de son lieu de " détention ", soit par un(e) correspondant(e) assistant aux audiences du procès... caché(e) derrière un rideau par exemple...
Ou peut-être à l'instigation même d'un juge, pourquoi pas ?
Ce qui naturellement implique des délais plus ou moins longs, en fonction des circonstances et des questions, pour obtenir la réponse adéquate.
Une explication médicale !
Une tentative d'explication plus rationnelle nous est donnée par le corps médical :
Jeanne d'Arc et ses voix : pathlogie psychiatrique ou phénomène contextuel, par Alexandre Baratta, Olivier Halleguen et Luisa Weiner. (Sur Cairn.info "Revue de l'information psychiatrique", 10/2009)
Lire en ligne.
Qui sont les " Voix " à cette époque ?
Nous ne sommes pas capables de mettre des noms sur ces personnages... Mais pensons que les voix ont été une multitude de personnes qui sont intervenues selon les circonstances ! il est d'ailleurs très réducteur de n'évoquer que Marguerite, Catherine et Michel puisque Jeanne elle-même cite nombre d'autres intervenants à ses " visions ".
Elle va même évoquer les conseils de saint Charlemagne, comme ceux de Saint Louis...
Les conseils de Charlemagne, ou ceux de Sigismond 1er ?
Les " voix " émanent-elles de hauts dignitaires franciscains, ou bien des membres d'une société fort discrète ( parce que partiellement détruite par Philippe le Bel un siècle auparavant, et interdite par l'Eglise ), ou plus certainement d' une combinaison des deux...
Ou peut-être même des affidés d'une entité plus ésotérique encore, dont les grands initiés Franciscains et les hauts dignitaires templiers font partie, et dont on sait aujourd'hui que le fameux René d'Anjou, l'initiateur ( pris ici dans tous les sens du terme ) de Jeanne, fut un des grands maîtres...
Une " société " qui aurait professé que Marie-Madeleine était l'épouse de Jésus, que le Saint Graal ( le sang Réal, ou Royal ) n'était que la descendance du Christ ! Celui-ci aurait engendré une dynastie, les Mérovingiens, qui depuis l'assassinat de Dagobert II à Stenay ( non loin de Domremy d'ailleurs ), s'était perpétuée en grand secret dans le sud-ouest de la France...
Une " confrérie " dont la fille de Jeanne et de René, Yolande, serait devenue la grande maîtresse à son tour, s'établissant après son mariage avec Ferri de Vaudémont, en une petite localité qui sera connue dans le monde entier sous le nom de... Sion.
Et pour boucler la boucle, rappelons qu'à quelques pas de la " Colline
Inspirée " chère à Maurice Barrès, se situe un petit village qui a gardé
encore de nos jours quelques souvenirs médiévaux, en particulier une
église où furent ensevelies Jeanne de Bauffremont et Agnès de Joinville,
les premières " voix " de Jeanne, et quelques années plus tard, Jeanne
elle même, la Dame des Armoises, Pucelle de France !
Lire l'article sur Pulligny.
Mais qui donc est l'Ange ?
Rappelons d'abord quelques faits !
Dans son procès, Jeanne évoque longuement la visite de celui qu'elle nomme l ‘ " Ange ", chargé ( par Dieu ) d'apporter au dauphin Charles un " Signe ", qui le conforterait dans sa confiance à Jeanne.
Ci-dessous, la narration de la visite de l'Ange, par Dom MEUNIER:
Dans un autre interrogatoire, pressée davantage,
elle fait ces aveux : "J'étais presque toujours en prières afin que
Dieu envoyât le signe du roi ; je me trouvais à mon logis, en la demeure
d'une très bonne femme, près du château de Chinon, quand l'Ange vint ;
et ensuite, lui et moi, nous allâmes ensemble par l'escalier à la
chambre du roi. Il entra le premier, moi ensuite. Il avait après lui une
bonne compagnie d'autres Anges que chacun ne voyait pas. Si ce n'eût été
par amour pour moi et pour me soustraire à la peine que me causaient les
gens qui m'attaquaient, je crois bien que plusieurs de ceux qui virent
l'Ange ne l'auraient pas vu. Quand il vint au roi, il lui fit une
révérence, en s'inclinant, et lui donna certitude, en lui apportant la
couronne, et en lui disant qu'il aurait le royaume de France dans son
intégrité, moyennant le secours de Dieu, et moyennant mon labeur ; il
lui dit de me mettre en besogne, c'est-à-dire de me donner des hommes
d'armes, car autrement il ne serait pas de sitôt couronné et sacré.
"En même temps il rappelait au roi la belle patience qu'il avait dans
ses grandes tribulations. Tous ceux qui étaient avec le roi ne virent
pas l'Ange, mais je crois que l'Archevêque de Reims, les sires d'Alençon
et de la Trémoille et Charles de Bourbon le virent. Quant à la couronne,
plusieurs gens d'église et autres la virent, qui ne virent pas l'Ange.
Celui-ci me quitta dans une petite chapelle ; je fus bien fâchée de son
départ ; même je pleurais : je serais volontiers allée avec lui. Il ne
me quitta pas en proie à la peur ou à l'effroi, mais j'étais bien fâchée
de son départ. Ce n'est pas par un effet de mon mérite que Dieu m'envoya
son Ange ; ce fut dans l'espérance que le roi croirait ce signe et qu'on
cesserait de m'attaquer pour porter, enfin, secours aux bonnes gens
d'Orléans ; ce fut aussi en faveur des mérites du roi et du bon duc
d'Orléans. Le roi crut que c'était un Ange, par l'enseignement des gens
d'église qui étaient là et par le signe.
Lors de son procès, Jeanne décrit avec force détails la visite de l'Ange au dauphin.
Résumons simplement :
L'Ange vient chercher Jeanne en son logis, puis se rend au palais avec elle ; il franchit des portes, monte des escaliers, rencontre des courtisans... et arrive sans encombre devant le dauphin... devant qui il s'incline !
Charles VII en son conseil.
A la lecture de cette narration, quelques constatations s'imposent :
- On a là affaire à quelqu'un de bien physique, qui passe prendre à domicile notre héroïne.
- Il commet les actes de tout un chacun, qui monte les escaliers, passe des portes...
- Il est connu, car il ne devait pas être aisé d'approcher le futur souverain, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité ; mais visiblement, la garde le laisse passer sans encombre !
- Il s'incline devant Charles, qui le reconnait bien évidement, ainsi que certains des courtisans présents.
- Et c'est l'enseignement des " gens d'église " qui va convaincre Charles VII qu'il s'agit bien d'un " Ange "!
Car évidement, le Roi qui n'est pas totalement crétin a bien reconnu là quelqu'un de son entourage immédiat, même s'il a revêtu quelque costume d'apparat ! si cela avait été un beau jeune homme muni d'ailes, il n'aurait certes pas eu besoin des explications des ecclésiastiques pour reconnaitre un messager divin...
Un ange médiéval.
Mais qui est-ce, dont il découvre soudainement la face cachée ?
Le développement qui suit n'est qu'une hypothèse, car comme dans toute l'histoire de Jeanne tout a été truqué dès le départ ! et c'est justement là ce qui nous fait pencher vers cette hypothèse !
Alors nous avons cherché le seul personnage d'envergure, et qui
justement n'apparait ( officiellement ) jamais tout au long de l'aventure
de Jeanne.
Quelqu'un que Jeanne connait, que Charles connait, que les
courtisans connaissent, que les gardes connaissent aussi !
Quelqu'un qui peut mener Charles au trône, et qui y a intérêt !
Et surtout quelqu'un qui possède le pouvoir matériel de l'aider dans
cette opération : l'argent nécessaire à lever une armée, et à
l'équiper...
Et le seul personnage est à nos yeux... Jacques Cœur !
Il habite Bourges ( on se souvient que Charles est nommé par dérision " le roi de Bourges" ), possède une fortune considérable, est un initié, et dans son palais figurent encore de nombreuses références révélant son appartenance templière.
Souvenons-nous également que l'origine première de cette fortune est quelque peu obscure ! alors pourquoi ne pas envisager une provenance templière à ces sommes colossales ?
Ce même Jacques Cœur va servir Charles VII pendant des années, fidèlement, généreusement, et lui permettre, grâce à l'argent qu'il tire également de ses compétences en matière d'économie ( mais n'était-ce point là aussi la source des revenus des Templiers ? ), de reconquérir et d'assainir le Royaume !
Et du jour au lendemain, ce personnage considérable de l'histoire de France, sera jeté au cachot, torturé, et condamné au terme d'un procès particulièrement inique.
Car, au cours de l'été 1451, le 31 juillet précisément, a lieu un épisode curieux : Charles VII va désavouer Jacques Cœur, après l'avoir quelques jours auparavant, conforté dans sa position !
Jacques Coeur lors de son jugement.
Celui-ci réussira quelques années plus tard, à l'aide de complicités au sein même de sa prison, à s'enfuir, sera protégé par René d'Anjou, et mettra alors ses talents au service du Pape.
Mais quel est le fait qui a conduit Charles VII a opérer ce revirement envers Jacques Cœur, précisément en ce mois de Juillet 1451 ?
Nous situons l'épisode de la mort de Jeanne, non point la mort " civile " sur le bûcher bien sûr, mais en fait son décès par assassinat, quelque temps avant juillet 1451. Attirée dans un guet-apens, elle a succombé sous les coups de ses assaillants, vraisemblablement près de Domremy, à Bermont, un écart du village de Greux !
Un de nos correspondants nous a transmis le détail d'une des fresques retrouvées en la Chapelle de Bermont, sur laquelle on peut s'apercevoir que notre héroine est représentée sur la litre, bandeau noir signifiant le deuil utilisé sur le lieu des obsèques...Il existait au Moyen-âge un "droit de litre" réservé aux nobles !
Wikipedia nous donne cette explication à propos de la "litre":
Cette ornementation de l’église était réalisée à l'occasion des funérailles d'une personnalité. Elle consistait en une bande d'étoffe de couleur noire ou une bande noire peinte sur les murs extérieurs ou intérieurs de l'église ou du bâtiment religieux où se déroulait la messe d'enterrement. Cette bande noire placée en hauteur s'agrémentait de représentations du défunt et le cas échéant de ses armoiries.
Et c'est dès qu'il a pris connaissance de la réussite de l'opération d'élimination de la Pucelle que Charles va donner l'ordre d'éliminer à son tour Jacques Cœur...
Comme il l'a précédemment fait pour... Gilles de Rais !
Quel terrible secret partageaient ces trois illustres personnages ?
Il existe de nombreuses hypothèses qui feront l'objet d'un prochain chapitre.
On peut trouver un début de réponse à cette question dans cet ouvrage. (suivre le lien)