La statue de Jeanne
La plus ancienne statue connue représentant Jeanne d'Arc était celle qui figurait sur le monument érigé en 1502 sur le pont des Tourelles à Orléans, qui fut financée par les deux frères Aignan et Estienne de Saint Mesmin, ainsi que par les échevins de la ville.
Jeanne est représentée tête nue, en armure, portant l'épée au côté, agenouillée et les mains jointes.
Ce monument ayant été détruit pendant les guerres de religion en 1562, fut entièrement restauré en 1570 par le fondeur Lescot d'Orléans. Il fut déplacé en 1771, pour être finalement détruit en 1792, dans le but de récupérer le bronze dont il était composé pour servir à la fabrication d'armement !
Or en 1560, deux descendants de la famille d'Arc, Claude et Etienne Hordal firent ériger en la cathédrale de Toul une copie de la Jeanne du pont des Tourelles, en pierre polychromée. Une fraise avait été ajoutée autour du cou de l'héroïne, comme en portaient les grands personnages de cette époque. ( C'est Catherine de Médicis qui en avait lancé la mode en France. La fraise disparut sous Louis XIII )
Cette statue disparut pendant la révolution, et celle qu'on peut toujours admirer en la cathédrale de Toul est une copie réalisée en 1890 par les établissements Pierson de Vaucouleurs.
Quant à Domremy, Etienne Hordal y avait fait ériger vers 1610 sur les ruines d'une très ancienne chapelle ( édifiée par les sires de Bourlémont ), un oratoire en mémoire de Jeanne, qui reçut donc une copie de la statue de Toul, réduite et quelque peu modifiée.
Rappelons ici que le Château de l'Isle, érigé sur les hauteurs de Domremy-Greux par les sires de Bourlémont, comportait une chapelle semi-circulaire, accolée au rempart ouest. Cette forteresse disparut aux alentours des années 1560-1580, mais l'on peut supposer que la chapelle castrale aurait pu être préservée de la démolition...
Ou bien peut-on envisager la construction de l'oratoire Hordal sur le site celte de l'arbre de Mai... Ce site n'est guère distant du Château de Isle, puisqu'il se trouve dans le Bois Chenu...
Cet édifice ayant par la suite à son tour été détruit ( soit par les Suédois, soit par manque d'entretien ) on retrouve alors la statue au-dessus de la porte de la maison des " d'Arc " :
" On voit encore à Domp-remi la maison de Jeanne d'Arc, sur laquelle sont ses armes et sa figure " (Dom Calmet, historien, Notice sur la Lorraine, avant 1757).
"La statue était en piètre état, le visage abimé, les mains et un des bras détruits, les jambes inégalement brisées".
La statue aurait été retrouvée sur la façade de la maison qu'occupait la famille dite " d'Arc ", ce qui ne présume en rien de la localisation réelle de la dite maison... Il est en effet évident que la " maison natale " n'a jamais pu être occupée par la famille de Jeanne au XVe, dans la mesure où elle a été construite aux alentours de 1823...
Cette statue fut entièrement restaurée, et se trouve actuellement dans la salle d'accueil du centre johannique de Domremy la Pucelle.
Une copie de l'original abîmé fut réalisée, qui orne aujourd'hui encore une niche gothique couronnant la porte de l' actuelle " maison natale " . Selon Prosper-Jollois ( ingénieur en chef du département des Vosges de 1819 à 1822 ), cette statue retrace les véritables traits de Jeanne, ayant été sculptée à une époque où on en avait encore le souvenir.
Des artistes locaux ont réalisé une copie de la statue de Jeanne, et lui ont restitué ses couleurs d'origine, en respectant la polychromie dont on retrouve quelques traces sur l'original.
Et pour soutenir les affirmations d'E. Bouteiller dans ses " Notices iconographiques sur Jeanne d' Arc ", qui décrit Jeanne portant des cheveux jaunes d'or, une recherche approfondie sur la statue appartenant au Conseil Départemental des Vosges laisse apparaître, sous l'oreille droite, l'assiette d'une coloration que l'on pourrait qualifier de rousse ( plus précisément un blond vénitien ! )
On peut noter toutefois qu'une autre statue de Jeanne a fait sa réapparition au Musée de Dieulouard ; iI s'agit d'une Jeanne orante, copie réalisée en plâtre aux alentours de 1910 à l'initiative du curé Clanché, et qui se trouvait jusqu'aux années 40 dans la crypte de l'église de Dieulouard, aux côtés d'un homme en armure et d'un prêtre, identifiés localement comme étant Jehan de Dieulouard et l'abbé Colin, originaire de Greux.
S'agissant d'une copie d'excellente facture, on peut s'étonner qu'elle reste, même aux yeux du spécialiste de la statuaire johannique, une énigme !
En effet, l'on ne trouve nulle part la trace de l'original ! qui a forcément dû exister, puisqu'on en a tiré une copie... L'original en semble néanmoins perdu, peut être parce qu'elle ne correspondait pas à l'histoire officielle, qui atteste du passage de Jeanne à St Nicolas de Port, alors que c'est vraisemblablement au prieuré dédié à saint Nicolas proche de Dieulouard qu'elle est allée faire ses dévotions.
Mais c'est vrai aussi qu'à cet endroit l'on célébrait le culte de Marie-Madeleine !
Un autre détail saute aux yeux : Jeanne porte l'armure ! ce qui contredit la version officielle également... Mais accrédite la thèse de la formation de la Pucelle à l'art militaire, qui est corroborée par le fait qu'elle ira à la suite de son passage à Dieulouard courir une lance à Nancy devant le Duc de Loraine.
On voit mal une gamine de 16 ans pratiquer sans aucun entrainement ni équipement un exercice de ce style.
D’ailleurs, demeurent toujours les interrogations quant à savoir où, quand et par qui Jeanne fut faite chevalier.
Mais revenons à la statue de Jeanne propriété du
Conseil Départemental des Vosges !
Comme la statue du Pont des Tourelles est
bien postérieure à la saga johannique, pourquoi ne pas envisager que son original
ait pu être sculpté lors du passage de Jeanne des Armoises à Orléans,
quelques années après sa " mort " sur le bûcher ?
la population de la ville souhaitait alors
remercier sa " libératrice ", et lui offrit moult présents...
Et rien de
l'histoire ne retient que Jeanne des Armoises avait les cheveux taillés à
l'écuelle !
Signalons à nos lecteurs qu'un passionné de Jeanne, Bernard Mugnier, a rédigé deux ouvrages fort complets à propos de la statuaire johannique. On peut se les procurer chez l'auteur. Cliquer pour visiter le site de B. Mugnier