l'anneau de Jehanne.
JC Le Brigand, Avril 2016
L'achat du Puy du Fou
Peut-être avez-vous entendu parler de ce petit objet, ce bijou qui ne pèse qu'à peine 5 grammes, mais qui a coûté la modique somme de 376.833 €uros !
Cet objet est un anneau du XVème siècle, en argent plaqué or, puisqu'il reste des traces jaunes dans les creux, sous le plateau de la bague. Ce serait donc un anneau de vermeil.
Le 26 février dernier, cet anneau qui était en vente à Londres, était présenté comme étant associé ou ayant appartenu à Jeanne d'Arc, et c'est la fondation du Puy du Fou qui s'en est porté acquéreur, grâce à son réseau de donateurs.
Nicolas de Villiers, lors de l'achat de l'anneau.
Le président du Puy du Fou, Nicolas de Villiers, s'est exprimé ainsi :
« Le Puy du Fou n'a pas vocation à devenir un musée, mais s'il peut concourir à protéger des symboles de la France éternelle, il le fera. On a jugé qu'il était de notre devoir de mettre fin à l'exil de ce symbole. »
Le 20 Mars dernier, l'anneau a fait son entrée solennelle au Puy du Fou. Mais, cet anneau a-t-il vraiment appartenu à Jeanne d'Arc ?
L'accueil au Puy du Fou
Et si oui, quel symbole représente-t-il vraiment ?
Et bien... ce mystérieux anneau, je vais tenter de le faire parler !
C'est là l'occasion pour moi d'ouvrir à nouveau mon important dossier consacré à la véritable histoire de Jehanne la Pucelle, plus connue sous le nom légendaire de Jeanne d'Arc. Je vous avais déjà présenté une série de trois émissions sur cette histoire très controversée.
Oui, controversée car il y a des vérités qui dérangent !
Tout d'abord, en voici un bref résumé :
Jehanne est née en novembre 1407, à l'hôtel Barbette à Paris, fille « illégitime » de la reine Isabeau et de son beau-frère Louis d'Orléans, frère du roi Charles VI qu'on disait fou. Cet enfant adultérin a été confié à une famille proche de la Cour d'Isabeau, mais vivant là-bas en Champagne, aux confins de la Lorraine alors allemande, la famille d'Arc, à Domrémy de Greux. Plus tard, en 1420, par le traité de Troyes, notre reine Isabeau, suite au mariage de sa fille Catherine avec le roi d'Angleterre, prévoit qu'à la mort de son époux, le roi fou Charles VI, la France et l'Angleterre, tout en conservant leur indépendance et leurs institutions propres, seraient gouvernées par un même souverain, c'est-à-dire, le roi d'Angleterre Henri V, beau-fils de notre reine, dame Isabeau.
La reine Yolande
C'est alors qu'entre en scène une autre Dame de grande influence, toute dévouée à la cause de la Royauté Française : Yolande d'Aragon, épouse de Louis II d'Anjou.
Oui, toute dévouée à la cause de la Royauté Française, puisqu'elle va marier sa propre fille, Marie d'Anjou, avec le dauphin Charles, qui va devenir le roi Charles VII en 1422. Ce dauphin Charles, n'est autre que le demi-frère, ou plus vraisemblablement le frère, de notre Jehanne. Yolande d'Anjou est aussi la cousine du véritable père de Jehanne la Pucelle : Louis d'Orléans, qui fut assassiné, quelques jours après la naissance de notre petite Jehanne. C'est aussi
la mère de René d'Anjou, qui fut, semble-t-il, très proche de Jehanne.
Et de tout cet enchevêtrement de lignées royales, de toute cette histoire familiale, Dame Yolande d'Anjou en tirera les ficelles...
Yolande et d'autres personnes de son entourage, d'Anjou et d'ailleurs, sont proches du « Tiers Ordre Franciscain ». Cette pieuse association a été fondée deux siècles plus tôt en Italie par St François d'Assise, à la demande de personnes laïques, hommes ou femmes, mariées ou non, voulant vivre à l'exemple des frères franciscains, mais sans entrer dans un ordre religieux.
Dame Yolande prône donc la pauvreté et souhaite régénérer la société chrétienne française, en établissant un système de royauté d'ordre divin, avec à sa tête, un roi qui serait au service de son peuple, une royauté qui nous vient des prêtres-rois de la nuit des temps, une royauté équilibrée entre le Temporel et le Spirituel !
Mais pour mettre en place ce noble programme, il faut d'abord chasser les Anglais de France ! Pour cela, il faut presque un miracle, susciter un héroïsme d'essence divine. Et tout doit se préparer dans l'ombre, loin de Paris...
Là-bas, à Domrémy de Greux, notre Jehanne présente toutes les qualités requises pour incarner cet héroïsme. N'a-t-elle point été élevée par une mère adoptive, sa mère de lait, Isabelle de Vouthon, femme de Jacques d'Arc, qui n'est autre qu'une descendante de la famille maternelle de François d'Assise, la famille de Bourlémont, propriétaire du château tout là-haut dans la forêt, où notre Jehanne a grandi ?
Et son éducation n'a-t-elle point été prise en charge indirectement par sa cousine, la tertiaire Dame Yolande d'Anjou ?
Et son extraordinaire prédisposition à chevaucher ne lui vient-elle pas de son père, feu Louis d'Orléans, qui fut le meilleur écuyer du royaume ?
Et ces voix qui deviendront divines dans la légende de la bergère, ne sont-elles point les voix de ces nobles personnes souvent vêtues de noir, qui l'ont initié et dont elle doit bien évidemment taire les noms ?
Puella Aurelianensis
Elle les dissimulera sous des noms de saints figurés sur les vitraux des églises ou des chapelles de son environnement.
La suite on la connaît... Ses premières chevauchées, Nancy, Vaucouleurs, Chinon où Jehanne, en vêtement noir des dames tertiaires, révèle sa mission et sa véritable identité à son frère Charles VII. Puis c'est Orléans qu'elle délivre des Anglais le 29 avril 1429, Orléans où, bien avant cette victoire elle était déjà connue sous le nom de « Aurélianensis Puella » la jeune fille d'Orléans, puisque... fille de Louis d'Orléans ! Quelques jours plus tard, devant quatre notaires royaux, en la crypte souterraine de l'abbaye de St Benoît sur Loire, elle fait de son frère Charles, par la Grâce Divine, le plus pauvre chevalier du royaume, avant qu'il soit sacré roi officiellement à Reims, le 17 juillet.
Puis elle est capturée à Compiègne le 23 mai 1430. De châteaux en cachot, elle est jugé à Rouen au printemps 1431. Condamnée à la « mort civile » on brûlera son effigie, car on ne brûle pas une princesse royale ! Et cinq ans après ce simulacre d'exécution, comme le permet la loi, elle réapparaît en Lorraine, du coté de
Metz, dans les temps de son mariage avec le chevalier Robert des Armoises.
Quelques temps plus tard, elle est encore au combat, chez nous, dans nos provinces de l'ouest, en compagnie de Gilles de Rais, maréchal de France. Mais un jour de 1452, on découvre son corps gisant, non loin de Domrémy, du coté du prieuré de Bermont. Ainsi disparaît cette grande Dame de France, qui tant dérangeait.
Il reste encore bien des mystères à élucider sur la vie de Jehanne, notamment son séjour à Bourges, au cœur de la France... à Bourges où elle fut éclairée par
« La Révélation » dans la lumière d'un matin d'hiver...
En fait, de son vivant, Jehanne n'était pas connue sous le nom de Jeanne d'Arc ! Ce n'est que bien plus tard, par « l'opération bergère » qu'on transformera la vérité historique, pour créer une héroïne nationale et religieuse, missionnée par le Bon Dieu ! Il fallait donc à tout prix, cacher sa naissance illégitime !
Et ce secret... son secret de famille, elle le gardait bien dissimulé... sur son anneau !
Jehanne a eu plusieurs bagues, mais cet anneau, c'est celui qu'elle portait à l'index gauche, comme le prouve l'usure du métal, l'usure provoquée par le frottement entre les doigts, entre l'index et le major.
Les détails de l'anneau.
L'analyse de l'anneau
Cet anneau est en fait une chevalière en argent plaqué or de la première moitié du XVème siècle. Son plateau est à deux faces inclinées et gravées d'attributs ou initiales, une face pour la personne qui a offert cette chevalière, l'autre face pour la personne qui l'a reçue.
On remarque aussi, que sur chaque plateau, en plus des lettres initiales il y a trois barres, ou trois bâtons, symboles de simplicité et de dépouillement.
Ces bâtons ne sont-ils point un signe de reconnaissance et de ralliement des tertiaires franciscains ?
Ce qui signifierait que les deux personnes faisaient partie de cet ordre.
Sur l'une des faces inclinées du plateau, en plus des trois bâtons, on voit un grand « S ». C'est un monogramme formé par deux « C » inversés.
Ce serait les lettres initiales d'une certaine Colette de Corbie, cette femme mystique et thaumaturge, vêtue de noir, qui voulait réformer la société dans l'esprit de l'enseignement de Saint François d'Assise, dans l'esprit du Tiers Ordre Franciscain, cet ordre mendiant très proche du petit peuple.
Entre eux, les tertiaires avaient souvent coutume de s'appeler saint ou sainte. Aussi, ce monogramme, ce grand S signifie donc Sainte Colette de Corbie, associé aussi au grand « S » du Sauveur. Il s'agirait donc de la chevalière qui, vraisemblablement du coté de la chapelle de Bermont, aurait été offerte par cette Colette de Corbie à Jehanne, lors de son initiation dans le Tiers Ordre Franciscain.
Sur l'autre face inclinée du plateau, en plus des trois bâtons du Tiers Ordre, on voit les lettres initiales gothiques « A » et « P ». N'oublions pas qu'en ce XVème siècle, on écrit encore en latin ! Ces deux lettres, révèlent la véritable
identité de Jehanne la Pucelle : « Aurelianensis Puella » ce qui signifie :
« Demoiselle d'Orléans ».
De chaque bout du plateau, sont gravés d'un coté le « M » de Marie et de l'autre, une croix. Il me semble que ces deux gravures sont plus tardives que les autres.
Au cours de son procès à Rouen, Jehanne la Pucelle déclarait que cette bague avait touché Ste Catherine, l'une de ses voix. Il s'agit sans doute de la statuette en bois de Sainte Catherine d'Alexandrie, toute empreinte de grâce et de douceur, conservée au château de Saumur, et ayant appartenu à Yolande d'Anjou.
Notre Jehanne et Dame Yolande éprouvaient la même dévotion à l'égard de cette sainte. Quant à la voix, il s'agit bien sûr de celle de dame Yolande.
Cet anneau, confisqué à Jehanne lors de sa capture à Compiègne, lorsqu'elle fut dépouillée de son armure et de ses vêtements, lui fut restitué lors de sa captivité à Rouen.
Là, on dit qu'elle en fit cadeau à Henri de Beaufort, cardinal de Winchester, qui fut très indulgent et très aimable à son égard. On dit aussi que ce dernier, plus tard, en fera cadeau à son tour, au jeune roi d'Angleterre qu'il a élevé : son neveu Henri VI. Mais Henri VI, c'est aussi le neveu de Jehanne !
Le Tiers-Ordre Franciscain
N'est-ce point ce même anneau que portait Jehanne la Pucelle, au château de Chinon, lors de son entrevue mystérieuse avec le dauphin Charles ? Ce même anneau qui révélait sa royale identité et sa véritable mission dans la mouvance Franciscaine... Rétablir une royauté de droit divin, au service du peuple !
Oui, cet anneau est tout un symbole ! Cet anneau se fait le porte-parole de François d'Assise : Ne rien posséder. Considérer la pauvreté comme un privilège. Mais à l'époque de Jehanne la Pucelle, ces pensées, cette ligne de vie, n'étaient pas en odeur de sainteté pour l’Église Catholique... une Église Catholique corrompue par la richesse de ses grands prélats ! L'appartenance au Tiers Ordre Franciscain, est alors considérée comme une hérésie, comme un crime contre l’Église ! Et l’Inquisition est là... Alors, il faut agir dans l'ombre... On sait que l'Inquisition respecte les filles vierges, alors on a tout fait pour entretenir le mythe de la virginité de Jehanne sous cette appellation de pucelle.
Après avoir entretenu la légende, l’Église et l’État ont fait de Jehanne, au XXème siècle, Sainte Jeanne d'Arc !
Mais pour l’Église, d'une fille adultérine, née dans le péché, on ne pouvait point en faire une sainte ! Et cacher les preuves, ça a un prix : pour la canonisation, en 1920, le gouvernement français a versé 30 millions de francs or au Vatican. Ce qui correspond, à notre époque, à 350 millions d'€uros !
C'est le prix du silence... le prix du secret de Jehanne la Pucelle !
Jehanne d'Orléans qui a dû s'effacer derrière Sainte Jeanne d'Arc, patronne d'une France Catholique Traditionnelle.
Déjà, Jehanne la pucelle, captive, avait été vendue par des Français
Bourguignons à leurs alliés Anglais pour 10.000 livres ! Ce qui correspond, à
peu près, de nos jours, à 1.400.000 €uros !
Aujourd'hui, c'est son anneau « symbole de pauvreté » qui est acheté aux
Anglais pour 376.833 €uros !
La légendaire Sainte Jeanne d'Arc, produit français de grande valeur marchande, religieuse et politique, doit faire se retourner dans sa tombe, Jehanne d'Orléans, l'humble princesse royale ! Pire même... elle s'apprête à renaître, à surgir de sa tombe... à sauter sur son cheval... pour se lancer dans une nouvelle guerre contre les Anglais...
Car les Anglais veulent à nouveau récupérer son anneau ! Ils sont fous ces Anglais !
Espérons qu'au Puy du Fou, sur cette ancienne colline aux hêtres sacrés, cet anneau, puisse être présenté sous son véritable symbolisme, afin de diffuser « le message universel » transmis par Jehanne, qui, de son index gauche, son doigt à l'anneau, nous indique encore aujourd'hui, plus que jamais... le bon chemin !
J-C le Brigand, le 23 avril 2016