Benoît XIII, la papauté cachée et Jeanne.
Martial Cadiou, novembre 2021
« Par les damnés, j’entends [...]les exclus. Mais par les exclus, j’entends aussi tous ceux qui, un jour, excluront à leur tour. Car l’état communément et absurdement nommé existence est un rythme d’enfers et de paradis. Car les damnés ne le resteront pas , car le salut précède la perdition, car nos maudits déguenillés seront un jour les anges mielleux qui, bien plus tard encore, repartiront à l’endroit même d’où ils étaient venus. »
Charles Fort
Dans un chapitre consacré au Grand Schisme d’Occident, Jean
Robin, Le royaume du Graal : Introduction au mystère de la
France Éd. G.Trédaniel, pp.499-520, nous laisse entendre que le
pape Benoît XIII aurait été le premier titulaire de la Papauté cachée
inaugurant ainsi l’« Église d’Avignon », pierre d’achoppement pour
l’Église de Rome.
Pedro De Luna naquit en 1328 (1) à Illueca, petite ville aragonaise
de la province de Saragosse. Issu d’une famille de la haute noblesse,
apparentée aux rois d’Aragon (2). Par sa mère, il descendait du roi
maure de Majorque, Saïd-ben-Alhaken, baptisé par le roi Jaime le
Conquistador. Le royaume d’Aragon exerçait alors sa puissance et
son influence sur le Roussillon, la « Grande Catalogne », les
Baléares, la Sicile, la Sardaigne et la Corse.
Benoît XIII était cardinal de Santa-Maria in Cosmedin. Sa famille
avait pris des armes parlantes : un croissant de lune dans son blason.
La célèbre prophétie des papes attribuée à saint Malachie (3),
publiée à Venise (un des sièges de la « contre-initiation » jusqu’en
1896 selon Jean Robin), due au bénédictin Arnold de Wion en 1595
lui attribuait la devise : « Luna Cosmedina », annonciatrice de
schisme au sein de l’Église ! Cependant, Arnold de Wion, ne
considère nullement Benoît XIII comme un antipape. Pas plus que
Félix V alias Amédée VIII ! (cf : Jacques Halbronn, Papes &
prophéties : décodages & influence Éd. Axiome, 2005)
Dans un ouvrage déterminant, Gérard Touzeau, Benoît XIII, le
trésor du pape catalan Éd. Mare Nostrum 2009, réhabilite cette
grande figure papale injustement bannie de la généalogie papale car
inventorié antipape dans l'Annuaire Pontifical (4). L’auteur nous livre
ici des informations capitales pour la compréhension du mystère de
Jeanne d’Arc.
Ainsi, p.9 : « Seuls le Comte d’Armagnac et quelques évêques de
Catalogne sont restés, jusqu’au bout, fidèles à Benoît XIII. Reclus
dans sa forteresse de Peniscola (…) Le château de Peniscola, entre
Barcelone et Valence, fut élevé par les Templiers et appartint ensuite
à l’ordre de Montesa (5). »
L’obédience du pape Benoît XIII se matérialisait dans le Midi aux
terres du Comte d’Armagnac, principalement le diocèse de Rodez et
l’archidiaconé de Rivière dans le diocèse de Tarbes.
Son légat en pays de Rouergue fut Jean Carrier, cardinal de SaintÉtienne-au-Mont-Caelius, lieutenant-général de Jean IV d'Armagnac.
Condamné par contumace en 1420 par les commissaires de Martin
V, il se réfugia dans les gorges du Viaur au château de Tourène,
surnommé "Péniscolette" en raison de l'analogie de topographie
avec celle de Peniscola. Le nonce de Martin V tentera en vain
pendant près de trois ans de le déloger. Le siège de Tourène se
terminera en décembre 1423 par la fuite de Jean Carrier à Peñiscola.
Benoît XIII ne choisira pas la forteresse de Peniscola par hasard.
L’ordre de Montesa, fut créé sur les décombres de l’ordre du Temple
car le roi d’Aragon, Jacques II le Juste, s’opposera aux décisions
pontificales de transfert de biens de l’ordre du Temple à l’ordre de
Malte. Jacques I er d'Aragon octroiera même à Jacques de Molay la
place forte de Peniscola, près de Valence.
Le roi Jacques II le Juste arrivera à persuader le pape Jean XXII de
regrouper ses biens en Aragon et à Valence et de créer un nouvel
ordre militaire qui ne différerait pas beaucoup de celui des Templiers,
et qui serait chargé de protéger la frontière contre les Maures et les
pirates. La nouvelle commande fut dédiée à la Vierge Marie et établie
à Montesa. Le pape Jean XXII l’endossera le 10 juin 1317 et lui
octroiera le statut de monastique.
Lors de sa retraite forcée, il sera entouré néanmoins de quelques
fidèles dont le frère de Vincent Ferrier, Boniface Ferrier, prieur
général des chartreux. Benoît XIII aimera à comparer le rocher de
Peniscola, où il vit abandonné et renié de tous, à l'arche de Noé qui
portait le salut de l'humanité. Pedro de Luna y établira sa résidence,
procédant à de nombreux aménagements pour transformer le
château en palais pontifical. Cependant, le château décline une
architecture au caractère roman pur et de style cistercien, austère et
martial. Par son état de conservation et sa typologie constructive, il
s'agit du plus important vestige architectonique de l'Ordre du Temple
dans tout l'occident.
Jacques Rolland, Le lourd secret des Templiers, p. 73
Éd.Trajectoire, 2015 émet l'hypothèse que l'ordre du Temple ait été
fondé prioritairement pour la péninsule ibérique, déjà reconquise,
même si créé dans le royaume de France.
Dès le début du XIIe siècle, les rois d'Aragon s'intéressèrent à l'ordre
du Temple, ou plutôt l'ordre du Temple s'intéressa à eux. Dans les
faits, la couronne d’Aragon dépendait politiquement des
Templiers.
Ce spécialiste de l'Ordre du Temple nous laisse entendre que les
Templiers auraient pu décider de faire du royaume d'Aragon, avec
ses deux ports d'importance : Barcelone et Valence, la maison
cheftaine, c'est à dire la résidence principale de l'Ordre comme
Jérusalem. Paris étant une place forte financière, et en aucun cas la
maison cheftaine.
Les préoccupations ésotériques, oraculaires et astrologiques furent
très vives et prononcées à la Cour d’Aragon.(cf : Martin Aurell,
Messianisme royal de la Couronne d’Aragon Ed.Annales,
Histoire, Sciences Sociales, Armand Collin, 1997)
J. Garcia Font, Histoire de l’alchimie en Espagne Éd. DervyLivres, 1980 rapporte qu’Eximenis ou Fransec Ximenez (1330-1409),
une des figures les plus extraordinaires de l’alchimie catalane du
XIVe siècle, fut le conseiller et le confesseur du père de Yolande.
Pendant le Grand Schisme de 1378, ce même Eximenis fut au
service du pape Benoît XIII, dont il reçut de nombreuses distinctions :
Patriarche de Jérusalem et évêque d’Elne. C’est à Perpignan – où
s’était réfugié Benoît XIII – que mourut notre personnage le
23/01/1409. Il fut enterré au couvent des franciscains de la ville.
Par ailleurs, les rois d’Aragon furent très favorables au millénarisme
réformateur du moine calabrais franciscain, Joachim de Flore (6) ; la
Catalogne abritant un nombre important de béguines et de
franciscains. (cf : Pou Y Marti, José : Visionarios, béguinos y
fraticelos catalanes (siglos XIII.XV), Vich, 1930)
Benoît XIII nous est connu pour sa très grande culture livresque et
une immense érudition (7) ainsi qu'une obstination frisant
l’irréductibilité (8). Il traînera partout sa volumineuse bibliothèque (9)
jusqu’à Peniscola. À sa mort, le cardinal Pierre de Foix s'appropriera
ce qui subsistait de manuscrits au moment de l’abdication de
Clément VIII.
Cependant, comme le reconnaît Gérard Touzeau au sujet du trésor
de Benoît XIII p.338 : « Enfin, plusieurs indices laissent penser que
des livres et des biens ayant appartenu à Benoît XIII ont franchi, peu
après 1430, l’actuelle frontière franco-espagnole. Une poignée de
survivants de l’ »Arche de Noé », parmi lesquels Antoine De Camps,
les auront entreposés dans quelque cachette oubliée de la région de
Perpignan. » Dans la région du Razès ?
L’influence catalane et aragonaise en Languedoc s’affirmera déjà au
XIe siècle, lors du mariage de Ramon Bérenger Ier (1026-1076) avec
Almodis de la Marche, dame de Lusignan (10) et l’acquisition des
comtés de Carcassonne et du Razès.
Benoît XIII put compter sur le soutien indéfectible d’un certain Comte
Ramon III de Périllos (11), seigneur et vicomte de Rodès en Aragon
et de Périllos en France, seigneur de Millas, de Céret et d'Argelès
sur mer (66), Chambrier du Roi Jean d'Aragon et de Majorque (ca
1325-1408..1419)
Le nom de Ramon de Périllos est quasiment inconnu des historiens
médiévistes français. Périllos était considéré comme le berceau
d’une famille qui a donné au Roi d’Aragon des conseillers très
influents. En 1391, le fief de Périllos est érigé en Vicomté, Ramon de
Périllos — vassal du Comte de Barcelone — devient Gouverneur du
Roussillon, de la Cerdagne, du Capcir et du Vallespir mais également
Maréchal d’Aragon et de Sicile.
C’est dans cette famille que quelques années plus tard, un autre
Ramon de Périllos accéda aux fonctions de Grand Maître des
Chevaliers de Malte (1697-1720) mais on avance que ce fut le seul
des grands Maîtres à ne pas être enterré à La Valette.
Au cœur de la lande aride des Corbières, se dresse le village déserté
d’Opoul-Périllos (12), l’un des lieux les plus énigmatiques des
Pyrénées-Orientales. Périllos appartint dans un temps reculé à la
puissante famille narbonnaise des Procula, dont une fille, Claudia,
native de Narbonne, devint l’épouse de Ponce Pilate. Celle ci fut la
protectrice du couple Jésus et Marie-Madeleine et favorisera l’arrivée
de Marie-Madeleine en Provence. Précisons que Claudia Procula est
vénérée dans les Églises orthodoxes et orientales pour avoir tenté
de sauver Jésus, mais pas dans l’Église de Rome !
Les Mérovingiens (13) - à la fois descendants de
Mérovée/Merouweg, et les premiers bénéficiaires de l’ "initiation
royale" - furent les gardiens attitrés du site mystérieux de
Périllos. On en déduira que les vraies origines de la royauté, sur
lesquelles le chartreux Polycarpe de la Rivière, l’auteur de
l’Histoire des évêques d’Avignon (1638)(14), membre de la
Société Angélique, se flattait d’avoir des lumières se situent dans la
« Sépulture Royale » où sont réunis les corps éthériques du Couple
Sauveur (Jésus-Marie-Madeleine).
Quand Benoît XIII rencontra quelques difficultés en Avignon, Ramon
III de Perellós deviendra son lieutenant pour aller à Paris et obtenir
pour le pape la protection des troupes du duc Louis d'Orléans, de
1398 à 1401. Celui-ci passera quelques années au service du
souverain pontife.
Chambellan du roi Juan Ier d’Aragon, il dut suite à la mort du roi dans
des circonstances mal élucidées prouver son innocence en
accomplissant un pèlerinage en 1397 en Irlande au « Puits de saintPatrick » associé chez l'écrivain fantastique Gustave Meyrink dans
son dernier roman, L’Ange à la fenêtre d’Occident, membre de la
Confrérie des Sages du Nord, à l’apparition d’Isaïs (15).
En 1397, Ramon et son escouade quittèrent Avignon ou il résidait
alors au service du pape Benoît XIII. Il indiquait vouloir s'assurer de
ses propres yeux que son ancien et bien aimé roi, Jean Ier d'Aragon,
était au purgatoire. Les autres raisons du voyage ne sont pas dites.
Ramon est allé, il a vu et il sait. De son voyage aux confins du monde,
de ses épreuves et de sa vision dans la grotte, Ramon, comme
d'autres avant lui, a fait un récit fabuleux. N'oublions pas qu'en ces
temps, merveilleux et véracité sont indissociables. Le manuscrit
original en langue catalane (du 14e siècle) est perdu ou caché. On
en possède une copie manuscrite en langue romane (occitano
catalan) datée de 1466.(cf : Voyage au Purgatoire de Saint-Patrice,
publié par Jeanroy et Vignaux, Toulouse 1903, [Bibliothèque
méridionale, Tome VIII])
Dès le XIIe siècle, courrait en Europe une légende d'outre-tombe
selon laquelle il existait en Irlande, sur une île du lac Derg, une grotte
appelée « Purgatoire de Saint Patrick » (16). Ramon de Perellós,
accompagné du chevalier Guillaume de Courcy fit le voyage en
Irlande où il fut aimablement reçu par le roi Nelan O'Neill. Doté d'un
sauf-conduit et d'une escadre de vingt hommes, il se rendit sur l'île,
à l'entrée de la grotte. Il fit son testament, assista à une messe pour
le salut de sa propre âme et adouba chevalier ses deux fils Thomas
et Pere. Ensuite, il entra dans la grotte avec Guillaume de Courcy. Il
en ressortira tout émerveillé racontant qu'il s'était rencontré lui-même.
Ce lieu d’initiation souterrain restera fort en honneur jusqu’à l’époque
de Christophe Colomb. Le Purgatoire de Saint Patrick sera bouché
sur ordre des autorités ecclésiastiques le 17 mars 1497, jour de la
fête de Saint Patrick, alarmées de voir se perpétuer des mystères
dont l’origine était bien antérieure au christianisme.
De cette légende apparemment anecdotique, l’on pourra constater
que le symbolisme du « Trou de Périllos » rattrape celui de la Lance
graalique et du Méridien de Paris ou méridien de Saint-Sulpice, figure
de l’Axe du Monde où l’on retrouve curieusement la Société
Angélique.
André Douzet, en bon connaisseur de l'affaire de Rennes-leChâteau, note le rapprochement entre l’aventure de Ramon Perillos
et la « chapelle périlleuse » dans le cycle du Graal. D’autre part, dans
La Croisade contre le Graal, Otto Rahn établira un rapprochement
tout aussi judicieux entre Parilla, le premier roi du Graal selon
Wolfram d’Eschenbach et Ramon de Perelha, le seigneur de
Montségur. Toujours selon Wolfram von Eschenbach, ce sont les
représentants de la Maison d’Anjou alliés aux Templiers, qui
détiendront le manuscrit original de Flégétanis.
Le mythe du Graal, mythe solaire et viril procède de la Tradition
primordiale d’origine polaire et hyperboréenne. Ce mythe est
symbolique et initiatique. L’une de ces versions, en fait la plus
magistrale, mais aussi la plus ambiguë car aristocratique fut le
Parzifal du poète allemand Wolfram Von Eschenbach (1180-1225)
(17). Ce mythe s’ordonne sur un parcours initiatique et alchimique
réservé à une élite de moines-guerriers, constitué d’« avancées »
spirituelles de « chutes » puis de nouvelles « avancées » pour
finalement parvenir à l’« Éveil » et à la « purification » (catharsis) par
le fracassement de l’« illusion » (la Maya indo-bouddhique) du héros.
L’élément principal de la quête de Parzifal n’est pas tellement de
découvrir le Graal, mais de panser le roi blessé pour que le royaume
retrouve sa fécondité et son équilibre.
L’Ordre du Temple est une référence constante dans Parzifal. Il induit
dans ses thèmes l’idée naturelle et traditionnelle d’une élite et de
groupe d’élus préposé à remplir une tâche spécifique, notamment à
maintenir une tradition secrète. Des éléments « hétérodoxes » fort
gnostiques composent cette quête, de ce fait le Parzival de Wolfram
est la plus païenne des versions.
Nous trouvons dans le récit de Wolfram deux figures essentielles du
monde de la Tradition. La première est Lohengrin, fils de Parzival et
de Condwiramur. Lohengrin, le Chevalier au Cygne, n’est autre que
le lorrain Garin … sous l’armure duquel chevaucha la Pucelle (18).
Jeanne fut la dernière incarnation virginale de Perceval (19). Sa
mission, comme celle de Du Guesclin (20) lui avait été désignée dès
son enfance. La seconde, la plus importante n’est autre que le
mythique Prêtre Jean.
La présence des Templiers dans le récit de Wolfram s’explique par
un idéal plus élevé que celui de la chevalerie séculière et mondaine
de la Table Ronde puisqu’ils étaient choisis parmi les plus purs de la
Table Ronde. La notion de pureté comme la notion de vengeance est
primordiale chez Wolfram. Cette notion de pureté dérange nos
contemporains perclus d’égalitarisme n’en comprenant plus la raison
et la nécessité. Le propre de l’Initiation étant la réalisation de Pierre
philosophale, le passage de la pierre brute (état profane) à la pierre
taillée (état d’Éveil ou initié).
Wolfram chante la Maison d’Anjou dans son récit. Wolfram appelle
Béalzenan la « capitale de l’Anjou » ce qui évoque irrésistiblement le
Baucéant (21) des Templiers que Jeanne arborait lors du sacre de
Charles VII à Reims.
La Maison d’Anjou fut définitivement concrétisée par l’affiliation de
Foulques V le Jeune, comte d’Anjou à l’Ordre du Temple. Nous
ajouterons qu’à l’époque ou Wolfram rédigeait son Parzival, le grand
maître du Temple (élu en 1201) était l’Angevin Philippe de Plessiez
qui se signalera par sa lutte contre les Maures d’Espagne. Le vocable
« Anjou » rappelle Gamuret l’Angevin, père de Parzifal dont la figure
héroïque évoque irrésistiblement Richard Cœur de Lion avec comme
symbole héraldique la panthère, symbole des plus primitifs des
Plantagenêts issus de la Maison d’Anjou (22).
La tradition du Graal nous entretient du concept de Gaste pays, du
« Pays désolé » à cause de la perte du Graal, de ce pays stérile qui
ne redeviendrait fertile qu’avec la guérison de la blessure du Roi
pêcheur, autrement dit Jésus. On considérait que cette blessure se
transmettait de génération en génération dans la lignée des rois
méhaignés (blessés): les desposynes jusqu’à l’arrivée du 515
dantesque. La blessure emblématique de la tradition du Graal
désignait en réalité la perte de la Tradition primordiale du fait de la
persécution et de l’éviction des héritiers spirituels par l’imposition
d’une souche royale pervertie (les Carolingiens) grâce à l’appui de
l’Église de Rome se donnant une succession apostolique aussi
imaginaire que frauduleuse. Pour cela il fallait disqualifier MarieMadeleine ! Ce qui fut réalisé en 591 par le pape Grégoire I er. Fusse
un stratagème de l’Église visant à ruiner la réputation de MarieMadeleine et, ce faisant, à détruire les derniers vestiges des
influences des cultes rendus à une déesse païenne et au Féminin
sacré aux premiers temps de l’Église ?
Revenons à Périllos.
Son frère Pons de Périllos, fut le chambellan et
le confident de Yolande de Bar, mère de Yolande d'Anjou-Aragon,
deus ex machina de l'odyssée johannique.
Colette de Corbie, Grande-Maîtresse de l'ordre des Clarisses, tiersordre franciscain lui sera très favorable et réciproquement. Celle ci
aurait selon Philippe de Forceville, historien "conformiste", préparé
les étapes de Jeanne entre Vaucouleurs et Chinon dans des maisons
franciscaines.
L' abbaye de Corbie, d'obédience colombanienne, entretenait des
liens avec l'abbaye de Saint-Victor de Marseille. Colette,
accompagnée par Henry de Baume, Blanche de Genève, sœur de
Clément VII et d’Isabeau de Rochechouart, baronne de Brissay, sera
reçu par le pape Benoît XIII à Cimiez petit village sur le territoire
actuel de Nice alors administré par la Maison de Savoie. Dès 1406,
Colette de Corbie était l’objet d’une véritable vénération de la part de
Benoît XIII au point que le pape catalan lui donnant audience se
levait de son trône en sa présence et se prosternait même à ses
pieds, selon ses hagiographes.
Cimiez, quartier de Nice est un haut-lieu de l’hagiographie des saints
Celse et Nazaire, patrons de l’église de Rennes-les-Bains et de la
cathédrale de Carcassonne.
Ces saints furent maltraités à Cimiez ou Nazaire baptisa et initia
Celse, grand pourfendeur de Chrétiens.
Colette de Corbie était surtout connue comme la « Grande Maîtresse
» de l’ordre des Clarisses – qui possédait près de Domrémy, à
Neufchâteau, un couvent –, la "section féminine" de l’ordre de Saint
François. Elle fut élevée au rang d’abbesse générale de tous les
monastères de clarisses par Benoît XIII.
Bien qu’elle eût établi son quartier général à Besançon, Colette de
Corbie, grande voyageuse, ne dédaignait pas sillonner le royaume,
ainsi que les terres d’Empire, ainsi la Lorraine, pour tenir des
"séminaires". Et, Jacques Guérillon, Mais qui es tu Jehanne
d’Arc ? Ed.La Pensée Universelle, 1972 d’écrire : « Cette même
Colette de Corbie, voyageuse infatigable, ne manquait jamais, à
chaque fois que ses pérégrinations la conduisaient dans les parages,
d’effectuer une halte à Domrémy et logeait à l’ermitage du BoisChenu où elle convoquait ses adeptes régionales du tiers ordre
franciscain qu’elle introduisait dans la règle et l’esprit de l’ordre.
Parmi ces adeptes Jeanne […] reçut, à 18 ans, le grade de "grande
dame discrète". »
Assiégé dans son palais d’Avignon, Benoît XIII fera face à
l’expédition militaire montée contre lui. Il réussira à tenir cinq ans de
la sorte, ravitaillé par les Avignonnais.
Dans la nuit du 11 au 12 mars 1403, Benoît XIII réussira à s’évader
du palais d’Avignon et à rejoindre par bateau, Barbentane où une
troupe de séides de Louis d’Orléans le conduisit à Châteaurenard,
sous la protection du roi de Sicile, comte de Provence, Louis II, époux
de Yolande d’Anjou !
Il séjournera à Tarascon, Sorgues, Carpentras. Marseille lui ouvrira
ses portes et il résidera par deux fois à l’abbaye fortifiée de SaintVictor.
Entre 1403 et 1407 Benoît XIII séjourna à l’abbaye de Saint-Victor
de Marseille. Benoît XIII s’y installa le 9 février 1404 et y restera
jusqu’au 3 décembre de la même année. Il quitta définitivement
Saint-Victor en 1407.
Cette abbaye recelait une importante bibliothèque médiévale (23) qui
contenait un nombre impressionnant de documents précieux sur les
origines du Templisme (hiérarchie occulte de l’ordre du Temple)(24).
Elle se volatilisera curieusement pendant la Révolution française.
Selon un érudit marseillais J.A.B Mortreuil, L'ancienne
bibliothèque de l'abbaye de Saint-Victor, (1854), une partie
importante de la bibliothèque fut donnée par le cardinal Julien de
Médicis, abbé de Saint-Victor entre 1570 et 1578 à sa parente
Catherine de Médicis (25). Il semble plus que probable que les livres
et manuscrits essentiels du Templisme ont disparu chez les moines
de Saint-Maur à laquelle appartenait Rabelais et Dom Pernéty.
(cf : Alfred Weysen, L’île des Veilleurs p. 260-261 Éd. R. Laffont)
Par contre, pour Augustin Fabre, Observations sur la dissertation
de M.Mortreuil sur l'ancienne bibliothèque de Saint-Victor, une
partie des livres de l'ancienne bibliothèque de Saint Victor fut confiée
à Richelieu par son frère aîné Alphonse-Louis (1582-1683),
chartreux (26) et abbé de Saint-Victor de Marseille de 1639 à 1653.
Tous les deux s'entendaient fort bien. Il semblerait que le frère de
Richelieu ait joué un rôle ésotérique de premier plan. En 1635, il se
rendit à Rome et y rencontra le mystérieux Nicolas Poussin, lui aussi
membre de la Société Angélique, auteur du tableau crypté « les
Bergers d’Arcadie ». A partir de là, la carrière de Poussin s’envola.
(cf : Arnaud de l’Estoile, Le véritable secret des rois de France
p.95 Éd. J’ai Lu)
Est-ce pour ces raisons que Gabriel Naudé (1600-1653)(27),
bibliothécaire et espion de Richelieu (28) et Mazarin (qui en savaient
long par leurs attaches avec l’abbaye Saint-Victor de Marseille), ira
jusqu’à penser que Jeanne n’avait été brûlée « qu’en effigie » ? : « Or
ce coup d’État ayant si heureusement réussi que chacun sait, et la
Pucelle n’ayant été brûlée qu’en effigie, (...) » (cf : L'estat et succès
des affaires de France – Paris 1570 – 1 – II – règne de Charles VI,
ad. ann. 1427- 1430 et Histoire générale des rois de France – Paris
1576 – 1 – XXI, règne de Charles VII. )
En 1366, le pape bénédictin Urbain V (Guillaume Grimoard 1310-
1370) réunira à la congrégation de Saint-Victor le monastère de
Saint-Honorat de Lérins. La situation de cette abbaye est
exceptionnelle à l'époque, elle est un des principaux foyers religieux
dans le midi de la France. Elle fut liée de façon organique avec les
comtes catalans de Provence. Plusieurs monastères d’obédience
victorine apparaîtront en Catalogne vers l’an mil. C’est sous le
pontificat de Boniface VIII (1294-1303) que les moines de SaintVictor furent remplacés par des Dominicains de la Maison d’Anjou.
Cette abbaye avait des dépendances à Saint-Flour, Mende, Rodez,
où se perpétua la lignée des papes de l’Église d’Avignon, Barcelone,
Nîmes, Albi, Toulouse, Narbonne, Agde, Tolède (29), un des
principaux centres de la vie monastique dans le Midi.
Plus tard, la Congrégation de Saint-Maur (30) reprendra Lérins.
N'oublions pas que Dom Pernety (31), célèbre ésotériste alchimisant,
membre de la Congrégation de Saint-Maur affranchira Daniel
Polluche (1689-1768) auteur de Problème historique sur la Pucelle
d’Orléans Orléans, 1749 in-8 sur la survie de Jeanne (32).
Polluche recevra le 31 décembre 1750 une lettre de Dom Pernéty
qui est une copie du Mercure de France de février 1725 et qui
reproduisait la lettre de Jérôme Vignier, l'oratorien. Le Père Jérôme
Vignier, ex-chartreux devenu janséniste de l’Oratoire, mort à Paris en
1661, aurait découvert le contrat de mariage en 1645 (aujourd’hui
disparu, comme le Livre de Poitiers !) dans les archives de la famille
des Armoises-Sermoise ; son frère Benjamin Vignier, gouverneur du
château de Richelieu (33) de 1662 à 1684, relata cette trouvaille
dans le Mercure Galant en novembre 1683 un extrait aux pages 39
à 60 de la Revue (lettre de à M. de Grammont).
A propos de La chronique de Metz publiée par dom Calmet dans
les Preuves de l’Histoire ecclésiastique et civile de la Lorraine
sur le mariage de Jeanne d’Arc, Benjamin Vignier écrivait :
« après la mort du P. Vignier, l’Original de cet ancien Manuscrit eut
la même destinée que tous ceux dont il est parlé dans l’éloge que le
P. Dachery (34) a fait de lui ; mais comme il pourroit faire découvrir
ceux qui se sont emparez des autres à mon préjudice, je ne
m’attends pas qu’on le mette en lumiere tant que je serai vivant »
(lettre du 2 novembre 1683 à M. de Grammont, publiée dans Mercure
de France, février 1725, p. 249).
L’original de ce contrat de mariage entre Jeanne et Robert des
Armoises se trouvait encore à Fresne-en-Woëvre avant 1914, chez
le notaire successeur de Maître Marty. Albert Bayet, professeur à
l’École des Hautes Études, affirmera l’avoir eu entre les mains en
1907. Ce contrat a été compulsé par des personnalités tels, le
président Édouard Herriot et le comte de Labessières.
Évidemment, Vignier comme Polycarpe de la Rivière sont considérés
comme faussaires par la maffia « orthodoxe ».
On retrouve l’initié Rabelais dans l’histoire de la bibliothèque
templiste provençale de Saint-Victor de Marseille. Un des écrits de
Rabelais se rapporte curieusement à la bibliothèque de l’abbaye
disparue étrangement et dont il donne une énumération humoristique.
Un autre homme d’État d'envergure lié à Saint-Victor est Mazarin,
disciple de Richelieu et donc au fait de certains des plus hauts
secrets d’État.
Mazarin fut abbé de Saint-Victor de 1653 à 1661. Toujours d’après
Jean Robin, (cf : Ibid- p.197) Mazarin fut un contre-initié notoire.
Celui-ci possédait toutes les versions du Songe de Poliphile dont
nous parlons dans notre article sur Béroalde de Verville car élevé
chez les Colonna. Le père de Mazarin était au service de Philippe
Colonna, grand connétable du royaume de Naples. Mazarin était féru
de belles lettres, fréquentant les grands et leurs œuvres. A
commencer par les descendants des Médicis dont certains font partie
de la cour royale de France. L’une de ses nièces, Marie Mancini,
amour de Louis XIV, épousera Laurent Colonna, prince de
Castiglione. (cf : Jacques Rolland, Versailles, le rêve maçonnique
d’un roi Ed.Trajectoire, 2014)
En 1973, Pierre de Sermoise découvrit à la Bibliothèque Mazarine
un curieux document. Il s’agit du manuscrit n°1999 (clin d’oeil au 666
apocalyptique !), pièce 1, transcrit par un des secrétaires de
Mazarin. En voici le passage : « Tout le fait de la Pucelle d’Orléans
n’estoit qu’une finesse politique, inventée par les Courtisans de
Charles VII, pour retirer ce Prince de ses amours avec Agnès Sorel ;
& dautant que cela se fit au nom de la Religion, & comme par miracle ,
tout le peuple de France y accourut comme au feu […]. Tout ce qui
se lit dans les historiens ordinaires de la Pucelle d’Orléans,
n’est qu’un Romant : en, quoy il n’y a pas plus d’apparence de
vérité qu’en tout ce qui se dit de la Papesse Jeanne » (cité par
Robert Ambelain, Drames & secrets de l’Histoire p.177
Ed.R.Laffont)
Benoït XIII se réfugiera à Perpignan, alors en terre aragonaise. Il tint
un concile en l’église de La Réal du 15 novembre 1408 à Perpignan
au 26 mars 1409 avec 13 sessions et 300 pères. La 14e session se
tint elle le 26 mars1409 au Palais des rois de Majorque. Ce concile
ne fut officiellement pas scellé, comme si une ultime session restait
à opérer.
On trouvera la présence des plus hauts dignitaires de l’ordre de
Malte (successeur de l’ordre du Temple) au concile de Perpignan.
Parmi les Français du Nord qui assisteront au concile, deux prélats
lorrains, l’évêque de Toul (Domrémy dépendait ecclésiastiquement
de l’évêché de Toul) et le procureur de l’évêque de Metz. (cf : Gérard
Touzeau - opus cité - p.75)
En déposant Benoît XIII, l’illégitime concile de Constance opérera
une mutation importante de la chrétienté latine. Ce concile ne fit
qu’accroître la confusion. Il était d’autant plus illégitime qu’il n’avait
strictement aucun titre à faire valoir pour déposer et nommer des
papes, puisque la théologie catholique enseigne expressément que
le Pape est supérieur aux conciles. Le concile de Constance se crut
même obliger de rédiger les « Quatre Articles » qui proclamaient la
supériorité du concile sur le Pape. Les docteurs en théologie proches
de l’Université favorables au conciliarisme se sentant «coupables»
envoyèrent une délégation à Benoît XIII à Perpignan et le
reconnurent publiquement comme vrai et unique pape de la
chrétienté, mais l’adjurèrent néanmoins de renoncer à la tiare pour
ramener l’unité ! C’était faire prévaloir les intérêts politiques sur les
décrets de l’Esprit-Saint et Benoît XIII ne pouvait évidemment
accepter cette proposition parfaitement hétérodoxe au regard de la
Tradition universelle de l’Église, et cela d’autant plus que l’assemblée
qui l’avait formulée n’avait même pas le caractère de concile
œcuménique, et que les votants n’avaient pour la plupart aucun
pouvoir délibératif régulier. Les « Quatre Articles » étaient donc à
tous égards frappés d’une absolue nullité.
L’Église s’est tirée du schisme en violant trois règles : l’autorité d’un
pape canoniquement élu est supérieure à celle d’un concile. La
démission d’un pape est canoniquement illégale, nul (pas même un
concile) ne peut juger un pape canoniquement élu. Ces trois règles
sont des fondements de la réforme grégorienne. Le fait que l’Église
elle-même ait du violer ces règles donnera naissance au
conciliarisme qui sera la terreur des papes au XVIIIe siècle.
En 1678, le Père Louis de Mainbourg, auteur du Histoire du Grand
Schisme d’occident, Paris 1678 & 1681 fustigera « ces écrivains
emportés qui traitent encore de schismatiques […] ceux qui étaient
dans une obédience qu’ils n’approuvent pas [ne sont] que de faibles
déclamateurs, qui osent décider de leur autorité particulière […] ce
que l’Église même n’a pas jugé qu’elle dût déterminer... »
Le Grand Schisme prit fin avec l’abdication de Clément VIII, l’ « élu
simoniaque » protégé du roi d’Espagne, et finalement abandonné
par ce dernier (35). Restait donc en lice, Martin V de Rome,
officiellement du moins, mais dans l’ombre, se survivait Benoît XIV
qui lui n’avait pas abdiqué. Mieux, Il avait nommé des cardinaux
secrets qui, à sa mort, donnèrent à l’Église un nouveau représentant.
Et ainsi en fut il jusqu’à nos jours, et en sera t’il jusqu’à la fin des
temps. Car le Christ-roi a dit de son Église, de sa véritable Église,
que les portes de l’Enfer ne prévaudraient pas contre elle.. Et si tout
laisse penser que Rome doit être détruite… c’est bien qu’Avignon
est toujours fidèle…
NOTES
(1) 1328 est un millésime remarquable : début de la dynastie des
Valois, de la Guerre de Cent-Ans, basculement dans le versant
ténébreux de Rennes-le-Château, transfert du Graal pyrénéen dans
le centre portugais islamo-chrétien de Sarras et naissance de Pedro
de Luna, premier titulaire de la papauté cachée.
(2) Certains des rois d’Aragon furent enterrés à l’abbaye de San Juan
de la Penà, où fut conservé durant des siècles le calice d’origine
orientale du Graal. Les premières mentions du calice, sous sa forme
actuelle, remontent à 1399, en pleine époque de Benoît XIII. Le
calice est aujourd’hui encore vénéré en la cathédrale de Valence
(Espagne).
(3) C’est en 1595 qu’un moine bénédictin originaire de Douai, Arnold
de Wion publia à Venise un livre intitulé Lignum Vitae (l’arbre de Vie)
consacré à tous les membres de son Ordre, parmi ceux-ci, il faisait
figurer saint-Malachie. Arnold de Wion donnait comme venant de
saint Malachie qui les aurait composées en 1139, 111 devises latines
suivies d’une formule évoquant le dernier pontificat, la destruction de
Rome et la Fin des Temps.
Dans l’ésotérisme, le chiffre 111 évoque le Pôle. René Guénon
évoque le 111 dans le chapitre XV, « Un hiéroglyphe du Pôle » p.111
(heureux hasard de l’impression ?) dans Symboles fondamentaux
de la Science sacrée Éd.Gallimard. Ce nombre est en rapport avec
la lettre hébraïque א et avec le tétramorphe dans la symbolique
chrétienne. Ce nombre représente l’unité exprimée dans les trois
mondes (hylique, psychique, spirituel), ce qui convient parfaitement
pour caractériser la fonction même du Pôle, du Centre suprême et
de la Tradition primordiale. La fin de la papauté romaine signifiant la
restauration de la Tradition primordiale.
(4) Pedro de Luna sera déposé publiquement au Concile de
Constance, le 26 juillet 1417.
« Pedro de Luna, appelé Benoît XIII, a été et est parjure, cause de
scandale pour l’Église universelle, fauteur et attiseur d’un schisme
invétéré, d’une séparation invétérée et d’une division de la sainte
Église de Dieu, obstacle à la paix et à l’union de cette même Église,
perturbateur schismatique, hérétique s’écartant de la foi, violeur
obstiné incorrigible, notoire et manifeste de l’article de foi (...) »
Cette disposition s’accompagnera de l’interdiction faite à tout fidèle
de continuer à lui obéir sous peine de poursuites. Bien malgré elle,
l’Aragon se rangera derrière cette décision. Le Grand Schisme sera
officiellement clos le 11 novembre 1417. Ce schisme aura duré 39
ans
(5) « Le siège de la puissance navale en Méditerranée de l’Ordre [du
Temple] fut Majorque. » (cf : Marylin Hopkins, Graham Simmans,
Tim Wallace-Murphy, Rex Deus p. 120 Éd.Du Rocher, 2000)
Confisqués ses biens échurent à l'Ordre de Malte sauf en Espagne
où ils iront à l’ Ordre de Montesa. A l’époque du pape Benoît XIII, la
Grand-Maîtrise était entre les mains de Romero de Corbera.
Consacré à la Vierge Marie, il était d’obédience cistercienne. Il était
étroitement lié à l'Ordre des Chevaliers de Calatrava.
(6) Fils d’un notaire calabrais, Joachim de Flore fut tour à tour page
à la cour de roi de Sicile, puis abbé cistercien, il prêcha la rigueur
monastique et fonda l’ordre de Saint-Jean-de-la-Fleur. Dante, le
grand initié de la Fede Santa, l’évoquera dans son Paradis « la
flamme de l’abbé calabrais Joachim en qui souffla l’esprit de
prophétie ». Il fut surnommé par ses contemporains « l’ange du
premier jour ». Il relancera le mouvement millénariste en
développant la théorie des trois âges spirituels.
(7) Comme le rapporte Le Religieux de Saint-Denis, « au dire des
gens de savoir, il surpassait en éloquence les plus fameux docteurs »
(Tome II, livre XVI, p.263)
(8) Ses adversaires ont recherché des témoins contre lui dans les
pays soumis au Concile, c'est-à-dire dans presque toute la chrétienté,
et personne n'a osé témoigner contre sa vie privée ou contre
l'honnêteté notoire avec laquelle il avait administré les biens de
l'Église. Ils ont tous reconnu tranquillement ses coutumes austères,
son mépris pour l'argent, sa haine du népotisme, car il n'avait jamais
favorisé ses neveux avec des cadeaux extraordinaires. La seule
accusation sérieuse contre lui : “son obstination à ne pas renoncer à
la papauté”.
(9) La bibliothèque de Benoît XIII est connue pour être l’une des plus
riches du XIVe siècle. Sa bibliothèque pontificale comptait plus de
deux mille volumes, selon l’inventaire effectué après sa mort. (cf :
Marie-Henriette Julien de Pommerol, MH & Monfrin, J., La
Bibliothèque pontificale à Avignon et à Peniscola pendant le
Grand Schisme d’Occident et sa dispersion : inventaires et
concordances, Rome-Paris, 1991)
Parmi les livres que Benoît XIII traînaient avec lui, citons le manuscrit
de Yves de Lessines, abbé de Cambron en Flandres. On sait par
Rudy Cambier, L’œuvre du Vieux Moine Tome 1, le dernier
chemin des Templiers Éd.Louise Courteau, 2010, professeur de
philologie et spécialiste linguistique de la période moyenâgeuse que
Benoît XIII était féru de livres d’alchimie et des Templiers et qu’il reçut
d’un des successeurs d’Yves de Lessines, l’abbé André de Bruxelles,
un livre sur le secret des Templiers. Cet ouvrage passa ensuite entre
les mains du cardinal-légat Pierre de Foix pour se retrouver auprès
du grand-père de Nostradamus qui le transmettra à son petit-fils
Michel de Nostre-Dame dit Nostradamus. Les Centuries de
Nostradamus sont truffées d’expressions du bas Moyen Âge et de
mots picards, ce qui est étonnant pour un livre censé être écrit par
un Provençal du 16e siècle. Ces anomalies seront le point de départ
des recherches de Rudy Cambier qui le mèneront à une conclusion
étonnante : Les Centuries de Nostradamus ne sont pas des
prophéties (on s’en doutait un peu !) mais l’histoire, sous forme
d’énigmes, de l’Ordre du Temple et de sa destruction par
Philippe le Bel, un vendredi noir de l’an 1307. »
Leur véritable auteur n’est pas Michel de Nostredame mais Yves de
Lessines, quinzième abbé de Cambron, l’ouvrage étant signé dans
un des quatrains… et surtout, le texte a été écrit dans les toutes
premières années du quatorzième siècle !
Ces célèbres quatrains dont le caractère sibyllin peut prêter à de
nombreuses interprétations, auraient été composés entre 1323 et
1328 par un moine cistercien du nom de Yves de Lessines, prieur
et quinzième abbé de l’abbaye de Cambron, entre Mons et Ath, à la
frontière belge donc, et révélerait l’emplacement d’un trésor templier.
Tout ceci montre le grand intérêt de Benoît XIII pour la cause des
Templiers et le lie probablement à la survivance occulte de celui-ci !
(https://youtu.be/b72MgfbB3yQ)
(10) La famille de Lusignan est indissociablement liée au mythe de
la fée Mélusine. C’est Jean d’Arras qui rédigea l’Histoire de Mélusine
à la demande du duc Jean de Berry pour sa soeur, Marie, duchesse
de Bar (1344-1404), épouse de Robert Ier duc de Bar et suzerain de
Stenay, capitale mérovingienne. Dans le mythe de Mélusine,
Raimondin de Lusignan, son mari, surprend le secret de Mélusine un
samedi, jour consacré à Saturne, dieu de l’Age d’Or. Pour cela, il
sera cloîtré à Montserrat en Aragon. Rabelais nous signale la
légende de Mélusine dans le Quart Livre : « Après boire, visitez
Lusignan, Parthenay, Vovant, Mervant et Pouzauges en Poitou. ».
Henri Dontenville, le célèbre folkloriste, dans sa France
mythologique faisait de Mélusine la parèdre de Gargantua.
Mélusine ou la femme-serpent est une hypostase de la Déesse-Mère
ou de la Shekinah hébraïque autrement dit de la kundalini. Que les
rois d’Aragon se voient associer à ce mythe serpentiforme ouvre bien
des perspectives ésotériques insoupçonnées des profanes.
Mélusine est le Soleil Noir de la régence cachée irradiant les
contours de l’épopée johannique.
(11) Ramon de Périllos épousa une Violentina de Luna. En l’état
actuel de nos recherches, nous ne pouvons dire si elle était liée à
Pedro de Luna.
(12) Le 19 novembre 1971, Périllos est rattachée à Opoul pour
former la commune d’Opoul-Périllos. Son matricule postal est
66600 ! Certains prétendent que le trésor de l’abbé Saunière de
Rennes-le-Château y serait caché. On peut suggérer qu’en
vérité le “trésor” de Béranger Saunière recèle un “savoir
volontairement obscurci par l’Eglise” lié à Marie Madeleine et
Jésus.
(13) Les Mérovingiens témoignaient d’une spiritualité voisine de
celle des Druides. Ils manifesteront une grande défiance envers
la papauté et favoriseront une Église Gallicane représentée par
l'épiscopat et plus encore par des abbés supérieurs des
abbayes. La dynastie mérovingienne par ses origines
mystérieuses, les légendes qui entourent les premiers rois
francs tels Pharamond, Clodion le Chevelu, Mérovée, Childéric
Ier et même Clovis, cette dynastie apparaît comme une
résurgence de ce vieux mythe du roi perdu, roi revenant qui
annonce le retour de l'Âge d'Or, celui de la Connaissance. En fait,
la grande trahison de l’Histoire de France et des historiens a été de
considérer les Mérovingiens comme des barbares, des païens, que
l’Église Catholique Romaine avait civilisé par la cérémonie du
baptême de Clovis faisant de cette manière la France « fille aînée de
l’Église ». Or, à cette époque, l’évêque de Rome, bien que l’un de
ses prédécesseurs se soit déclaré « pape », c’est-à-dire chef
suprême de l’Église catholique, ou universelle, ne représentait
finalement rien de plus que l’une des diverses formes du
christianisme. Cette église romaine n’avait pas plus de
puissance que l’Église celte ou irlandaise, pas plus que l’Église
gallicane, représentée par l’épiscopat du Regnum Francorum,
et n’était pas entouré de plus de considération qu’une
quelconque autre forme de christianisme, tel que l’arianisme
des Goths, niant la divinité du Christ. A ce titre, on est même en
droit de se poser la question de savoir si les Francs comme les
Saxons et la plupart des peuples germaniques ou scandinaves
n’étaient pas, eux aussi, « ariens » ! Ce serait donc pour une
question de politique visant à s’approprier le royaume Wisigoth
de Toulouse et son trésor conservé dans le Razès, que Clovis
se serait converti au catholicisme reconnu par l’épiscopat des
Gaules sans que pour autant l’évêque de Rome ait été partie
prenante dans cette affaire.
(14) Livre interdit par la sectaire Rome. Polycarpe de la Rivière
entretint une correspondance avec Honoré Bouche, historien
de la Provence et biographe de Marie-Madeleine, Nicolas Claude
Fabri de Pereisc, avocat de Galilée et ami de Tomaso
Campanella, le rosicrucien protégé par Richelieu, le Père
Joseph et Nicolas Poussin.
(15) Jean Robin, H.P.Lovecraft & le secret des adorateurs du
serpent Éd. Guy Trédaniel, 2017
(16) Une légende prétend que Saint-Patrick séjourna deux ans à
l’abbaye de Lérins auprès de Saint-Honorat (350-429) avant de partir
évangéliser l’Irlande avec Loup de Troyes, un ancien moine de
Lérins et beau-frère de Saint-Hilaire. Fils d’un diacre, saint Patrick
(385-461), celte, sera capturé par les pirates. Libéré, il séjourne au
monastère de Saint-Honorat, puis à Auxerre, où il sera ordonné
prêtre par saint-Germain d’Auxerre. En 431, il s’installera en GrandeBretagne avant de s’installer en Irlande dont il devint le saint-patron.
Son enseignement s’écarte de celui de Rome, et les influences
ariennes et nestoriennes sont nettement perceptibles dans ses
œuvres. En butte aux autorités ecclésiastiques il se consacrera à
l’Église celtique.
Les îles de Lérins furent de ce fait liés à la fondation du monachisme
breton. Tous les plus grands évangélisateurs de la Chrétienté
passeront par Lérins, notamment Saint-Augustin délégué par le
pape Célestin pour évangéliser l’Angleterre. Si c’est à Rennes-leChâteau que l’on célèbre avec le plus de ferveur le culte de sainte
Marie-Madeleine, il ne faut pas oublier la dévotion qui entoure sa
tombe, sise à Saint-Maximin, et gardée par les moines cassianites.
L’innovation monastique de Cassien et de ses continuateurs (saintBenoît de Nursie) fut de soustraire la vie monastique à l’autorité de
la hiérarchie ecclésiastique. Jean Cassien déclarait : « les moines
doivent à tout prix éviter les évêques ». C’est à Saint-Victor que
naîtra le culte de la Vierge.
(17) Fustigeant l’esprit élitiste qui préside à la quête du Graal,
notamment dans ses versions allemandes, Jean Markale, qui, s’il fut
un grand barde moderne, ne semble pas s’être débarrassé de
préjugés modernes et démocratiques, écrira dans Brocéliande &
l’énigme du Graal p.207 : “[…] le Parzival de Wolfram von
Eschenbach appartient à une lignée d’œuvres dans lesquelles se
manifeste un état d’esprit douteux et qui sont responsables d’avoir
alimenté les pulsions racistes d’une certaine humanité. Le concept
de race pure est certes une utopie, mais dans Parzival, il est haussé
au rang de dogme primordial : les Templiers, gardiens du Graal, sont
en droit d’écarter et d’éliminer tous ceux qui voudraient s’approcher
de la pierre merveilleuse sans que leur nom figurât sur la dite
pierre. »
« Wolfram von Eschenbach, en complétant l’histoire du Graal de
cette façon, avait connaissance de l’existence d’une “société
secrète”, quelle qu’elle fût, détentrice de secrets qu’elle gardait
jalousement et dont elle se servait pour dominer le monde sans que
ce monde pût en prendre conscience. Autrement dit, pour Wolfram,
la collectivité réunie autour du Graal avait un pouvoir occulte destiné
à dominer souterrainement l’humanité. » (cf : Les Dames du Graal
p.224 Éd. G.Watelet)
Cependant, René Guénon, dans une note infrapaginale de son
chapitre sur « Le Saint Graal » in Aperçus du l’ésotérisme
chrétien Éd. Traditionnelles, nous invite, à la suite d’Arthur
EdwardWaite, à reconsidérer la valeur et les enseignements des
versions allemandes de la légende du Graal. Alors, Guénon,
« Supérieur Inconnu » élitiste, partisan du concept de la race pure ?
(18) Le mythe de Lohengrin, vraisemblablement d’origine
hyperboréenne et nordique, a été localisé dans le Brabant et dans
les Ardennes, sur les domaines de la famille de Godefroy de Bouillon
considéré par le Prieuré de Sion comme son fondateur. En 1077, il
aurait conquis la cité royale mérovingienne de Stenay, à l’évêque de
Verdun. Il vendit alors ses biens, en 1096, Bouillon et Stenay pour
aller conquérir le Saint-Sépulcre de Jérusalem qu’il prit le 14/07/1099.
Il se vit offrir le trône du nouveau royaume par un conclave
rassemblant des Inconnus, mais dont les chefs comme les moines
d’Orval étaient d’origine calabraise.
(19) Comme le dit excellemment Robert Ambelain – opus cité –
p.140 : « […] tout se passe comme si on avait préparé de longue
date sa sortie de l’anonymat, et monté d’avance tout un scénario
destiné à galvaniser le pays en faveur de Charles VII. »
(20) Sur la face lumineuse de Bertrand Du Guesclin voir Jean Robin,
chapitre Perceval in Le Royaume du Graal : Introduction au
mystère de la France Ed.G.Trédaniel, 1992
(21) L’étendard de l’Ordre du Temple ou Baussant est formé de deux parties,
la noire et la blanche symbolisant les deux phases de l’alchimie dénommées
en latin nigredo et albedo. Or, la guématrie de ces termes - nigredo
(14+9+7+18+5+4+15)= 72 et albedo (1+12+2+5+4+15) = 39 – nous donne 111,
chiffre du Pôle dans l’ésotérisme de la Tradition polaire. Un groupe de
mathématiciens a relevé que la totalité des chapitres des quatre Évangiles était
de 89. En ajoutant les 22 chapitres de l’Apocalypse on obtient le chiffre du Pôle,
111 !
(22) Les Angevins historiques avaient la panthère comme héraldique.
Une panthère de sable (venant du sanscrit çabala, çavala, tacheté,
bariolé). Selon Robert Viel, La « panthère héraldique » et le
« Parzival » de Wolfram d’Eschenbach Ed.Archivum héraldicum
- La panthère constitue le sceau le plus ancien de la Commune de
Rouen comme on peut le voir sur le sceau de Douet d’Arcq 5717. La
panthère renvoie à Nemrod dont nous parlons longuement dans
notre ouvrage, Le Chemin d’Esaü (aperçus sur l’initiation
sacerdotale) Ed.Edilivre-Aparis, 2019. Henry II Plantagenêt avait
dit-on les cheveux roux et les cheveux de Richard Coeur de Lion
tenaient « le milieu entre le rouge et le jaune ». (cf : John Harvey,
Les Plantagenêts, p. 5 et 27 Plon, 1960). Les contemporains
attachaient beaucoup d’importance à ces indices physiques comme
témoins de réalités supérieures.
(23) Un chanoine de Saint-Victor, au XVIIIe siècle, Thomas le
Fournier (1675-1743) avait entretenu ses collègues de l’Académie
de Marseille du sort de la bibliothèque médiévale de son monastère.
Curieusement, sa conférence dissertation sur l’ancienne
bibliothèque de Saint-Victor est disparu.
(24) « C’est de celle ci que sortit la fameuse règle composée de 72
articles qui servit à la création de l’Ordre du Temple. « (cf : Alfred
Weysen, L’île des Veilleurs p. 130 Éd. R. Laffont)
Cette Règle
primitive composée en latin est conservée à la Bibliothèque
Nationale. Plusieurs aveux de Templiers plaident aussi en faveur
d’une Règle secrète de l’Ordre que Geoffroy de Gonneville,
précepteur pour l’Aquitaine et le Poitou, attribua à un certain
Roncelin de Fos (1205-1280).
Roncelin de Fos fut membre de la
mystérieuse confrérie de l’ordre des Rois Mages dont les seigneurs
de Baux étaient les dirigeants en Provence. Ce même Roncelin de
Fos fut de son vivant vassal des rois de Majorque, lesquels
relevaient des rois d’Aragon. On trouve dans Nostradamus la
description du cachet des seigneurs d’Hyères de la maison de Fos,
« race très noble et très puissante de Provence. »
Autour de la
famille de Baux, nous retrouvons Gervais de Tilbury, alias Kyot le
Provençal que l’on reconnait dans le Parzival de Wolfram Von
Eschenbach. Selon Jean Pierre Schmitt, « Les statuts secrets de
l’ordre des Templiers » sur le site Rosa Mystica, Roncelin de Fos
était favorable à une politique gibeline.anti-cléricale.
Le lecteur aura remarqué l'évocation du nombre symbolique de 72,
signature des véritables inspirateurs de cette Règle par les
Supérieurs Inconnus de l'Ordre. L’un de ces Supérieurs Inconnus
récents, Georges Israël Monti travailla durant la grande guerre à la
Bibliothèque Municipale d’Orléans, l’une des plus riches de France
dans le domaine maçonnique et occultiste. Élève des Jésuites à
Avignon, il fut secrétaire de Joséphin Péladan, lié à la Rose-Croix
de Toulouse à laquelle était affilié Bérenger Saunière, et mentor et
maître spirituel de Pierre Plantard de Saint-Clair, fondateur du
Prieuré de Sion dans sa mouture récente. « Le Prieuré de Sion doit
en effet beaucoup à Monti, et accessoirement, à la bibliothèque
municipale d’Orléans » (cf : Jean Robin, Le royaume du Graal
p.52 Éd.G.Trédaniel)
En 1924, avec Gaston Demangel, collaborateur du Voile d’Isis aux
côtés du Maître René Guénon, il fonda le « Groupe Occidental
d’Études Ésotériques » où il se faisait gloire de faire l’éloge du Rite
Égyptien : « rares savants dont la Fraternité plusieurs fois séculaire
et répandue sur tout le globe n’atteint pas un total de 80 individualités,
[= les 72] toutes occupées aujourd’hui aux travaux prodigieux d’une
Rénovation religieuse et à poser à travers les États d’Occident les
assises d’une paix durable ». Ce groupe comprenait une loge
féminine : la Loge Isis. Monti tint ces propos fort sybillins : « la
Femme fut le véritable Sauveur de la France en la personne de
Jeanne d’Arc et des trois cents tertiaires de l’Internationale
franciscaine. »(cf : Arnaud de l’Estoile, Ibid - p.298)
(25) Catherine de Médicis arborait un talisman ou gemme figurant
Abrasax/Abraxas. Le motif des « abrasax à tête de coq » se
retrouvera gravé sur le sceau du Grand Maître de l’Ordre du Temple.
Abrasax, Abracax ou Abraxas est une entité gnostique qui préside
au 365 jours de l'année (365 étant sa valeur arithmosophique).
Abrasax est un dieu polymorphe au corps d’homme à tête de coq et
dont les jambes sont des serpents, il est vêtu d’une armure et tient
un fouet et un bouclier.Quant aux deux serpents en forme de jambes,
ils représentent les deux aspects du dieu Seth, ainsI qu’en témoigne
le nom secret d’Abrasax : Abreaxaamem, c’est à dire, en watan ;
l’ancienne langue de l’Atlantide devenue celle de l’Agarttha, le
Centre spirituel caché : « Celui qui passe à travers Seth ». Le dieu
égyptien à tête d’âne étant considéré comme la dynamis d’Abrasax,
son hypostase « opérative ». Sa fonction se devait d’être secrète,
voire inavouable car elle avait pour fonction symbolique de concilier
l’élément divin et l’élément diabolique.
Abrasax contrôle secrètement les monothéismes abrahamiques
avant de les faire imploser selon la démarche sabbato-frankiste de
Jacob Frank.
(26) Les Chartreux s’efforceront de reprendre l’idéal d’érémitisme
des moines égyptiens des cassianites. Les Chartreux forment un
ordre religieux contemplatif des plus sévères. Leur goût de la solitude,
leur habitat, leur façon de concilier l’érémitisme et la vie
communautaire rappellent ceux des Thérapeutes chers à Philon
d’Alexandrie. Les armes de l'ordre représentent un globe surmonté
d'une croix entourant sept étoiles.
(27) Surnommé le « grand ramassier » de livres. Il réussira à créer
une bibliothèque de plus de 40 000 livres la plus importante d’Europe.
En 1642, il quittera Rome pour se mettre au service d’abord de
Richelieu puis Mazarin et de sa bibliothèque. Il est l’ auteur
d’Instruction à la France sur la vérité des Frères de la Rose-Croix,
Paris, 1623.
(28) Richelieu est un des hommes d’État des plus mystérieux et
ambiguë. Derrière Louis XIII, le cardinal joua toujours le rôle de
guide et de conseiller. Chacun savait fort bien que Louis XIII
abandonnait pratiquement au cardinal toute conduite des affaires du
royaume. Richelieu avait affirmé avec ironie que les gens seraient
bien étonnés s'ils pouvaient apprendre l'identité du véritable
"souverain" de la France. A ses côtés, François Le Clerc du
Tremblay, dit le Père Joseph, son éminence grise à la tête de sa
diplomatie secrète, représentant des Rose-Croix auprès du Cardinal.
Rares étaient les actes que prenaient Richelieu sans les soumettre
à l’acquiescement préalable du Père Joseph. Richelieu poursuivra
un triple but politique au service de la « contre-initiation » : briser les
Protestants en France, mater la noblesse frondeuse, et à l’extérieur
ruiner la Maison d’Autriche catholique et ultra-montaine en
s’appuyant sur les pays protestants étrangers.
(29) « C’est à Tolède, précisément, que nous situerons l’origine
géographique du culte de Marie-Madeleine.» (cf : Paulette Duval,
La pensée alchimique & le conte du Graal p.153...213 Éd. Honoré
Champion, 1979 ) Tolède - écho, comme Toulouse, de la Tula
primordiale désignant la « contrée suprême » - fut un centre
important pour les religions abrahamiques. Wolfram d’Eschenbach,
l'auteur le plus ésotérique des versions du Graal y situe d’ailleurs
l’origine de son Parsifal. C’est de Guillaume de Tolède que Wolfram
d’Eschenbach tenait l’histoire du Saint-Graal.
(30) Sous l’impulsion de Richelieu, qui menait une politique
nettement gallicane, la Congrégation de Saint-Maur connut une forte
expression dans le milieu du XVIIe siècle. Les Mauristes militaient
pour un pouvoir papal inexistant et rêvaient d’un retour aux origines
vers une Église primitive. La Réforme protestante ainsi que le
Jansénisme suscitèrent leur intérêt. La Franc-Maçonnerie attira de
nombreux moines mauristes dont Dom Pernéty. C’est l’aile gallicane
de la Congrégation qui incitèrent de nombreux mauristes à rejoindre
la Franc-Maçonnerie.
C’est avec un certain plaisir que le Saint-Siège prit acte de l’acte de
désagrégation de la Congrégation en 1790. C’est ainsi que la
Révolution accomplit le plus cher vœu de Rome sans que le Vatican
ne puisse être suspecté de quoi que ce soit. C’est ainsi, nous
semble-t’il, que l’émancipation d’une Église gallicane, à l’instar de
l’Église anglicane, fut avortée par une Révolution qui arriva à point
nommé pour sauver les intérêts de Rome.
(cf : Dom Yves Chaussy, Les Bénédictins de Saint-Maur 2 Tomes
Éd. Études augustiniennes, 1989)
(31) Dom Pernéty est né à Roanne le 23 février 1716. Il prononça
ses vœux le 29 juin 1732 à Clermont en l’abbaye Saint-Allire comme
bénédictin, où son oncle, l’abbé Jacques Pernéty, chanoine à Lyon,
l’avait fait admettre au sein de la Congrégation bénédictine de
Saint-Maur, puis à l’abbaye de Saint-Germain des Prés où il acquit
une très vaste érudition et découvert des documents précieux. Il fut
reçu dans « le Chapitre de Clermont » fondée en 1754 par
Christophe de Bonneville et situé au Collège de Clermont des
Jésuites. Il fréquenta la « Loge Saint-Jean » à Avignon fondée par
le Marquis de Vezenobre, lui-même initié par l’Écossais jacobite
Milord, comte de Balmerino, grand maître de toutes les loges
d’Angleterre.
Avignon, la ville des papes, fut au XVIIIe siècle l’un des principaux
foyers de la maçonnerie française. Ce fut aussi l’un des premiers,
puisqu’une loge y fut établie dès 1737. Bien que possession
pontificale, Avignon était une ville cosmopolite et la société
avignonnaise de caractère assez libre. La cité était accueillante aux
étrangers, qui y venaient en grand nombre en raison de sa position
et de son climat.
Il y avait parmi eux beaucoup d’Écossais partisans des Stuarts
chassés du trône d’Angleterre. Jacques III Stuart lui-même y avait
passé près d’un an, d’avril 1716 à février 1717. Son fils, le prétendant
Charles-Édouard, y séjourna également à plusieurs reprises.
De composition aristocratique, la loge compta parmi ses membres le
marquis de Labaume, futur comte de Luze, le chevalier de Mirabeau,
père du marquis de Mirabeau, le comte de Quinson, Ignace de
Guillen, le marquis de Merle de Beauchamp, l’abbé de Crillon, le
comte de Villeneuve, le marquis de Véry, le marquis de Malijac, toute
l’aristocratie avignonnaise. En 1783, il doit quitter la Prusse et
retourner à Valence en France chez son frère qui lui fit connaître le
Marquis Vernetti de Vaucroze ou Valcroz, propriétaire à Bédarride
d’un château. Ce dernier lui offrit une maison où Pernéty put
rassembler ses disciples de son « Rite Hermétique de Perfection »
ou Rite d’Avignon : le docteur de la Richaudière, le Comte de
Pasquini-Montresson, le marquis de Beaufort, le Baron de Corbéron,
ami de Cagliostro, la duchesse de Wurtemberg, amie de Lavater et
de Claude Louis de Saint-Martin, le Baron de Staël (ambassadeur
de Suède), le duc Charles de Sudermanie, le Comte de Divonne,
Silverhielm, l’abbé Philibert Guyton de Morveau.
Il s’inspira, dit-on, de Cagliostro pour mettre au point son « Rite
Hermétique de Perfection ». Son Rite d’Avignon connaîtra son
apogée de 1788 à 1792. Celui-ci eut une grande influence sur la
vie maçonnique du XVIIIe siècle, au point que le monde
maçonnique réclamât beaucoup les avis de Dom Pernéty. On lui
attribue l’usage du bonnet phrygien portés par les hordes
révolutionnaires.
De son escale à Montevidéo en Uruguay, aurait-il eu à connaître
la « Société de Celui Qui Doit Venir » créée en 1735 ?
(32) Né en 1689 à Orléans, Daniel Polluche est l’auteur de Problème
historique sur la Pucelle d’Orléans (1749). Membre de la Société
littéraire d’Orléans, il est un des tout premiers à évoquer la thèse de
la survie de Jeanne d’Arc. Il eut une influence sur le bénédictin Dom
Duplessis, bibliothécaire à la ville d’Orléans en 1723 qui lui passa
quelque temps à l’abbaye de Saint Germain des Près.
(33) L’auteur des contes de la Mère L’Oye, Charles Perrault,
membre à la fois de la Société Angélique et de la loge maçonnique
pionnière « Les Chevaliers Errants » (la guématrie de Perrault
[16+5+18+18+1+21+12+20] donne 111), tenait Jérôme Vignier en
haute estime : Les Hommes illustres qui ont paru en France
pendant ce Siècle : avec leurs Portraits au naturel, tome. II, Paris,
1700, p. 18. Il faut dire que Vignier était fort érudit puisqu’il est
l’auteur de : Généalogie des Seigneurs d’Alsace, Supplément aux
Œuvres de saint-Augustin, Concordance françoise des Évangiles et
surtout l’Histoire de l’Église gallicane.
Vignier était alors très lié à son confrère Philippe Emmanuel de
Gondi, marquis des Iles d’Or (Iles d’Hyères), le père du cardinal
de Retz, ancien général des galères entré à l’Oratoire après la
mort de sa femme, dont il partageait la résidence forcée au
château de Villepreux, près de Versailles. Emmanuel de Gondi fut
le protecteur de saint Vincent de Paul, membre de la Société
Angélique et de la Compagnie du Saint-Sacrement, extériorisation
de la «Sainte-Église» ou «Église d'Avignon» (cf : Jean Robin - ibidp.79)
La biographie de Vignier est assez obscure : ancien bailli de
Beaugency, protestant converti entré à l’Oratoire après un bref
passage chez les Chartreux, on le trouve dans le premier
Port-Royal parmi les ennemis de Saint-Cyran, au point que
la Mère Angélique le renvoya du monastère en 1636. Il
semble avoir eu alors peu de sympathies pour
l’augustinisme strict. Par quelle évolution le retrouve-t-on,
quinze ans plus tard, associé à des amis de Port-Royal et
de la doctrine de saint Augustin ? Outre Gondi, il était
encore lié avec Félix Vialart de Herse, évêque de Chalons
de 1632 à 1680, qualifié de « gallican entêté » par ses
adversaires. Son oncle, Charles Vialard, évêque d’Avranches,
fut l'historien du cardinal Richelieu. On lui doit une biographie
très documentée de ce dernier, Histoire du ministère d'Armand
Jean du Plessis, cardinal duc de Richelieu, sous le règne de
Louys le Juste, XIII e du nom, Roy de France et de Navarre
publié en 1650.
(34) Dom Luc d’Achery fut nommé bibliothécaire de l’abbaye de
Saint-Germain des Près par Dom Grégoire Tarisse, Supérieur
Général de la Congrégation de Saint-Maur. Dom Tarisse fut un
proche du duc de Joyeuse, seigneurs de Couiza que l’on retrouve
curieusement dans l’affaire de Rennes-le-Château. Les Joyeuse
furent une prestigieuse famille de Haute-Normandie et du
Languedoc.
La bibliothèque de Saint-Germain pouvait s’enorgueillir de fonds
provenant de l’abbaye de Corbie (400 manuscrits) et de celle de
Dartis (20 000 livres). François Rousseau dans son ouvrage
consacré à Dom Tarisse « promoteur de l’érudition
française bénédictine», paru en 1924 aux éditions Lethielleux
rapporte que Tarisse entretenait des liens avec Saint Vincent de Paul
et Richelieu qui le portait en haute estime.
(35) Le roi d'Aragon, qui ne tenait pas à se brouiller ainsi avec
Sigismond, insista si bien auprès de l'antipape que celui-ci se décida
à gagner Collioure où stationnaient ses galères. Ferdinand 1er
adressa une suprême mais respectueuse sommation à Pierre de
Luna, le 21 novembre. Celui-ci, loin d'obtempérer, se contenta de
proférer cette phrase en mettant le pied sur son embarcation prête à
lever l'ancre : «Dites à votre roi de ma part : Me qui te feci misisti in
desertum ! Moi qui t'ai fait ce que tu es, tu me jettes au désert ».
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