Essai de présentation du livre de Taxil-Fesch : le martyre de Jeanne.
Thévenin, juin 2020
Le livre de Léo Taxil et Paul Fesch :
« Le martyre de Jeanne d’Arc – Seule édition donnant la traduction fidèle et complète du procès de la Pucelle d’après les manuscrits authentiques de Pierre Cauchon »
– 1890 - est référencé sur la page Paul Fesch de Wikipedia, mais pas sur celle de Léo Taxil sur le même site...
Ce livre d’une importance capitale pour les chercheurs et traducteurs est consultable sur Gallica.
Taxil affirme que dans le procès de réhabilitation Quicherat « a supprimé arbitrairement des pages entières » et propose, lui, une traduction complète.
Dans l’avant-propos de son livre il donne également des comparaisons entre sa traduction et celle de Fabre.
Ce livre écrit par Taxil, en collaboration avec l’ecclésiastique Paul Fesch, journaliste à La Croix et fondateur de la revue Jeanne d'Arc, mérite une attention toute particulière de notre part par la qualité du travail effectué.
Il ne faut pas confondre le livre que nous présentons avec " Jeanne d'Arc martyre nationale, victime des prêtres, suivie de l'histoire d'un curieux procès de sorcellerie au XVe siècle ", par Pierre Soilot ( Publication : Nancy : imprimerie de L. Bertrand, 1913 ).
Il ne faut pas le confondre, non plus, avec le livre de Paul Fesch, écrit par Paul Fesch seul, " Jeanne d'Arc, vierge et martyre " ( publié à Paris : Tolra en 1894),
qui est évidemment référencé sur le site Wikipédia de Paul Fesch.
Nous avons un autre livre de Taxil repris sur notre site " Jeanne d’Arc – Victime des Prêtres – Etude historique avec révélations et documents – La trahison, le viol, le procès, le supplice " ( 1897 ).
Ce livre n’est pas référencé sur les sites Wikipédia, Gallica et BNF !
C’est le blackout complet sur cet ouvrage qui montre que le procès de Jeanne d’Arc est, dixit Taxil « le crime non seulement d’un évêque français, comme l’avoue Dupanloup, en restreignant ainsi les responsabilités, mais le crime du pape, des évêques, des clergés catholiques français et anglais, en un mot le crime de l’Eglise toute entière ».
Paul Fesch (1858-1910) a toujours été convaincu de la sincérité de la conversion de Taxil, qui, selon lui, aurait cédé moralement et psychologiquement après sa défaite dans la lutte électorale contre Edouard Drumont faute de solides antécédents chrétiens et philosophiques, étant un jeune converti ( P. Fesch, Souvenirs d'un abbé journaliste, 1898 ).
Paul Fesch
Fesch croit que dans les écrits de Taxil il y a de la vérité ( ce qui est l’opinion d'autres auteurs sérieux ) à croire et à inventer pour être rejetée.
En fait, après l'encyclique du genre Léon XIII Humanum de 1884, la franc-maçonnerie s'est déchaînée contre l'Église et les catholiques ont réagi fortement avec divers livres bien faits et documentés.
Au lieu de cela, d'autres auteurs ( comme Taxil et peut-être Margiotta ), ont naïvement tenté de présenter la réalité diabolique de la franc-maçonnerie de manière fictive, qui pourrait être lue même par des gens simples. C'est ce que Taxil a fait ( très probablement, l'affaire est toujours ouverte et contestée ).
Mais la secte en a profité pour discréditer toute la littérature antimaçonnique comme une invention fictive ou une " fiction " ou " fake " comme on dit aujourd'hui, c'est-à-dire la substance ou la réalité ainsi que la manière de la présenter et de la décrire.
Même l'Église avait compris que la documentation taxilienne était inexistante et au congrès anti-maçonnique de Trente de 1896 Gruber et Portalié ont critiqué la méthodologie de Taxil sans remettre en cause le caractère véritablement subversif et antichrétien de la franc-maçonnerie, qui allait jusqu'au luciférisme dans les loges arrières ( voir M. Colinon, Maçonnerie et Église, Rome, Paoline, 1956 ; M.-F James, Esotérisme, Occultisme, Franc-Maçonnerie et Christianisme aux XIXème et XXème siècles , Paris, NEL, 1981, pp.119, 247-252 ).
Pour tenir nos lecteurs justement informés nous reproduisons ci-dessous le courrier paru dans le numéro 751 de novembre 2019 de la revue Lecture Française – Revue de la politique française – 62ème année – mensuel :
Dans le numéro précédent de la revue nous trouvons un texte paru dans le Bulletin de l’Association des Amis de Jeanne d’Arc dans lequel est évoqué la « conversion » de Taxil au catholicisme après avoir pris connaissance de la traduction du manuscrit des minutes de l’interrogatoire de Jeanne, à Rouen.
Taxil brocardé dans "le Grelot"
Cependant, il aurait dû y avoir lieu à prévenir les lecteurs et les mettre en garde contre l’imposture de Taxil, qui, il faut le dire, a délibérément laissé planer le doute sur ce changement soudain de son attitude à l’égard de l’Eglise catholique, contre laquelle il avait précédemment proféré des propos insultants dans plusieurs ouvrages orduriers. A la suite de sa pseudo-conversion, il fut salué avec enthousiasme par l’ensemble des milieux catholiques les mieux avisés. Henry Coston (dans son dictionnaire de la politique française, tome II, page 243) l’a relaté : « Tout le monde, ou presque, y croyait chez les bien-pensants. Les autorités religieuses, toutes fières de cette conversion sensationnelle et fort satisfaites de compter un combattant si zélé, oubliaient les injures et les insultes que Taxil leur avait prodiguées. Le nonce apostolique l’honorait de son amitié et le pape Léon XIII, lui-même, envoyait des brefs de félicitations à celui qui l’avait traité d’empoisonneur. Les évêques, les curés, les communautés lisaient et faisaient lire ses ouvrages ; la presse catholique les recommandait ; les librairies religieuses les offraient au client entre un chapelet et une image de la Vierge ».
Taxil caricaturé en âne !
Vous constatez quel engouement a suscité un tel retournement de situation. Or, il ne s’agissait là que d’une imposture et d’une mystification : « le 19 avril 1897, au cours d’une conférence, il annonça que toute sa campagne antimaçonnique n’était qu’un énorme canular. Puis il disparut » (Coston).
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