L'Eglise
Les auteurs traditionalistes évoquent constamment Jeanne et sa grande piété.
Ce qui fait bien sûr que les croyants adhèrent à cette idée d'une héroïne bonne catholique, qui va donner sa vie pour sauver sa patrie...
Rappelons néanmoins à nos lecteurs qu'à cette période, ou bien l'on était pieux, ou bien l'on était mort... Il ne faisait pas bon manquer les nombreux offices obligatoires, ni faire preuve de liberté d'esprit...
Rappelons aussi que l'Eglise allait jusqu'à contrôler le nombre de rapports sexuels autorisés dans un couple.Et qu'à l'époque, le monde catholique comptait trois papes, qui s'étaient d'ailleurs mutuellement excommuniés... On peut légitimement s'interroger sur la cohérence d'une religion qui possède trois chefs distincts, donc trois courants majeurs...
Et d'autre part, ajoutons enfin que la notion de " patrie " n'apparut que bien plus tard en France...
Dans l'affaire qui nous concerne, on établit un parallèle entre Jésus et Jeanne, que d'ailleurs l'on nomme " Fille de Dieu " !
Et pour marquer encore plus cette idée, on va créer de toutes pièces le mythe de la bergère, pour rappeler celui du Christ qui est le bon pasteur !
Peu importe si Jeanne, lors de son procès à Rouen se défend bien d'avoir gardé les bêtes, les tenants de la vierge-bergère de Lorraine ne désarment pas.
Quant à sa religion, on a de quoi se poser quelques questions :
-
Pourquoi celle-ci, qui aurait habité à côté de l'église de Domremy, fréquentait-elle l'église de Greux ? quel était pour elle l'intérêt de parcourir ainsi plusieurs kilomètres pour aller prier ?
-
Quelle était sa motivation pour se rendre très souvent également à l'ermitage de Bermont ? un trajet de plusieurs kilomètres en pleine nature au Moyen-âge aurait représenté un risque énorme pour une "jouvencelle".
-
Pourquoi se rendait-elle si souvent sur le site de " l'arbre des fées ", ou plutôt " abre des fayes " ? C'est un endroit d'origine celtique, donc " païen ", situé dans les bois.
Le fait pour Jeanne d'habiter à côté de l'eglise ( " par devers le moustier " ) n'est bien sûr que la légende officielle ! Dans notre hypothèse, la maison où elle habite, et plus tard le château sont bien évidemment sur la rive gauche du ruisseau des Trois Fontaines, en terre champenoise, donc " Française "
A ces quelques légitimes interrogations, apportons nos réponses :
Jeanne n'était pas bergère !
Il faut savoir que les moutons coupant l'herbe très court, ils ont besoin de se déplacer tous les jours pour trouver de la nourriture. Or, il y très peu, voir ainsi dire, pas de prairies à Domremy. Les bords de Meuse étaient réservés à la culture du chanvre, les collines à celle de la vigne, et le plateau était occupés par des forêts, qui donnaient du bois, matériau fort prisé à cette époque. Il permettait d'une part de se chauffer, de construire, mais aussi de fabriquer des armes et des outils, ainsi qu'à travers l'élaboration de charbon de bois, de trouver un des composants de la poudre à canon. La garde des troupeaux, dans les secteurs où il y en avait, était assurée par des bergers professionnels, qui partaient souvent très loin avec leurs bêtes. Ils étaient armés pour se protéger des loups.
Imaginez alors une "fillette" partant de chez ses parents pour de longues semaines, dans une nature souvent hostile…
De plus, le secteur de Domremy n'a jamais été spécialisé dans l'élevage ovin...
Existait-il seulement une église à Domremy ?
Autre que la chapelle du Château de l'Isle, dédiée à Jean le Baptiste ?
Peut-être, mais pas à l'emplacement actuel, et vraisemblablement une simple chapelle...
On apprend d'ailleurs en visitant " l'église du baptême de Jeanne " que les fonts baptismaux proviennent d'une chapelle St Jean Baptiste, par une plaque de marbre apposée à l'aplomb de ceux-ci... Cette chapelle étant celle du Château de l'Isle. Possession des sires de Bourlémont, la forteresse abritait la famille Dailly dès l'année 1419...
De curieuses fondations, laissant apparaître à leur base des traces de calcination, sont visibles dans la cave d'une maison de la rue principale de Domremy, non loin de l'église actuelle, en fait juste en face...
Des fouilles récemment effectuées ont permis de retrouver à l'intérieur d'un quadrilatère de 3.30 m de côté des tuiles médiévales... Ce qui peut indiquer la chute d'une charpente, recouvrant vraisemblablement un clocher !
Rappelons à ce propos que le village fut incendié à plusieurs reprises, dont une dernière fois en 1428 concernant la période qui nous intéresse. Et qu'en cas de destruction d'un édifice, on ne reconstruisait jamais au même endroit, simplement pour des raisons techniques: il était plus facile de récupérer les pierres pour les mettre en œuvre à quelques dizaines de mètres que de reconstruire sur les décombres.
L'église actuelle est bien postérieure à 1450 !
Lors des travaux de rénovation de ce bâtiment, entrepris voilà quelques années, on a pu constater la profondeur des fondations de l'édifice, bien peu en accord avec les techniques de construction médiévales !
Pourquoi Bermont ?
La chapelle est placée sous le patronage de Saint Thiébaut (en savoir plus), ermite italien du XIe siècle ( on le nomme également Thébaut, ou même Théobald ). Ce saint est le patron d'un mouvement quelque peu méconnu aujourd'hui, la Charbonnerie. ( à ne point confondre avec le mouvement Carbonariste, bien plus récent ! )
Les Charbonniers étaient au bois, ce que les ( francs )-Maçons sont à la pierre ! ( en savoir plus )
Le culte de ce saint était comme d'habitude une récupération des croyances celtes par les fondateurs de l'Eglise, mais ce mouvement avait une réelle importance de la Champagne aux Ardennes. On prétend même que le roi François Ier fut un initié des Bons.'.Cousins.'.Charbonniers.
Alors Jeanne initiée, pourquoi pas ?
On voit sur cette lettrine du XVe un portrait de Jeanne affublée en paysanne, hormis les houseaux et les éperons, et également l'épée, et sur lequel l'artiste a fait figurer de part et d'autre de la Pucelle des amoncellements noirs, qui figurent vraisemblablement des tas de charbon de bois, le travail des Bons.'.Cousins.'.Charbonniers locaux. De plus, on peut suspecter sur cette image que l'on a délibérement ajouté un fer de hallebarde au bâton qu'arbore l'héroïne, vraisemblablement un "Marlin", signe distinctif des initiés de la Charbonnerie.
Ce qui expliquerait également les " promenades " en forêt sur les anciens lieux de culte celtes. Ce mouvement des " Bons .'. Cousins .'. Charbonniers " avait une envergure européenne, ne se limitant pas aux frontières " françaises " de l'époque, et représentait donc une force non négligeable, tant morale que financière. Autrefois, le pouvoir était bien évidement lié à la possession des armes ( c'est pourquoi les "vilains" ne devaient point en posséder ), mais il fallait auparavant fabriquer ces mêmes armes ! et c'est dans ce processus de fabrication qu'interviennent les Charbonniers, en fournissant le combustible nécessaire à la fusion du minerai de fer ! N'oublions point non plus que le charbon de bois intervient aussi dans la fabrication de la poudre noire dont, avec le soufre et le salpêtre, il est l'un des composants. La demande de ce produit augmentait alors avec le développement de l'usage de l'artillerie sur les champs de bataille. Et l'on sait que Jeanne maîtrisait l'usage de cette arme.
Une installation de Charbonniers.
On note également dans l'histoire de Jeanne à Domremy l'omniprésence d'un personnage mystérieux, Durand Laxart ( que l'on orthographie également Lassart, Lessart, voire Lassois)... Que Jeanne désigne du qualificatif de " Cousin " ! or ce personnage qui l'accompagne souvent dans ses périgrinations n'est bien sûr pas son cousin au sens généalogique du terme. Par contre, lorsqu'on se souvient que les charbonniers se donnaient entre eux du titre de " Cousin ", on peut envisager une toute autre approche !
Quelques recherches généalogiques nous apprennent également que " Lassart " aurait pour origine le métier d'essarteur, bien en rapport avec l'activité des Charbonniers, puisque consistant à tailler les bois et défricher les forêts.
Une hutte de charbonniers.
Jeanne pendant sa carrière militaire fait souvent usage, ou du moins référence à un baton, son " Martin " qu'elle utilise à tout va. Mais ce type d'objet fait-il partie de l'arsenal de guerre d'un chevalier ? non bien sûr ! mais par contre, cet objet est un attribut bien connu de la tradition " charbonnière ", ce gourdin prenant le nom de masse, maillet, marteau ou encore marlin !
Il est à noter que si l'on évoque " le martin " de Jeanne, c'est parce qu'on n'a pas réussi à " traduire " autrement depuis les textes anciens l'objet symbolique que Jeanne porte ostensiblement. On avait essayé de la faire jurer " par Saint Martin " également... La " traduction " réelle est donc " le marlin " de Jeanne, pige de bois longue d'une coudée, soit environ 66 cm, utilisée d'abord comme outil de mesure, puis devenu l'insigne de l'initiation des Bons .'. Cousins .'. Charbonniers.
Sur cette miniature représentant le sacre de Charles VII on aperçoit Jeanne, reconnaissable au bâton qu'elle tient à la main!
De plus, nous allons faire part ici d'une hypothèse inédite : On remarque sur le tympan qui surmonte la porte d'entrée de la " Maison Natale " officielle de Jeanne la présence de trois blasons. Les deux situés au centre et à droite sont facilement interprétables, et entièrement rénovés d'ailleurs. Mais celui de gauche, martelé de nos jours, interpelle... Nous y distinguons trois formes triangulaires pointes vers le bas... qui représentent à notre avis les trois " coins " symboles du mouvement charbonnier. On retrouve d'ailleurs ce même blason aux trois coins sur le tympan de la porte de l'habitation du fameux Durand Lassart...
Une photo ancienne du tympan de porte de la "Maison Natale", sur laquelle on aperçoit à gauche le blason aux trois coins
Le même tympan de nos jours!
La question peut se poser : pourquoi a-t-on martelé cet écusson, puisque la version officielle en fait le symbole des laboureurs ?
Rappelons néanmoins que le terme laboureur signifie au Moyen-âge simplement travailleur, et en aucun cas n'a le sens actuel de travailleur de la terre... Ce n'est qu'au 17e siècle que le sens moderne apparaîtra... On peut lire également sur le tympan de la " maison natale " la maxime " vive labeur ".Ce qui signifie que les laboureurs, simplement des gens de métier, n'avaient pas de blason particulier, et encore moins ces fameux socs de charrue que les traditionalistes évoquent d'habitude !
On sait par ailleurs que Jeanne effectua un
pèlerinage à St Nicolas, dont on n'a jamais pu établir avec certitude
s'il s'agissait de St Nicolas de Port, de Septfonts, ou de Rosières en
Haye ! et la dévotion à ce saint précisément s'explique par son
appartenance au mouvement Charbonnier.
D'ailleurs, le fidèle acolyte de
l'évêque de Myre n'est-il pas le " Père Fouettard " ( en Lorraine ), représenté sous les
traits d'un homme vêtu et barbouillé de noir : un charbonnier simplement !
Le père fouettard, compagnon de Saint Nicolas.
Lors du sacre du Roi, pourquoi veut-on lui interdire l'entrée de son étendard en la basilique de Reims ? Si l'étendard est comme les historiens le prétendent, décoré d'un christ du jugement dernier, entouré de deux anges, et portant l'inscription Jésus+Maria, on ne voit pas bien ce qui pourrait courroucer l'évêque de Reims !
Quel était donc le problème quant à cet étendard ? que représentait-il réellement ?
Il y a plusieurs éventualités :
Les Charbonniers avaient certainement un symbole, était-il sur le drapeau ?
On a parlé du Baucéant, symbole des chevaliers du Temple ; c'est une possibilité sachant que les templiers n'ont guère été inquiétés en Lorraine, et pas du tout en Ecosse, dont un régiment viendra combattre aux côtés de Jeanne…
On a envisagé d'y voir figurer le symbole du règne du Saint Esprit, énoncé par Joachim de Flore dans son " Evangile Eternel ", ouvrage détruit par l'Eglise en 1256.
Mais la solution n'est-elle pas ailleurs ?
Que signifie l'inscription + JESUS + MARIA + qui figurait sur l'étendard ?
L'inscription +Jésus+Maria+ signifie-t-elle Jésus et sa mère, ou bien Jésus et sa femme, Maria Magdalena, ce qui prend un tout autre sens ! on a vu dans le précédent article la bannière d'Orléans, la présence de Marie Madeleine sur un tableau aux côtés de Jeanne ( et de René ) ! D'ailleurs on connait l'anneau que possédait Jeanne, également gravé : +JESUS+MARIA+... !
Ne serait-ce point là l'évocation du mariage même de Jésus? Le rappel d'un anneau nuptial où figurent les noms des époux ! D'autant plus que " Madeleine " est une francisation du terme " Magdaléenne ", qui signifie seulement les origines géographiques de cette Marie. On a dans les deux cas le même schéma :
Jésus et Marie, le roi des juifs et la " Vierge noire ",
René et Jeanne, le roi de Jérusalem et la " Pucelle ".
Et dans les deux cas, la même réfutation, la même négation, la même union interdite… par l'Eglise. Notons d'ailleurs que c'est Léonard de Vinci qui a mis en scène les deux couples, Jésus et Marie dans la Cène, et René et Jeanne sur la bannière d'Orléans ! Et sur cette bannière, l'enfant de Marie-Madeleine passe l'anneau au doigt de René, en présence de Jeanne. Ne bénit-il pas là l'union de ces deux héros ?
Mais poursuivons au sujet de l'Eglise ; sait-on qu'à cette époque il y avait trois papes ? pour une Eglise Une et Indivisible, cela fait quand même trois courants fondamentaux.
Mais lequel est le bon ? lequel est le réel héritier de St Pierre, le vrai représentant de Dieu sur terre… On posera un jour la question à Jeanne .
La réponse interpelle !