L'arbre aux fées
Les historiens s'accordent à écrire qu'à
proximité du village de Domremy, se trouvait une forêt appelée le
" Bois Chenu " ; et que Jeanne s'y rendait souvent , pour
rejoindre le site du Beau Mai, ou arbre aux fées.
Occupation
somme toute bien innocente, mais qui souleva de nombreuses
interrogations lors du procès ! mais pourquoi une activité aussi puérile interpelait-elle les juges de Rouen ? que cachaient donc ces
promenades en forêt ?
La légende : Jeanne au Bois Chenu
D'abord, un problème se pose quant à l'interprétation du mot " chenu " :
certains l'ont compris dans le sens " planté de chênes ", d'autres dans le sens classique de chenu, " blanchi par la
vieillesse ". Il est difficile de trancher ici, dans la mesure où il
existe autant d'arguments pour l'une ou pour l'autre version. Mais
il est patent que ce secteur, très pentu, possède plutôt un sol acide,
pour preuve les nombreux pins qui y poussent. Les conifères
cohabitent-ils fréquemment avec les chênes ?
Nous posons la question aux spécialistes.
Ensuite nous apparaît une autre difficulté d'interprétation, concernant cet " arbre aux fées ". Pierre de Sermoise, dans son ouvrage " Les missions secrètes de Jeanne la Pucelle " évoque le vocable " abre " et non arbre," abre " appartenant à la tradition celtique, et cet enseignement confirme que, parmi les quatre cercles cosmogoniques représentant l'univers, abre (ou abred) définit le destin ou la connaissance.
Plus prosaïquement, "Abre" trouve son équivalent dans le mot latin apricus, qui signifie " ensoleillé, exposé à la lumière du soleil", et trouve également son équivalent dans l'ancien allemand " Aber ", termes qui en français donneront "abri". Dans la mesure où cette terrasse est "orientée", elle est exposée au soleil levant...
Le lecteur intéressé trouvera dans cet article de Jean Claude Berçu toutes les explications nécessaires sur l'orientation des édifices religieux. Lire l'article.
Quant au mot fée, dont il convient ici de n'en saisir que la phonétique, on le trouve dans la tradition celtique sous le vocable de " Faye ", pour preuve, le passage ci-après :
La fête des fayes
Noël restera à jamais la fête du solstice et dans la nuit la plus longue de l'année, alors que l'hiver, le froid, la neige et le gel ne doivent jamais devoir finir, dans cette nuit unique et terrifiante, nos ancêtres ont refusé de croire à la mort du Soleil. Ils portaient en leur cœur la certitude du printemps et de la vie, ils l'ont manifestée à travers des rites dont l'un encore en notre région : les fayes.
Les fayes prêtes à servir
Ce chant de Noël à la gloire du soleil n'a jamais cessé dans le petit village de Château-Chalon, et Marie-Thérèse Giboudeau comme André Lacroix ont toujours tourné leur faye. Au soir du 25 décembre — un peu avant 20 heures — un feu illumine le " grand-cour " qui domine la vallée... Pas de guichets... On entre directement dans la fête... Les curieux sont déjà là tandis que les villageois rejoignent en famille le grand belvédère, chacun portant sa faye. Ils sont tous là ou presque.
Sur ce promontoire qui domine la vallée de la Seille, où l'occupation humaine remonte à des millénaires, la célébration du soleil ne s'est jamais... éteinte. Même aux pires heures de l'Inquisition et des guerres où l'inculpation de sorcellerie ou d'espionnage pouvait s'avérer mortelle, il y eut toujours au moins un Castel-Châlonnais à tourner sa faye, à maintenir le rite, avec l'espoir au cœur que le soleil reviendra.
La faye n'est autre qu'une bûche de tilleul de 60 à 80 centimètres de long, fendillée à l'extrémité et taillée à l'autre bout de telle façon que l'on puisse bien la tenir en main. On l'allume au grand feu et seule compte l'énergie avec laquelle on la tourne à bout de bras ; c'est alors que, pendant quelques minutes, la vallée s'embrase d'une multitude de lucioles qui dansent, semblables à des abeilles.
Mais la plupart de ces amis d'un soir ont préparé la fête depuis plusieurs semaines déjà. Il a fallu couper quelques branches de tilleul, qui ne sont pas légion sur le territoire communal. Les plus anciens préparent la faye à la serpe et à la tarière, tandis que d'autres les réalisent à la scie ou encore au tour à bois ! le séchage s'effectue avec minutie au coin du feu ou, depuis plus longue date, dans le bûcher.
On se presse autour du brasier pour enflammer la bûche et c'est à qui illuminera le plus beau Soleil pour combattre cette nuit.
Les ronds de feu qui trouent la nuit!
Sur les coteaux voisins, les feux deviennent plus généreux et donnent naissance à des centaines de lucioles. Les habitants de chaque bourg, et même de certains hameaux, ont rejoint le point culminant du territoire, et, quelques minutes durant, la fête des Fayes bat son plein.
En fait, cette fêtes des fayes est à mettre en parallèle avec la tradition de la bûche de Noël. On célébrait autrefois le solstice d'hiver en allumant un très gros morceau de bois dans sa cheminée, et le voir brûler pendant plusieurs heures, en fait jusqu'au matin, était alors un gage de bonheur et de fertilité pour toute la maison. On avait taillé, préparé, séché et décoré cette pièce de bois longtemps à l'avance...
Il n'est plus question maintenant de pratiquer une telle coutume , qui a été remplacée par la traditionnelle pâtisserie, le gâteau roulé et décoré appelé la bûche de Noël.
On retrouve ici les coutumes celtes, reprises par les Bons.'.Cousins.'.Charbonniers de l'époque de Jeanne.
Rien n'est moins sûr !
Il semblerait plutôt que le site de construction de la basilique ait été dicté davantage par des considérations d'ordre technique, que dans un respect de traditions qui ne concernent guère l'Eglise. En effet, on a bâti la basilique à un endroit formant un point haut, avec assez d'espace devant pour y installer une esplanade assez vaste, ce qui n'était possible qu'à cet endroit, site culminant qui est vu d'assez loin !
Et plus prosaïquement permettait d'écouler les eaux usées vers un village capable de les accueillir
On a construit l'édifice dans l'axe de la route qui mène de Neufchâteau à Domremy.
En revanche, on trouve dans ce " Bois Chenu ", à proximité immédiate du village, les vestiges de curieuses constructions, dont la DRAC est bien en peine de fournir la moindre explication sur le pourquoi d'un tel ouvrage…
A mi-pente, dans le bois, se dresse une sorte d'appareillage, de type cyclopéen, constitué de gros blocs de pierre, et formant une sorte de double promontoire.
Ne serait-ce point là le véritable site de l'" arbre aux fées ", dont on sait qu'il a par la suite supporté la construction d'une chapelle, et ensuite l'édification de l'oratoire dédié à Jeanne par Hordal ?
Ce site se situant à quelques centaines de mètres du centre du village, il est bien évident qu'il devait être connu des villageois à l'époque de Jeanne ! de plus, à l'automne ou en hiver, lorsque les arbres sont dégarnis, il est visible depuis le village sans trop de difficultés. Il n'est par contre mentionné par aucun historien orthodoxe... Curieux !
Il est à noter que l'on trouve dans différents pays des constructions de ce type, dit cyclopéen ; en particulier dans le Latium, à Civita Vecchia, un écart d'Arpino, le village de Ciceron, et en Grèce, à Mycènes !
Remarquer dans les deux cas le type d'assemblage de grosses pierres sans liant.
On trouve ce même genre d'assemblage de pierres en France, au Mont Sainte Odile...
Le mur " païen " du Mont Sainte Odile, en Alsace !
Est-ce le caractère celte, et par là même " païen " de cet édifice, qui l'a fait oublier des bonnes consciences ? il est heureux toutefois que sa taille et la qualité de sa construction ont permis d'éviter sa destruction. Il mesure en effet plus de 40 mètres de long, pour une hauteur qui avoisine parfois les 4 mètres.
Détail troublant, les deux plateformes que constitue cet édifice sont orientées face à la vallée de la Meuse, mais surtout face au soleil levant, donc plein Est…
Serait-ce un lieu de culte solaire ?
Et que la petite Jeanne fréquentait ?
N'oublions pas d'ailleurs l'anecdote de la " mandragore " que l'on accuse Jeanne de posséder et d'utiliser les pouvoirs magiques... Plante qui à la connaissance de la Pucelle existait bien sur le site de l'Arbre aux Fées...
La mandragore, telle qu'on l'imaginait au Moyen-âge.